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Un soir, une jeune chienne, traînant une sale histoire avec sa chaîne brisée, surgit à la porte d'un vieux couple : Sophie, romancière, qui aime la nature et les marches en forêt et son compagnon Grieg, déjà sorti du monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la littérature.
D'où vient cette bête blessée ? Qu'a-t-elle vécu ? Est-on à sa poursuite ?
Son irruption va transformer la vieillesse du monde, celle d'un couple, celle d'une femme, en ode à la vie, nous montrant qu'un autre chemin est possible.
Un chien à ma table relie le féminin révolté et la nature saccagée : si notre époque inquiétante semble menacer notre avenir et celui des livres, les poètes des temps de détresse sauvent ce qu'il nous reste d'humanité.
Prix Femina 2022, roman clair obscure, une rencontre entre la nature sauvage et le monde animal, un désastre qui menace la planète, une foudroyante beauté, Yes la petite chienne qui arrive, apparaît comme une épiphanie, une oeuvre foutraque, bourré de fantaisie, une ode à la nature, à la vie et à la poésie.
"C'était devenu la folie, les éclairs de joie. Si bien que, presque sans bouger de ma place, sur mon île de 13 kilomètres de diamètre, mon corps au final était complètement bourré, bourré aux deux sens du terme, de tout ce que je côtoyais et que je viens d'énumérer. Si bien que je pourrais dire que je grouillais moi aussi, et de plus en plus, que je grouillais de nature à l'intérieur. N'étais plus une femme, seulement de la nature. La nature et moi, on ne faisait plus qu'un. Si on m'avait fait passer devant des rayons X, respirez fort, respirez fort, ne respirez plus, je ne sais pas ce qu'on y aurait vu.
On y aurait peut-être vu un être composite avec une truffe de chien, des cheveux de ronces, des yeux de mûres écrabouillées, des joues faites de lichens, une voix d'oiseau.- Et à l'intérieur ? - Oh ! A l'intérieur ! Une myriade d'existences. Une fourmilière d'existences en tous sens ! - Et au cœur de la fourmilière ? - Je crois que quelque chose écrivait. Ou s'écrivait. Comme on veut. On aurait pu entendre un très léger affairement intérieur avec griffonnements, ceux d'une mine de graphite sur du papier."
Claudie Hunzinger est venue très tard à l’écriture de romans et j’espère qu’elle continuera longtemps à nous émouvoir avec ses récits.
Dans ce roman, on retrouve son intérêt pour la nature et sa fragilité face à l’homme destructeur, thème de son précédent roman « Les grands cerfs ».
Claudie Hunzinger, qui vit dans un hameau des Vosges, est proche de la nature, elle connait la forêt et ses habitants et ses observations nourrissent son récit.
Son héroïne, qui lui ressemble, vit dans une ferme isolée, elle est écrivaine, ou encore écri-vaine comme le dit son compagnon Grieg un vieil anar qui vit plutôt la nuit, retiré dans sa chambre emplie de livres.
« Grieg pouvait avoir autant de rides qu’il voulait, il resterait à jamais à mes yeux un vieux gamin intraitable, adoré, réfractaire à tout pouvoir, à toute bataille, à tout engagement, qui me disait : Ne jamais se laisser prendre par une idée, par un courant, par un groupe, par une vague. Aussitôt se cavaler. Toujours se cavaler ! Personne au cul ! »
Dans leur maison loin de tout, ils vieillissent doucement, en marge de tout. Tandis que Grieg refuse tout contact avec la société de consommation, Sophie s’occupe des réserves de nourriture qu’elle entasse pour descendre le moins souvent possible dans la vallée. Ce monde agité, qui consomme à tout va, et court à sa perte, ce monde-là, ils n’en veulent plus. Et puis, ils sentent comme une fin du monde proche.
« Quelque chose semblait s’être mis en route avec cet étrange automne, avec le vent, sous nos yeux. Un mouvement, comme si nous étions tous chassés. Comme si on nous chassait. »
Sophie préfère marcher dans la nature et écrire, pour elle c’est vital.
« Evidemment que j’allais arriver à encore écrire avec la forêt et ses cinq sens et les essences de ses arbres, sinon, moi, je pouvais tout de suite aller mourir. »
Un évènement va surgir dans leur vie et en changer le cours : l’apparition d’une petite chienne en fuite car maltraitée. Avec sa fougue et son espièglerie, la petite chienne va bousculer leur quotidien et réchauffer leur vieillesse. Entre Sophie et la chienne nait peu à peu une véritable histoire d’amour et de fidélité.
L’écriture, poétique, est d’une grande sensibilité quand il s’agit de décrire les arbres, les plantes et les animaux. Les saisons s’écoulent et Claudie Hunzinger nous raconte la pluie, la neige et la lumière dans les feuillages. Elle nous parle de la mort avec douceur lorsque l’ânesse meurt de vieillesse, une nuit d’hiver. Si le texte peut sembler un peu décousu, parfois, il a un charme étrange, et nous fait entrer de plain-pied dans cette vieillesse annoncée qui rapproche inéluctablement de la mort. Rien de larmoyant, simplement un questionnement sur ce monde où l’humanité perd pied. Et tout cela conté dans une langue somptueuse qui transmet l’émotion et nous fait frissonner.
Immensité!
Une belle oeuvre littéraire qui m'a emportée vers la nature, la forêt, les animaux, les oiseaux, vivre en marge de la société, du monde, guidée par la vie
La présence d'autres humains est un danger à ses yeux, le monde qui va mal, qui s'effondre, et eux, le couple de vieillesse nous emportent dans leur quotidien à trois avec ce chien à ma table, une écrivaine, un grand lecteur nous remplissent d'émotions par la simplicité de la Vie.
"On peut très bien écrire avec des larmes dans les yeux"
En décernant le Prix Femina 2022 à Claudie Hunzinger pour Un chien à ma table, le jury a récompensé une belle œuvre littéraire, un superbe travail d’écri-vaine, comme Grieg, le compagnon de la narratrice aime à la définir.
Modifiant un peu son nom, l’autrice dit s’appeler Sophie Huizinga ; elle m’emmène dans cette maison située aux Bois-Bannis, un nom assez peu engageant mais qui ne rebute pas ce couple uni par une complicité profonde et très émouvante.
C’est là qu’a débarqué une chienne en piteux état qu’elle nomme sans hésiter Yes. La narratrice constate, horrifiée, que cette chienne a été victime de sévices sexuels et qu’elle porte des blessures. Mais, aussitôt après avoir mangé, Yes disparaît.
Ainsi, tout au long de ce roman, le chien n’apparaît pas constamment. Il sert plutôt de repère, de support dans cette maison isolée que frôlent tout de même un parcours santé et le GR5. Quelques passages mis à part dans lesquels Claudie Hunzinger paraît meubler, je suis la plupart du temps très touché, vite ému par ses réflexions, ses avis pertinents sur notre planète. Le saccage de la nature, du vivant, est dénoncé avec tellement de pertinence qu’il est impossible de lire ces passages sans être bouleversé. La justesse de son point de vue sur une évolution qui ne semble pas inquiéter la majorité des humains, mérite d’être prise en compte.
Avec ça, l’autrice partage sa façon de faire, son travail au quotidien pour ne rien perdre de ses observations. Il le faut bien car il ne se passe tout de même pas grand-chose dans ce coin isolé des Vosges d’où, indique-t-elle, on aperçoit une autoroute au loin…
Après une sortie dans la libraire Rive Gauche, à Lyon, Sophie que Grieg appelle aussi « ma Biche » ou encore « Cibiche », retrouve les Bois-Bannis et Litanie, leur ânesse, compagne essentielle. Là, elle peut se confier, disserter sur elle-même, faire partager son ressenti face aux animaux, aux gens, aux chiens, à la nature, aux aléas de la météo.
Est-ce un effet de l’âge, mais Claudie Hunzinger me touche vraiment lorsqu’elle évoque la vieillesse, la diminution de ses ressources physiques, voire la perte de certaines possibilités autrefois essentielles. Elle ajoute à cela ce que la vétusté des choses déclenche en elle et les questions qu’elle pose : « Pourquoi la vétusté est-elle douce et anarchiste en même temps ? Pourquoi est-elle compatissante ? »
Que c’est bien écrit ! Que c’est juste !
Qu’elle se nomme Sophie Huizinga ou Claudie Hunzinger, depuis les Bois-Bannis, ne peut mettre un point final à Un chien à ma table sans évoquer cette mort inéluctable pour tout vivant, sans une pirouette humoristique et poétique. Humoristique avec Grieg qui lui demande enfin d’acheter des bretelles pour tenir son pantalon ; poétique grâce à Dominique A et sa chanson « Les éveillés » avec ces vers simples et admirables :
« Nous n’avons pas le droit de nous / perdre de vue.
Nous n’avons pas le choix / et tu le sais.
Il n’est pas question que l’amour/vienne à manquer ».
J’ajoute que Un chien à ma table fait partie des huit livres en lice pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/08/claudie-hunzinger-un-chien-a-ma-table.html
Depuis trois ans, une écrivaine Sophie Huizinga et Grieg, son compagnon depuis presque soixante ans vivent pratiquement en reclus, dans une petite maison cachée au fin fond d’une forêt vosgienne au lieu-dit, Les Bois-Bannis, un nom étrange. Ils l’avaient découverte au moment même où ils avaient eu envie de changer encore une fois d’air et « pour se sortir sans trop de casse du chaos qui s’annonçait et que tout le monde avait senti venir sans bouger le petit doigt. »
Sophie écrit des livres qui parlent de grand air et de nature et se définit elle-même comme une romancière des marges. Quant à Grieg, il est déjà comme sorti du monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la littérature.
L’arrivée un soir, par la porte laissée ouverte d’un « balluchon de poils gris, sale, exténué, famélique », d’une petite chienne blessée, va carrément réenchanter leur vie et rapprocher ce couple vieillissant. Leur vie va se trouver bousculée quand ce troisième personnage va s’inviter à leur table.
C’est d’abord Sophie qui va retrouver le goût de sortir et retrouver des forces au contact de cette nature avec qui elle fait littéralement corps et ressentir des instants de joie divins, ces éclairs que l’on ressent de se sentir en vie. Puis Grieg lui aussi sera gagné par l‘énergie transmise par cette petite chienne. Ils vont du coup refaire chambre commune, se fabricant un lit composé d’un simple cadre de quatre planches clouées, posé au sol et en y entassant trois ans de journaux ficelés par petits tas pour le combler, leurs deux matelas posés dessus. Dès le premier soir, Yes n’hésitera pas à sauter sur le lit et désormais ils dormiront tous les trois « sur les nouvelles du monde, celles qui de jour en jour tombent dans les abîmes pour être remplacées par les suivantes »…
Un chien à ma table, Prix Femina 2022, évoque le désastre qui menace notre planète avec la disparition entre autres, de multiples espèces animales. Le personnage de Sophie, cette femme révoltée va transformer cette catastrophe environnementale en une véritable ode à la nature, et nous offrir une magnifique fresque de la nature sauvage, du monde végétal et animal. Ses escapades aux alentours de leur bâtisse offrent au lecteur de sublimes pages de poésie.
Beau roman d’amour, il est aussi une réflexion sur la vieillesse et sur le pouvoir de la littérature tout en mettant en avant les bienfaits de ce qu’un certain Pierre Rabhi nommait la sobriété heureuse.
J’ai particulièrement apprécié cette osmose entre l’humain et la nature que recherche Sophie Huizinga, alias Claudie Hunzinger et qu’elle excelle à dépeindre.
J’ai été happée par cet hymne à la Terre et à la vie qu’est Un chien à ma table, récit de ce trio qui vit en communion avec la nature et entouré de livres,,,
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/07/claudie-hunzinger-un-chien-a-ma-table.html
Ecolo tout à fait d actualités, un livre d un point de vue interessant, les animaux sont toujours une decouvrir et un accompagnent tellement agréable à nos côtés, une présence indispensable et attachant
Un crépuscule qui s’embrase joyeusement
Ce livre à la grâce d’une clairière dans une forêt dense, il éclaire le crépuscule d’une vie qui n’a pas abdiqué.
C’est un seuil où mémoire, respect, résistance, fantaisie et bien d’autres fleurons vous invitent à percevoir le monde avec ses sons, ses couleurs, ses odeurs en une symphonie pastorale régénérante.
Sophie et Grieg, octogénaires, se sont installés à Bois-Bannis dans les Vosges, dans une tanière à leur image.
Plus de soixante ans de vie commune dans le respect et l’amour. Chacun son rythme, sa vie mais toujours là l’un pour l’autre.
« Grieg pouvait avoir autant de rides qu’il voulait, il resterait à jamais à mes yeux un vieux gamin intraitable, adoré réfractaire à tout pouvoir, à toute bataille, à tout engagement, qui me disait : Ne jamais se laisser prendre par une idée, par un courant, par un groupe, par une vague. Toujours se cavaler ! Personne au cul ! »
Lui lit devrait-on dire plutôt relit inlassablement la nuit, elle écrit et inlassablement observe la nature, la vie qui l’entoure.
Un jour une petite chienne maltraitée surgit Sophie la baptise Yes, c’est un oui à la vie, c’est une explosion de joie dans ce qu’elle a de plus pure.
Tous les trois dans leur tanière vont vivre hors de tout temps chronométré, Sophie exerce son œil et sa plume à interroger la vieillesse, la condition féminine, et le pourquoi d’’une vie qu’ils ont menée en marge d’un monde qui ne leur convient pas, ancrés dans cette terre, cette nature qui leur apporte tant.
L’âne Utopie m’a fait beaucoup pleurer.
Le lieu ici est source de vie, c’est une invitation à être dans l’essentiel, la source, l’élixir.
Vivre en osmose avec cette nature qui nous offre tout, la respecter, ne pas la détruire, ne pas scier la branche sur laquelle on est assis.
Cette vie en lisière est visiblement moins effrayante quand on est au cœur de la nature, l’auteur nous y raconte la beauté, la douceur sans édulcorer la réalité, vieillir c’est être en lisière par la force d’un monde qui tourne en niant l’humain et la nature au profit de l’argent et du consumérisme.
Dans la construction il y a la magie de ce qui n’est pas calculé, pas question d’ordonner, la vie jaillit comme Yes avec sa danse de la séduction, c’est tout fou mais tellement joyeux.
Cela donne de la légèreté à un propos, une réflexion profonde sur la vie.
« Des vioques. J’aime beaucoup ce mot, vioque, il dit l’effarement insoluble de l’enfant qu’on est resté. »
Sophie nous parle d’ancrage et de vulnérabilité et ce n’est pas incompatible.
Claudie Hunzinger a voulu « écrire un livre qui fasse battre les cœurs » et c’est cela, elle a réussi à nous faire vivre ce qu’elle raconte, à nous offrir des émotions pures, du rire aux larmes par la beauté des mots.
Le crépuscule d’une vie et d’un monde dans une joie réelle, sans artifice avec beaucoup de saveur, saisie au bond avec des instants qui filent comme des notes de musique qui n’en finissent pas de nous imprégner.
En refermant ce livre, le lecteur reconnaissant dit : merci madame.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/01/26/un-chien-a-ma-table/
Sophie et Grieg vivent retirés du monde dans un coin de la forêt des vosges, « les bois bannis », elle est écri-vaine préoccupée par son environnement végétal et animal, la perte de la biodiversité….Il est solitaire, passe son temps réfugié dans la lecture des nombreux livres de sa bibliothèque, n’aime guère sortir à l’extérieur de la bergerie et se repose sur Sophie pour les quelques achats nécessaires à sa consommation de tabac. Ils recueillent une chienne perdue qu’ils nomment « Yes » qui accompagne Sophie dans ses randonnées d’observation de la nature et semble bienheureuse d’avoir trouver une chouette famille d’accueil. Le temps qui passe, les explications érudites sur les occupants du milieu naturel qui les entoure, les nombreuses références littéraires de Grieg accompagnent le lecteur dans un cheminement intellectuel parfois un peu difficile à suivre, mais baigné d’amour et de poésie.
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