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«"Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny..." Quand il fit la promesse à ce M. Piekielny, son voisin, qui ressemblait à "une souris triste", Roman Kacew était enfant. Devenu adulte, résistant, diplomate, écrivain sous le nom de Romain Gary, il s'en est toujours acquitté : "Des estrades de l'ONU à l'Ambassade de Londres, du Palais Fédéral de Berne à l'Élysée, devant Charles de Gaulle et Vichinsky, devant les hauts dignitaires et les bâtisseurs pour mille ans, je n'ai jamais manqué de mentionner l'existence du petit homme", raconte-t-il dans La promesse de l'aube, son autobiographie romancée.
Un jour de mai, des hasards m'ont jeté devant le n° 16 de la rue Grande-Pohulanka. J'ai décidé, ce jour-là, de partir à la recherche d'un certain M. Piekielny.»
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au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny…
#RL2017 ça y est, c’est parti ! Découvrez les avis de nos lecteurs sur cette sélection
Presque deux ans que ce livre est dans ma pile; à Brive j'avais discuté avec l'auteur que j'ai trouvé sympathique; et puis j'aime Gary et la Promesse! Nous avons parlé de sa venue à la Grande Librairie et nous avons parlé de Pierre Michon. Je viens enfin de lire le livre poussée par le fait que je vais le rencontrer seul le 5 et avec deux autres le 11. J'ai aimé son écriture teintée d'humour et son point de vue sur Gary, à travers la recherche de Piekielny. On parle beaucoup des mensonges de Gary en ce moment mais cela n'entame pas mon plaisir.
Heureusement que je suis restée évasive sur Pierre Michon car j'avais gardé un mauvais souvenir des Onze que l'auteur semble apprécier (à relire peut-être?)
Le narrateur lance une enquête sur un certain Mr Piekieleny, évoqué par Romain Gary dans un roman . L'enquête nous emmène à la découverte de Mr Piekielny, de Roman Gary, de l’auteur François-Henry Deserable et le livre devient une formidable ode à la littérature en montrant comment se construit un roman, c moment la fiction et la réalité se mêle , s’entrecroisent, se nourrissent l'un de l 'autre. Magnifique !
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Que faire lorsque l’on est coincé à Vilnius ? Se promener, visiter et les pas de l’auteur le conduisent au 18 de la rue Jono Basanaviciaus, là où vécut plusieurs années l’écrivain Romain Gary. Le voici récitant machinalement une phrase « Au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny ». A-t-il vraiment existé ? Quelle était sa vie, qui était-il ? Etait-il vraiment le voisin du petit Roman Kacew ? Et voici que le cerveau du romancier bouillonne. Qui est ce Monsieur Piekielny ?
François-Henri Désérable va errer le nez en l’air et chercher à donner vie à Monsieur Piekielny. Il fait cela très sérieusement, allant même jusqu’à compulser les archives locales. Au fil de ses pérégrinations aussi bien piétonnes que mentales, il lui invente mille épisodes de sa présumée vie. « Le père du petit Romain était fourreur, et nous ne sommes pas assez romanesques. Piekielny devait dont être barbier. »
Par la même occasion, il se repasse la vie de Roman Kacew, alias Romain Gary et me permet de découvrir avec grand plaisir la vie de cet immense auteur, moi qui n’aime pas les biographies.
J’ai aimé cette valse entre le réel et la fiction. Il y a des moments drôles, farfelus, comme la description des amoures du sieur Piekielny. François-Henri Désérable m’emmène derrière le rideau de la création littéraire. Le départ d’un roman peut être une adresse, un nom, une phrase qui revient en mémoire. Dans le roman, à partir de faits réels, l’auteur peut nous embarquer sur son navire et alors là ! Le plaisir n’est pas loin. Avec ce M. Piekielny, mine de rien, l’auteur brosse, outre le portrait de Romain Gary, celui de la Lituanie, l’architecture postsoviétique comme le bâtiment des Archives « gros bâtiment assez laid, le corbusien, purement fonctionnel et postsoviétique érigé au milieu de nulle part, là où jadis se trouvait une forêt que l’on avait rasée au bulldozer ». Les tombes juives ont eu un sort qui nous parait dur, mais la réutilisation des vieilles pierres est aussi ancienne que le monde ou presque. « Le vieux cimetière juif rasé à coups de faucille et de marteau. Qu’on se rassure : les pierres tombales ont été réemployées pour le pavage des rues ».
Un livre léger mais pas que. J’aime sa façon d’écrire des biographies, de faire des rapprochements entre la mère de Romain Gary et sa propre mère. J’aime sa façon de parler de cet auteur aux multiples facettes. François-Henri Désérable en profite pour parler des affres de la création littéraire « Il pleuvait ; la vigne vierge se parait de couleurs, ses feuilles passaient du vert à l’orange, puis au rouge ; les miennes invariablement restaient blanches. »
Evariste m’avait enchanté, Un certain M. Piekielny a assuré.
Tout commence à Vilnius, en Lituanie, où François-Henri Désérable, après diverses péripéties, passe devant le n°18 de la rue Jono Basanavičiaus où Romain Gary a vécu, de 1917 à 1923. Cette maison est évoquée dans La Promesse de l’aube et c’est là qu’une phrase évoque « un certain M. Piekielny. »
À partir de là, François-Henri Désérable, brillant hockeyeur à ses heures, lance sa quête, son enquête qui va lui permettre un superbe hommage à celui qui s’appelait Roman Kacew et dont la vie fut riche et mouvementée.
L’auteur, va, revient, fouille, abandonne, s’acharne, rappelle ou révèle des faits oubliés mais revient toujours à la Shoah, l’extermination des Juifs, abomination perpétrée au siècle dernier qu’il ne faudra jamais oublier.
Piekielny, en polonais, signifie « infernal », et ce voisin réel ou imaginaire aurait fait promettre au jeune Roman de rappeler son nom, ce que ne manquera pas de souligner François-Henri Désérable en affirmant que Romain Gary a parlé de M. Piekielny devant le général de Gaulle, la reine d’Angleterre, JF Kennedy… Tout cela au cours de scènes bien réelles !
La lecture est très agréable, agrémentée de touches personnelles, d’un vécu sur les lieux évoqués. On apprend que 60 000 Juifs vivaient à Vilnius avant la seconde guerre mondiale, qu’ils étaient moins de 2 000 à la fin et qu’ils sont 1 200 aujourd’hui. Il y avait 106 synagogues et une seule de nos jours : « La Jérusalem de Lituanie, elle, avait bel et bien disparu. »
Lorsque l’auteur évoque le violon de M. Piekielny, son imagination fait des merveilles avant de nous entraîner à Nice, en 1928, où la famille Kacew s’installe. Puis, en 1943, à Londres, Roman choisit de s’appeler Gary, « brûle » en russe.
Revenir à Vilnius est nécessaire pour peaufiner sa quête et constater qu’il y a erreur sur la maison. Elle se trouve dix mètres plus loin mais c’est la même cour. Dalija Esptein le guide et lui détaille l’histoire de Juifs de Vilnius, de ses deux ghettos, des pierres tombales utilisées pour paver les rues : « Mon Dieu, dis-je. Mon quoi ? Les nazis ont détruit le peuple juif et les Soviets le patrimoine. »
Aviateur très courageux, amoureux passionné, Romain Gary écrit et n’hésite pas à mentir, à s’inventer un passé, à espérer le Nobel après le Goncourt pour Les racines du ciel, le 3 décembre 1956, alors qu’il est diplomate, ambassadeur de France à La Paz, pour trois mois.
Impossible de passer à côté d’Émile Ajar. Ce pseudonyme permet à Romain Gary de mystifier les critiques comme Matthieu Galey qui démolissait chacun de ses livres et encense Émile Ajar… Ajar, en russe, signifie « braises ».
Après Gros câlin, c’est La vie devant soi qui offre, pour la première fois, en 1975, le Prix Goncourt au même homme, ce qui est interdit, en principe. Mais, à ce moment-là, le secret est bien gardé !
Fiction ou réalité ? La question est magnifiquement traitée dans ce roman si bien écrit par François-Henri Désérable qui rappelle Les Onze, de Pierre Michon, à propos d’un tableau qui n’existe pas.
« Et si c’était un symbole ? Et si ce M. Piekielny incarnait les Juifs de Wilno, massacrés pendant la guerre ? » C’est pourquoi l’auteur salue « le triomphe indubitable, éclatant, de la littérature via la fiction. »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Et si le sujet choisissait l’écrivain ?
Si la vie jonchait des signes, des indices pour vous convaincre d’en écrire son histoire ?
Et si le thème s’imposait à son maître malgré lui, l’obligeant à tisser un récit. L’écrivain est-il maître de son histoire d’ailleurs… rien de moins sûr. Les avis divergent.
C’est un enchaînement d’événements qui auront mené FH. Désérable jusqu’à sa quête d’un personnage iconique de La Promesse de Romain Gary. Il aura fallu une demande en mariage, une demande « en témoin » et un voyage en Lituanie pour cause d’enterrement de vie de garçon pour que tout prenne forme. C’est là que commença l’enquête sur Un certain M. Piekielny. Au hasard d’une rue « au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno vivait M. Piekiely » et…de multiples autres hasards !
Cet air triste.. Avait-il aimé ? Avait-il été aimé ?
FH. Désérable nous amuse de ses crises de Sepia aiguës et remonte le temps.
Il nous peint plus gravement l’anéantissement de Wilno (Vilnius) que Roman a connu petit garçon. Ses juifs que l’on a voulu effacer de l’Histoire. M. Piekielny, pour sûr ne reconnaîtrait plus sa Jerusalem de Lituanie.
Déporté comme tant d’autres ?
On passe alors des indices dénichés de toute part : dans les livres de Gary, d’Ajar, ses pièces de théâtre, ses émissions TV, les témoignages, les vivants, les morts, les rues, le béton ; aux souvenirs de Désérable. Ces années qui l’ont vu devenir écrivain alors qu’il été promis à un grand avenir de Docteur en droit.
L’enquête reprend.
Les registres peuvent-ils tout dire ? Rien ne prouve que l’on n’ait pas existé parce que l’on n’y apparait pas.
Imaginer, recoller, disloquer, fondre la logique, l’emmerder, y revenir…
Les noms plein de postérité s’amassent dans les pages qui racontent les anecdotes de vie de Gary. Tous devenus célèbres lorsqu’un autre reste dans l’ombre. Ce pauvre M. Piekielny. Tapis. Inexistant, et pourtant brandit devant la reine d’Angleterre et De Gaulle. Est-ce vrai ?
Revenir à Gary pour comprendre. Analyser les clichés.
Les questions s’enchaînent. Au regard de cette photo, quel livre était-il en train d’écrire, l’avait-il déjà imaginé ? L’avait-il déjà écrit ? En connaissait-il le nom ?
Existe-t-il une photo de Roman entre ses 8 et 9 ans qui pourrait avoir laissé un indice, même infime sur l’existence de ce M. Piekielny ?
« (…) et c’est peut-être cela et rien de plus, être écrivain : fermer les yeux pour les garder grands ouverts, n’avoir ni Dieu ni maître et nulle autre servitude que la page à écrire, se soustraire au monde pour lui imposer sa propre illusion. Tourner le dos au Popocatépetl. »
FH. Désérable a se talent de redistribuer les cartes et de réinventer le temps et l’histoire en nous y apposant des dates, nous perdant ainsi entre le réel et le fictif. Je ne savais plus si le violon de M. Piekielny sortait de la tête de Désérable ou de la plume de Gary…
Comme un fils tue le Père, Désérable règle ses comptes avec Gary et ses vérités maquillées. Les soit-disant 250 lettres de sa mère, le retour à l’hôtel Mormonts. L’auteur suit-il une piste nulle ? Le ton monte et les nerfs sont à vifs.
FH. Désérable tutoie Gary, l’invective à se rendre, lui dire la vérité, le titille sur ces longues phrases. Il s’agit presque d’un dialogue entre eux dont nous serions témoins. L’auteur semble l’avoir tant côtoyé dans son enquête qu’il s’agirait presque de deux vieux amis qui nourrissent quelques rancœurs.
« Mouchoir, s’il vous plaît. Car ces lignes enfin, qui n’a pas pleuré en les lisant ? Si l’on avait indexé tes droits d’auteur sur les larmes de tes lecteurs, tu t’offrais le boulevard Saint-Germain. Mais ces lignes sont fausses, tu le sais.»
Je ne vous en dis pas plus sur l’histoire. À vous de voir… À vous d’y croire.
Pour ma part, j’y vois un vrai chef d’œuvre. Je le relirai, et demain sans doute, moi aussi, tendrai l’oreille chaque fois que j’entendrai quelque chose sur Gary. Qui sait s’il n’y a pas encore quelques indices cachés.
• Mon avis :
Je suis rarement émue aux larmes. Je pleure peu. Je n’ai d’ailleurs pas pleuré dans La promesse de l’aube malgré mon cœur chamboulé lors de nombreux passages. Un certain M. Piekielny m’a profondément bouleversé. Je n’ai pas pleuré pour le récit de ces souris tristes, non. J’ai vu Nuit et brouillard à douze ans. Et je pense ne pas pouvoir un jour voir d’images plus effroyables que celles-ci. Ce qui m’a touchée, bouleversée, c’est cette quête passionnée de l’auteur. Son incroyable admiration pour Gary.
Ce miroir porté constamment entre le gigantisme du Maître devenu écrivain pour porter au plus haut les ambitions d’une mère de la dynastie des Mina. Louve excessive et exigeante. Et l’écrivain, celui qui écrit pour nous ; qui voit en sa destinée d’étranges hasards mêlés. Leurs mères et leurs ambitions contraires.
Quand Mina voulait que son Romoushka devienne un Victor Hugo, la mère de FH. Désérable le voyait en grand homme de loi. Deux mères à l’incidence décisive sur la vie de leurs fils.
Se peut-il qu’il y ait tant de hasard sans que nous soyons guidés par autre chose ?
Les hasards de la vie de Gary semblent frapper celle de FH. Désérable. Comme lorsque sur ce vide grenier d’Amiens, il tomba sur cette nouvelle de Gary ; si précieusement gardée par sa mère qu’elle brandissait sur le marché de la Buffa comme preuve du grand destin de son fils. Nouvelle écrite le 24 mai 1935 page 13 du n°342 d’un Gringoire. Cela se pouvait-il ?
Dans cette quête de la recherche de ce personnage mystérieux qu’est M. Piekielny qui n’apparaît que dans deux passages de La Promesse, j’y ai vu comme une quête du moi.
Mais aussi ce besoin plus fort que tout de la mémoire. De raviver les spectres des souvenirs. D’avoir assez d’éléments pour comprendre qui était cette souris, mais surtout de le ramener à la vie, encore une fois au travers d’un livre.
Cet hommage historique sur l’indicible bouscule bien évidemment, mais l’acharnement de l’écrivain à comprendre, chercher le nom de cet homme dans les registres de tous ces hommes déportés ayant habités la même rue m’a subjugué…
La construction du récit, son rythme. Une plume fabuleuse et cet humour si cher à notre Romain qui ponctue chaque pierre de l’édifice.
Je me suis également trouvée des points communs (pas littéraires rassurez-vous, écrire reste un rêve ;)) mais des détails, comme cette manie de marcher dans les rues en m’imaginant ce qu’elles furent jadis et les spectacles de charrettes, d’étales qui devaient s’y produire chaque jour. J’ai souvent besoin de toucher la pierre, les murs pour en sentir tous ceux qui l’ont frôlé avant moi. M’imaginer leurs habits, leurs mœurs… Le bruit des sabots sur les pavés aujourd’hui disparus eux aussi.
Un passage me revient, mon cœur s’est serré à sa lecture. La révélation de la vraie mort du père de Romain par FH. Désérable. J’essaie de comprendre et d’imaginer pourquoi Gary a préféré cette autre histoire. Romancer et inventer cette lettre. Embellir la mort, le peut-on ?
Et si la littérature de Gary triomphait du réel ?
Je ne donnerai bien évidemment pas les indices qui mènent à la conclusion de l’auteur. Mais elle m’a terriblement émue. Se peut-il que l’on puisse parler si bien d’un homme dont on ne connaît que les mots reposants dans ses livres ? D’où vient cette passion dévorante de FH. Désérable pour l’avoir poussé à voyager autant, cherchant le moindre indice en Lituanie, dans les archives, relisant inlassablement les textes de Gary, Ajar, et ne trouvant bien souvent ses réponses que dans les hasards que lui a offert la vie.
Un certain M. Piekielny est le premier roman de François-Henri Désérable que je lis. J'étais intriguée par le titre et surtout par le début de la 4è de couverture: "Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire: au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny..."
Parti à Vilnius pour l'enterrement de la vie de garçon d'un de ses amis, l'auteur se retrouve par hasard devant la fameuse maison que Romain Gary évoquait dans son roman La promesse de l'aube. C'est donc finalement sur les traces de ce mystérieux personnage que nous emmène F-H Désérable et à travers ses pérégrinations, la vie et l'oeuvre de Gary sont omniprésentes, ainsi que la seconde guerre mondiale et ses massacres.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman car il est protéiforme: il mêle le réel et la fiction, les références littéraires sont nombreuses, des anecdotes sur des événements ou des personnages de notre histoire contemporaine jalonnent le récit, certes en l'alourdissant un petit peu, mais toujours en relation avec le postulat de départ.
Ce roman est une belle enquête sur le personnage de M. Piekielny que l'on retrouve dans le roman autobiographique La Promesse de l'aube de Romain Gary, Qui est donc cet homme ayant soit-disant vécu en Lituanie au début du siècle dernier et apparaissant dans le roman le plus connu de Romain Gary? C'est ce que va chercher à savoir l'auteur François-Henri Désérable lorsque de passage à Vilnus il tombe nez à nez avec la statut enfant de Roman Kacew.
La chasse à l'homme débute sans que l'on comprenne pourquoi ce personnage a tant marqué l'auteur, il en est fait mention dans un roman et Romain Gary paraît-il aurait à mainte reprise prononcer cette phrase: "au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny...". A t-il vraiment existé? En se rendant sur place, là où vécu Roman Kacew alias Romain Gary, il cherche des traces de M. Piekielny habillé d'une redingote qu'il ne quittait jamais et à la barbe roussie par sa pipe, puis demande une copie des archives de l'immeuble ... aucune de cet homme. Comment quelqu'un peut-il disparaître ainsi? comment des êtres ont pu vivre et être oubliés si rapidement?
Le roman est donc une enquête un peu particulière car s'y mélange aussi un peu de la vie de Romain Gary, autour de son œuvre La promesse de l'aube dont beaucoup de citations y sont tirées.
M. Piekielny a t-il vraiment existé ou est-ce une pure invention de Romain Gary? Ce livre est un bel hommage à l'écrivain et à l'écriture, au pouvoir de mêler la réalité à la fiction, rend hommage aux personnes ayant disparues pendant la guerre et ravive leurs souvenirs. J'y découvre un pan de l'Histoire et des bribes de la vie de Roman Kacew. Ne connaissant de Romain Gary que ce qu'on en dit ça et là, ce roman m'a terriblement donné envie de découvrir La promesse de l'aube ce roman qui gît sur mes étagères depuis je ne sais combien de temps et qui d'un coup se révèle en fait être un trésor. Ce livre m'a beaucoup fait pensé à cet autre lu il y a quelque temps et qui s'attache à une personne morte depuis longtemps, une enquête aussi, mêlée de biographie personnelle de l'auteur (Leïlah Mahi 1932 de Didier Blonde).
Cet ouvrage est une réussite et conduira peut être son auteur à égaler le grand Romain Gary.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/11/14/35863855.html
En 2014, un souci de transport pour se rendre à un enterrement de vie de garçon à Minsk mène François-Henri Désérable à Vilnius. Profitant de quelques heures de liberté avant sa correspondance, il visite la ville. Le hasard de sa promenade le mène à la rue Jono Basanavičiaus où, au 18, il tombe sur une plaque annonçant que Romain Gary a vécu ici de 1917 à 1923. Et là, une phrase de La Promesse de l’aube, lu pour le bac, resurgit de sa mémoire, tirée du chapitre VII : « Au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny ».
À partir de ce moment, l’auteur se lance à la recherche de ce fameux M. Piekielny. A-t-il réellement existé ? Qui était-il ? Habitait-il cette fameuse rue ? Pourquoi Romain Gary a tenu à honorer cette promesse d’en parler ? Et nous voilà à suivre et à espérer avec l’auteur. Pour autant, la recherche de la vérité devient vite accessoire. En élaborant des tonnes de scénarios sur ce Piekielny, des plus probables aux plus farfelus, F-H Désérable évoque surtout la puissance de la création littéraire. Qu’est-ce que le vrai ? Est-il indispensable ? Est-ce que le faux n’a pas une force romanesque au moins égale au vrai ?
Cette enquête littéraire est aussi un prétexte de l’auteur pour parler de Romain Gary mais aussi de lui-même. Il fait d’ailleurs de nombreux parallèles entre sa relation avec sa mère et celle de Gary avec la sienne. À aucun moment j’ai trouvé ces apartés lourds ou disproportionnés d’autant plus que l’ensemble est raconté sur un ton décalé, très drôle. C’est d’ailleurs cette façon de raconter qui permet aussi d’aborder parfois des thèmes graves, sans pesanteur, comme le sort des juifs en Lituanie.
Alors oui il est vrai que si on connaît un peu Romain Gary, on n’apprend pas grand-chose de nouveau (ce qui est bien pour ceux qui ne connaissent pas). On a droit au rappel du double Goncourt, à l’émission Apostrophes où il a peur d’être démasqué de son pseudonyme Émile Ajar par Bernard Pivot… sauf que ce numéro n’a jamais existé (j’ai cherché un moment sur le site de l’Ina avant de réaliser la chose) ! Toujours cette valse entre le réel et la fiction. C’est tellement bien mené qu’on se laisse porter… et puis, l’auteur finit par percer plus ou moins le mystère de la phrase de Piekielny.
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