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Intrigue victorienne mettant en scène Lizzie Martin, ancienne dame de compagnie progressiste dans le Londres des années 1860, et son mari l'inspecteur Benjamin Ross Quand Thomas Tapley, un des voisins de Benjamin Ross, est retrouvé mort dans son salon, l'inspecteur de Scotland Yard se rue sur la scène de crime. Tapley est revenu récemment de l'étranger et peu de choses sont connues à son sujet. Quand son cousin, Jonathan Tapley, conseiller de la Reine, se présente, la vérité au sujet de son passé tragique remonte doucement à la surface. Benjamin et Lizzie découvrent que plus d'une personne pourrait tirer bénéfices de sa mort.
Un Flair Infaillible pour le Crime, A Particular Eye for Villainy dans la version originale parue en 2012, a été publié par les éditions 10/18 en 2015. Le style est net, précis, accessible : "Par une belle journée de printemps, Londres ne peut certes pas rivaliser avec la campagne, mais la ville fait de son mieux. Les arbres poussiéreux reverdissent. Un voile de fumée plane encore au-dessus des toits, plus léger cependant que la funeste couverture noire qui asphyxie les rues au plus fort de l'hiver. Maintenant que la neige fondue et les vents âpres ont disparu, les passants ne sont plus emmitouflés jusqu'aux yeux." (Page 9)
Construction: La construction originale du roman selon un chassé-croisé entre la version et l'interprétation des faits d'Elizabeth et celles de l'inspecteur Ben Ross amène la répétition de certaines scènes mais d'un point de vue différent, celui de la jeune femme complétant celui de l'inspecteur, et vice-versa. Procédé inhabituel qui permet au lecteur de combler certaines lacunes du récit, les deux narrateurs ne participant pas à toutes les scènes, avec pour inconvénient d'inévitables répétitions, écueil que l'auteur évitera de plus en plus dans les aventures suivantes.
Fil rouge: velléités d'enquête de Lizzie qui n'en fait qu'à sa tête, malgré la désapprobation de Ben et du superintendant Dunn.
L'intrigue:
Printemps 1868. M. Tapley est retrouvé battu à mort dans le salon du logement qu'il loue chez Mme Jameson, voisine des Ross. Pourquoi cette dernière, veuve dans une position financière relativement confortable, avait-elle loué deux pièces à un inconnu, sans aucune recommandation écrite ? Par nécessité ? Cela la rassurait-il d'avoir un homme sous son toit, elle qui vivait seule avec sa très jeune servante ?
L'homme ayant été visiblement assassiné en plein jour, comment était-il possible que sa logeuse n'ait rien entendu ? M. Tapley n'aurait-il pas eu le temps de crier ou la possibilité de se défendre ? Comment un étranger a-t-il pu pénétrer dans la maison sans se faire repérer ? Discret, M. Tapley entrait et sortait de la maison sans se faire remarquer ; ayant des habitudes bien réglées, il sortait tous les matins pour sa promenade de santé, prenait son petit-déjeuner dans un café et ne rentrait que pour le souper qu'il prenait avec sa logeuse. Où passait-il toutes ses journées ? A quoi employait-il son temps ?
Pourquoi tuer M. Tapley, un homme inoffensif et sans fortune ? Certainement pas pour le voler, car il avait encore sa montre dans sa poche. Lizzie est cependant intriguée par certains détails : ne disposant apparemment que de peu de moyens financiers, comment faisait-il pour payer son loyer rubis sur l'ongle et s'acheter des livres ? Recevait-il une pension, si modeste soit-elle ? Pourquoi la clef de M. Tapley restait introuvable ? L'assassin l'aurait-il emportée ? Autant de questions auxquelles Ben devra trouver des réponses et déterminer lequel des différents suspects est le criminel. Avec l'aide de sa femme, persuadée d'avoir aperçu quelqu'un suivre Thomas Tapley le jour du meurtre. Que cela lui plaise ou non !
Quel plaisir de retrouver Lizzie Martin et son mari Ben Ross dans cette quatrième enquête qui se déroule en 1868. Le contexte, reconstitué avec beaucoup de réalisme, nous transporte avec délice dans la capitale anglaise dont nous découvrons la vie quotidienne de l'époque: "Prendre une voiture de louage jusqu'à Camden aurait été trop onéreux, nous empruntâmes donc l'omnibus. C'est un moyen de transport bondé, lent et inconfortable. Les chevaux avançaient d'un pas lourd et régulier, ponctué par de fréquents arrêts et freiné par une circulation chaotique. La promiscuité des autres passagers était déplaisante et nous étions obligées d'être sur le qui-vive à cause des voleurs qui se faisaient une spécialité de dévaliser les passagers de l'omnibus..." (Page 161)
Le charme de la série repose en partie sur une atmosphère surannée, un peu à la manière des romans de Charles Dickens, mise en valeur par une écriture fluide et un certain talent pour brosser des portraits de personnages complexes et intéressants. La faculté de se renouveler fait que l'on ne s'ennuie pas une seconde dans ce roman qui déroule son intrigue avec beaucoup d'assurance et de finesse.
Dans ce quatrième opus de la série mettant en scène Benjamin Ross et son épouse Elizabeth, l'inspecteur est chargé d'enquêter sur le meurtre de Thomas Tapley, victime qui est cette fois connue du couple puisque résidant dans leur quartier. Lizzie l'a d'ailleurs croisé peu de temps avant son décès.
Donnant l'impression de vivre chichement en louant un simple deux pièces, il s'avère que le mort était un cousin de Benjamin Tapley, avocat de renom et conseiller de la Reine, et qu'il n'était peut-être pas aussi démuni qu'il en avait l'air.
Comme souvent, Ben Ross est sommé par son supérieur, le superintendant Dunn, de mener ses investigations avec des pincettes pour ne pas froisser la susceptibilité d'une personne de haut rang.
L'action se passe dans le Londres victorien, et même la police doit tenir compte de barrières sociales nettement définies.
Comme souvent également, et d'autant plus cette fois qu'elle connaissait et appréciait le pauvre homme décédé, Lizzie s'implique dans l'enquête au grand dam du superintendant qui n'aime pas que la jeune femme s'immisce dans le travail du service qu'il dirige, admettant toutefois qu'il aimerait parfois que certains de ses hommes aient la moitié de sa sagacité.
L'intrigue est assez linéaire, consistant à explorer le passé de la victime qui avait dû quitté l'Angleterre pour la France avant de revenir s'y faire assassiner, mais j'ai de nouveau pris plaisir à la lecture des aventures du couple Ross, dans ce Londres de la fin des années 1800 parfaitement évoqué par Ann Granger.
Un flair infaillible pour le crime c'est un roman policier qui se passe à l'époque victorienne. L'héroine Lizzy Martin est un personnage féminin fort et indépendant dans une société conservatrice. Son mari Ben Ross et elle sont des enquêteurs hors pairs capables de débusquer n'importe quel coupable.
Ce roman est agréable à lire et nous dresse un tableau particulièrement réaliste de la vie londonienne sous l'ère victorienne.
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