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Trois destins de femmes qui se croisent entre le XVIIIe et le XXe siècle.
Trois femmes vivant dans la même rue partagent l'obsession du temps qui passe. Elles n'ont toutefois aucun moyen de se rencontrer car elles vivent à trois époques différentes.
Andreea Rasuceanu part à la recherche de l'âme de Bucarest avec ses paysages, son histoire, sa modernité, ses croyances et superstitions. Elle interroge le rapport à la mémoire, et surtout au passé, source de la seule intimité véritable entre les êtres.
Dialogue entre trois femmes hantées par l'absence d'un proche, convaincues qu'on peut forger son propre bonheur, Une forme de vie inconnue est un texte émouvant et délicat, qui happe le lecteur grâce à son pouvoir d'évocation, même au plus fort de l'Histoire, un texte sans frontières qui a redéfini la scène littéraire roumaine !
Prodigieux, la Roumanie empreinte de mémoire, tisse ici la langue qui octroie le sens le plus exact. La merveilleuse rencontre avec trois femmes, Stanca, Elena et Ioana.
Ce chef-d’œuvre est un classique dès sa première majuscule.
Un livre qui perdurera pour des millénaires. Ce genre de roman socle qui encense les bibliothèques du monde.
Une référence, un incontournable et intemporel roman.
Tout ici est à retenir. Ne serait-ce que déjà le bruit furtif des pages qui viennent à notre rencontre. Une connivence avec la maturité , l’empreinte d’une trame extraordinairement dépliée et belle à couper le souffle.
La traduction perfectionniste de Florica Courriol habite le récit. On ressent d’emblée une complicité. Un rythme au ralenti, efficace et qui donne au texte la plus magnifique des polyphonies. Des croisements, des cheminements et des fragments qui vont être de mimétisme, tant l’ambiance reste constante. C’est cela le réel d’une littérature. Une lucidité indépassable et fondamentale.
Prenez soin des arbres généalogiques en premières pages. Ils sont le plan, le début d’un intrinsèque. Une déambulation dans Budarest, la rue Mântuleasa en apogée, au plus fort de son Histoire.
Trois femmes qui ne se connaîtront jamais. Et pourtant elles vivent dans la même rue, mais les années séparent leurs habitus, leurs prises sur la Roumanie. Elles sont pourtant si gémellaires, en quête de l’âme de Bucapest. Entre la vie et la mort, le flottement des aiguilles sur cette ville qui palpite et fusionne avec les évènements.
La narratrice pénètre le seuil. Annonciatrice des turbulences, des émois, des perditions, des écueils et des attentes. Elle connaît Ioana. Conte, mais laisse son regard balayer les rais de ce lieu où elle-même a vécu. On ressent une appartenance, un mimétisme.
« Depuis la mort de Ioana, le monde s’est écroulé, il a fait gris toute une année. Je l’ai cherchée partout désespérément… Nous ne serons plus jamais toutes les deux au même endroit. Plus jamais toutes deux au même instant ».
Elle qui a vécu dans un appartement. Elle dont la gestuelle « n’était rien de ce qu’elle avait espéré ».
Stanca qui attend son mari et qui ne reviendra jamais. D’ombre et de lumière, l’inconnu comme la mort, trouble ses pensées. L’amertume comme la mélancolie, Bucarest pictural de gris et de noir. Digne et altière, apeurée et triste, Stanca est une rue désordonnée, fébrile et imprévisible.
« Stanca ne craignait pas la mort, en revanche les cimetières lui faisaient peur et notamment leurs croix de bois noirci envahies d’herbes voraces ».
Elena est enseignante en français. Petru son mari et leur fils Victor devenu mutique et sourd. Une marionnette endormie après un bombardement. L’asthme qui dévore cet enfant. « Elena comprenait les retraites hors du monde, ou du moins avait l’impression de les comprendre. Dans l’hébétude des insomnies et de la peur, tout le monde changeait de comportement. Dès les premiers sons de sirènes, les Bucarestois se précipitaient dans les caves ».
La guerre aux abois, Bucarest ensanglantée, une forme de vie imprévisible et risquée. L’inconnu fissure le miroir. Plus de traversée plausible.
Le roman est une toile de maître.
Ioana « comme une simple bougie au fond d’une maison plongée dans l’obscurité. Sa voix semblait venir de nulle part ».
la vie qui glisse et la mort qui rôde. L’idiosyncrasie d’une Roumanie en apothéose. L’écriture de renom comme une pomme que l’on croque à pleines dents, juteuse mais acidulée. L’amertume en puissance. Le flou de l’inconnu. La vie et la mort comme le rocher de Sisyphe. L’insurmontable lâcher prise. Ici, vous avez tout de ce pays, ses miracles comme ses retournements, ses sables chauds, ivres de poussières et les larmes salées prêtes à éclore.
Andreea Rãsuceanu peint la Roumanie. Rassemble l’épars et ne laisse rien au hasard. Elle dessine l’étoile filante de ce pays. On est en transmutation dans les dramatiques tableaux d’un pays ployé sous les affres. L’inconnu à l’instar de l’invisible et de l’impalpable. Une rue, l’âme et la force d’un pays. L’union d’elles-Ailes. « Une forme de vie inconnue » ne s’oubliera jamais. La Roumanie comme un écho qui sonne le glas du temps passé et que l’on peut étreindre encore à l’infini. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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