Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Entre vagues et falaises, comme née du paysage, une femme apparaît au bord de la mer, portée par un chagrin plus grand qu'elle. Le livre raconte sa prise d'élan vers une autre version d'elle-même, une évasion : Marie, mère et sainte, s'affranchit ici doucement mais sûrement de l'iconographie qui la fige. Et de la liturgie qui lui coupe la parole. Elle se découvre aussi, à la rencontre des autres, de ceux - proches ou lointains, présents ou futurs - qui ne laisseront pas de traces ailleurs que dans la mémoire des vivants.
Le roman comme un affût.
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Jeanne Benameur témoigne de la prise de liberté de la mère de Jésus grâce aux signes écrits, elle toujours assignée dans son rôle de Mater Dolorosa. De la figure de Marie, mère liturgique qui accompagne la chair de sa chair jusqu’à la mort, l’écrivaine la fait renaître, perceptible aux souffrances des autres et élément de transmission pour redonner paroles par l’écriture. Seulement, l’échange, affirme Jeanne Benameur, n’est jamais à sens unique, on apprend de l’autre comme il apprend de nous.
Le souffle poétique de Vivre tout bas témoigne de l’exil de la mère de Jésus et de sa renaissance après sa souffrance ultime. Jeanne Benameur décrit avec des mots choisis cette femme toujours représentée avec un front lisse et des cheveux attachés, les yeux à moitié fermés, contemplant un enfant qui ne lui appartient pas. Ici sa Marie est échevelée, son visage caché par ses cheveux libérés à l’image de son renouveau, cherchant le rire d’une enfant, elle qui a enfanté de si étrange façon d’un bébé qui ne savait pas rire !
C’est la rencontre avec une petite fille, mutique depuis un événement traumatique, qui redonne à cette femme le pouvoir de transmettre son savoir et sa connaissance. « (…) la souffrance n’empêche pas la joie de faire son chemin. Pas à pas. Elle peut grandir et grandir encore. La joie ne prendra jamais la place de la peine. C’est un espace nouveau qu’elle crée et on ne le comprend que si on ose. »
Jean, auquel Jésus a confié la protection de sa mère, s’émancipe lui aussi de l’emprise ressentie bienfaitrice pour devenir pêcheur d’hommes et écrivain suprême du livre universel.
La souffrance de Marie, d’avoir « porté l’inconnu à l’intérieur de sa vie« , la relie à l’enfant qui a perdu sa mère. L’écriture devient l’espace de création où les paroles retrouvent la profondeur et leur sens profond. L’écrivaine souligne l’importance de l’écriture pour elle-même, mais aussi pour chacun à travers la lecture.
Vivre tout bas porte les « obsessions » de Jeanne Benameur : l’exil pour renaître et la réparation par le langage. Il faut prendre le temps de lire à haute voix pour appréhender ce mouvement que forment les phrases avec ces répétitions, les rythmant. On y retrouve aussi la mer proche, l’apaisement du corps nageant, la méditation et le regard sur les oiseaux qui s’envolent pour signifier que l’on renaît différent après un deuil.
Le texte est plus méditatif que les précédents, plus métaphorique aussi, me semble-t-il. La langue de Jeanne Benamer est toujours aussi déliée, mais ciselée au scalpel de son travail de précision.
La Marie de Jeanne Bénameur, mère de tous les hommes, nous livre un message : » Que chacun protège celui qui est près de lui et plus loin encore ceux qui ont besoin d’aide. C’est comme ça que les humains peuvent vivre et continuer. Il n’y a pas d’autre route. »
Quel message d’espoir face aux incertitudes du présent !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2025/01/10/jeanne-benamer-vivre-tout-bas/
Que de calme, de douceur dans ce roman .
Une femme prénommée « Marie » arrive dans un village et chacun comprend que cette femme ne sera jamais un fardeau ou une menace , elle a souffert, a perdu un enfant , connaît leur langue. Elle est protégée de loin par un jeune homme « Jean » qui a vécu à l’ombre de son fils. Elle ne possède rien sinon 3 parchemins. Et elle lit et surtout va écrire.
Une petite fille du village s’accroche à elle , elle ne parle pas, sa mère est morte noyée et l’a sauvée en la tenant au dessus des flots.
Beaucoup de thèmes sont abordés, mais en douceur, « tout bas », le titre est bien choisi.
Marie est incarnée, c’est une femme, une vraie, et doucement on comprend de qui elle est la mère , sans appel à une religion, sans que SON nom ne soit jamais évoqué.
Les mots, l’écriture sont des trésors que J.Benameur veut transmettre à toutes les femmes.
Dés le début de cette lecture j’ai eu l’impression d’avoir 10cm de nuages sous mes sandales, une sorte de sérénité rarement éprouvée. Quelle belle lecture !
Ce roman est d'une telle sensibilité que j'en ai encore les larmes aux yeux. Bien-sûr, il y a la perte d'un fils et c'est violent, bien-sûr il y a l'histoire de cette femme - Marie - qui a porté en elle le destin d'une humanité. Mais au-delà de la tragédie, il y a l'amour et cette incomparable capacité à transmettre les mots à l'autre - la petite fille muette, quel symbole magnifique ! Et, il y a ce désir de vie qui porte vers l'autre, Jean ou l'inconnu qui sait ajouter une pierre plate au cairn parce qu'il veille et toucher de ses mains habiles le corps de la femme qui renaît.
Une écriture d'une sublime délicatesse.
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