Qui sont les auteurs et libraires membres du jury ?
Qui sont les auteurs et libraires membres du jury ?
au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny…
Lancé en janvier 2015, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue. Cette semaine, Colette a choisi Sandrine pour partager sa lecture et son avis sur le livre Evariste de François-Henri Désérable (Gallimard).
Une histoire d’amour passionnelle, fusionnelle et adultère. Vasco et Tina sont fous de poésie, fous l’un de l’autre, mais Tina a des enfants, elle doit se marier, et cette passion ne peut pas durer. Elle doit faire un choix.
Un histoire qui pourrait vite tourner à la romance, mais François-Henri Désérable la raconte avec brio, légèreté et humour, du point de vue d’un ami du couple qui est auditionné par un juge d’instruction. On peut lire dans ce roman des vers écrits par Vasco, que le narrateur tente d’éclairer pour le juge, mais aussi la poésie de Verlaine. On visite des lieux insolites de Paris avec quelques situations cocasses. On ne s’ennuie jamais, on est ému.
Je découvre François-Henri Désérable avec ce roman qui a obtenu le Grand Prix de l'Académie française en 2021. J’ai tout de suite été charmée par son écriture ciselée, sa narration poétique et réjouissante, entre-coupée de situations burlesques et de jeux de mots copieux.
Et en plus c’est un amiénois, une ville chère à mon coeur ! Une belle découverte, et je compte bien lire le reste de sa bibliographie !
2022, l’auteur décide de suivre les traces de Bouvier et Vernet qui écrivirent leur voyage aux Balkans, en Iran, au Pakistan en 1953 dans un roman illustré « L’usage du monde », qui devient un livre de référence dès sa sortie en 1963.
Malgré les mises en garde du centre de crise des Affaires Étrangères français , François Henri Désérable atterrit a Teheran dans un avion où il est le seul étranger. Il relate le récit de son voyage de quarante jours en Iran (Téhéran) jusqu’à la frontière du Pakistan.
Dans un pays qui réprime les manifestations des Iraniens qui vivaient « avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine: elle s’effaçait au profit du courage »
Il fait du stop et dort dans des auberges de jeunesse, ce qui donne à ce livre un goût de vérité, ils rencontrent des gens très variés et beaucoup de jeunes remontés qui sont en opposition contre le gouvernement.
Il fait une provision de « bleu » pour le restant de ces jours en visitant la mosquée du Shah.
Il contre les Gardiens de la révolution en ne gardant aucunes photos, messages et contact car il a un visa de touriste.
« La peur est l’arme la plus sure du pouvoir. Mais depuis peu la peur, on l’a dit, se voyait damer le pion par le courage » p30
J’ai lu ce livre pour un bookclub dont le thème était Road Trip est je n’ai pas regretté car c’est une immersion dans ce pays ou le courage est de toute les ambitions.
Un coup de coeur pour moi : Une jeune femme quasi-mariée qui tombe amoureuse d'un écrivain, et ils vivent ensemble une passion folle.
Au delà de leurs moments torrides dans les chambres d'hôtel, ça parle beaucoup de littérature, Rimbaud et Verlaine jalonnent l'histoire, on découvre beaucoup de poèmes, on visite la BNF...
EN PLUS, une des particularités de ce roman, c'est que toute l'histoire entre Tina et Vasco n'est racontée QUE par le meilleur ami, qui témoigne de toute la relation. Ca donne un rapport assez fou aux personnages, puisqu'on ne les rencontre jamais vraiment, finalement. Et pourtant on s'attache à eux, à leurs folies, à leur amour.
Voilà, j'ai trouvé ça assez incroyable, et j'ai adoré le lire.
Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ? Car, oui, il faut être un peu barré, fêlé, piqué, pour se rendre en Iran fin 2022, et ce malgré les mises en garde alarmistes du ministère des Affaires étrangères.
Rappelez-vous : la répression à cette époque était terrifiante car la population osait manifester dans la rue après la mort de Mahsa Amini. Mort absurde après son arrestation pour avoir mal mis son voile islamique.
Oui mais voilà, ce voyage prévu de longue date avait été reporté à cause du Covid et François-Henri Désérable avait des fourmis dans les jambes. Il part donc, à la rencontre des iraniens de la rue et de leur culture. Il marche aussi sur les traces de cet écrivain voyageur qui l’a tant fasciné : Nicolas bouvier. « L’usure d’un monde » vient en écho à « L’usage du monde » que Bouvier avait publié en 1963.
Que de changements depuis cette date, François-Henri Désérable ne cesse de nous les montrer. Si certains paysages restent immuables, la vie n’est plus la même dans ce pays de tous les dangers. Même parler avec ses habitants est risqué, on peut les mettre en danger tant la parole a été bâillonnée.
On ne peut qu’être fasciné par le courage de ce peuple qui, malgré la dureté de la répression, continue de manifester ou d’exprimer sa désapprobation. François-Henri Désérable a su croquer sur le vif ces rencontres, ces portraits de gens courageux qui veulent encore espérer en l’avenir. Quelle leçon de courage ! Car les enlèvements, les emprisonnements arbitraires et la torture, les viols, les condamnations à mort sont monnaie courante dans ce pays livré aux mollahs.
Certains comme Amir, n’hésitent pas à confier à ce français de passage qu’ils n’espèrent qu’une chose : la mort du guide Suprême Ali Khamenei.
Un autre aura sa propre explication : "Le problème, je vais vous dire, c’est que vous avez d’un côté un peuple déterminé à chasser du pouvoir un régime corrompu, et de l’autre un régime corrompu déterminé à s’y maintenir".
Il y a aussi cette culture raffinée, si différente de la nôtre, où la politesse est si importante. Il y a ces pratiques qui nous étonnent comme le sigheh qui est un mariage temporaire, ce que l’on peut trouver étrange dans un pays aussi rigoriste.
C’est un voyage plein d’aléas, car la surveillance est partout, et on peut être arrêté, expulsé à tout moment. Malgré ces risques François-Henri Désérable va sillonner le pays, du Kurdistan au Baloutchistan, pendant cinq semaines, multipliant les rencontres avec les habitants mais aussi les rares étrangers baroudeurs qui continuent de venir en Iran. En début d’ouvrage, une carte permet de se situer dans cet immense pays.
François-Henri Désérable n’hésite pas à se perdre, changer ses plans pour mieux se retrouver dans l’aventure., fidèle aux préceptes de Nicolas Bouvier qui disait :
« En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement que le voyage commence. »
Mon seul regret, c’est que l’évocation du grand voyageur Nicolas Bouvier reste assez sommaire. Il aurait pu prendre un peu plus de place dans ce récit qui est, somme toute, assez court.
Reste la tragique évocation d’un peuple opprimé mais qui continue d’espérer. Chapeau bas, l’ami, pour ta folie créatrice qui m’a ravie.
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