Rentrée d'automne 2024 : dix nouvelles plumes à découvrir
« Le bruit condamne l'Homme à l'oubli. Mais parfois il arrive qu'il le sauve de l'oubli. Il ne tient qu'à nous de l'entendre. »
Dans le quartier du Guéliz à Marrakech, un mystérieux bruit hante et tourmente, nuit et jour, une vieille dame. Inquiets, sa fille et son petit-fils quittent Paris pour mener l'enquête. Sur place, ils guettent, épient, espèrent, mais aucun bruit ne se fait entendre...
Tout le bruit du Guéliz ne nous livre pas une mais mille histoires : celles des exodes, des traditions, des liens qui se font et se défont, des origines perdues.
À la violence et au vacarme assourdissant de notre époque, ce premier roman aux allures de conte, à la fois tendre, drôle et bouleversant, oppose un bruit. Le bruit du Guéliz. Celui d'un temps révolu, où l'on vivait ensemble.
Rentrée d'automne 2024 : dix nouvelles plumes à découvrir
Il est à Marrakech un quartier, le Guéliz, dans le Mellah, la vieille ville. Un quartier qui a connu un grand exode de sa communauté juive après la guerre des 6 jours en 1967 et de la guerre de Kipour en 1973. Il reste peu de monde dans ce quartier, une dame âgée qui souffre d'un bruit qu'elle entend perpétuellement, qui l'empêche de dormir.
Intrigués et inquiets, sa fille et son petit-fils vont faire le voyage de Paris jusqu'à elle. Ensemble il vont chercher ce bruit, qu'elle seule entend. Le bruit des ombres du passé, celui de la mémoire, de l'oubli.
Ensemble ils vont péleriner à travers le Mellah, aller au cimetière des oubliés, vers la vallée de l'Ourika. Son petit-fils ne parle pas l'arabe, il va découvrir les traditions et rituels de sa grand-mère, les fleurs d'oranger pour le thé, les oreilles géantes confectionnées pour la fête du Pourim, les couverts des morts que sa grand-mère dresse pour le repas de Shabbat, l'encens pour exorciser le bruit qu'elle seule entend.
Serait-ce celui de l'absence, de la mémoire par peur de l'oubli ?
Un premier roman touchant, rempli de tendresse, un bel hommage à sa grand-mère, à la recherche de ses racines, du passé.
Un portrait tendre et affectueux, une écriture touchante, poétique, ciselée.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Comme le départ, la souffrance est inacceptable pour celle qui prend le mal, mais n'a jamais appris à accueillir le sien.
Il n'y avait pour elle de chose plus importante, de devoir intime et valable que ce grand pélerinage. C'était pour elle d'autant plus vrai que son fils était là, pour voir et comprendre, et récolter le précieux legs de ces lieux de mémoire, de ces traditions centenaires, avant qu'elles ne s'effacent, ensevelies par les mains de l'oubli.
Un bruit qui bourdonne dans ses oreilles et crie à son coeur de céder. D'arrêter. A son tour, de tout abandonner. de partir. Mais elle ne part pas.
Le bruit condamne l’homme à l’oubli. Mais parfois il arrive qu’il le sauve de l’oubli. Il ne tient qu’à nous de l’entendre.
Le vide ne peut plus exister. Le silence non plus, d'égale considération. Tout doit être. Être là.
Ma grand-mère garde tout près d'elle. En un bruit. Si le bruit devait dire quelque chose, il dirait : C'est la fin. Puisque tu m'entends, tout disparait maintenant.
Je compris alors, en le voyant, pourquoi les choses s'étaient passées ainsi avec les enfants du Mellah. C'étaient des juifs comme cet homme qu'ils avaient l'habitude d'accueillir et de guider dans les ruelles du vieux quartier. des étrangers qui, par ici, cherchaient leur chemin. Car les juifs sont des gens qui ne savent pas où aller. Et c'est à ça qu'on les reconnaît.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/10/tout-le-bruit-du-gueliz-ruben-barrouk.html
Nous sommes en 2022, le narrateur et sa mère retournent à Marrakech pour élucider le bruit qui perturbe la vie de la grand-mère.
Ce bruit qui n’existe que dans la tête de la vieille dame n’est qu’un prétexte pour Ruben Barrouk. À travers le portrait et les souvenirs de cette grand-mère c’est l’histoire des juifs du Maroc qu’il nous raconte, l’histoire d’un exode.
Une grande fresque du passé qu’il recompose peu à peu. Il fait revivre le Mellah le quartier juif de Marrakech et ses habitants. Avec un grand talent descriptif, il nous immerge dans les couleurs,les odeurs, les plats, les traditions, les fêtes,les pèlerinages.
Un premier roman émouvant rempli de tendresse et de nostalgie.
Le premier roman de l'auteur, une véritable réussite. Une histoire de résilience ,une histoire de quête de ses origines, de l'exode, et d'amour. Grâce à ses mots, l'auteur met en évidence et nous prouve que la cohabitation entre musulmans et juifs marocains peuvent vivre en paix, une existence fusionnelle de paix, loin des conflits de notre actualité,
L'auteur use d'une plume poétique, sensible, subtile Il m’a envoûté avec une grande dextérité dans cette histoire touchante, émouvante. Une histoire qui mélange fiction et réalité, à nous de trouver notre place,
Un coup de cœur
Elle est la seule de sa famille à être restée vivre à Marrakech. Tous ont quitté le Maroc, elle n’a jamais pu s’y résoudre. Depuis, c’est elle qui se rend à Paris pour rencontrer la famille une fois par an. Mais aujourd’hui sa fille et son petit fils viennent la retrouver pour tenter de l’aider.
Tous se demandent quel est ce bruit inquiétant et obsédant qu’elle entend chez elle, dans le quartier du Guéliz, et comment le faire cesser avant qu’elle ne sombre dans une forme de folie.
Elle est la dernière femme juive à être restée dans le quartier. Gardienne des traditions, des morts et des saints vénérés par tous, elle est le pilier de ces familles qui ont aujourd’hui disparu du Maroc, mais qui y ont laissé tant de leur passé.
Le petit-fils est le narrateur de ces retrouvailles avec le passé et les pratiques religieuses. Avec le quartier du Mellah dans lequel vivaient les familles juives de Marrakech.
Sa mère profite de ce séjour pour aller honorer les lieux saints du haut Atlas, le quartier des morts, le souvenir de ceux qui ne sont plus.
Le thème est intéressant et la relation entre cette vieille femme et ses enfants, mais aussi avec son passé et ses morts attachante et émouvante, mais le style parfois un peu trop classique, pas assez léger.
J’ai aimé ce voyage aux racines de la famille, dans les pas de cette grand-mère, irréductible gardienne du souvenir des défunts.
J’ai aimé parcourir les ruelles de la ville, entendre les mots des défunts, sentir la force de leur présence et l’importance du souvenir.
J’ai aimé sentir les odeurs, voir les couleurs, imaginer les humains qui se meuvent dans ces ruelles, ces cours ou ces jardins, dans le quartier en partie restauré mais qui n’abrite pourtant plus aucun juif.
J’ai aimé cette grand-mère qui entend le bruit de ceux qui l’ont quittée. Ce bruit qui la garde dans le temps présent, mais déjà en relation avec les disparus. Ce bruit comme un lien entre hier et aujourd’hui, et qu’elle seule peut et sait entendre. Gardienne de cet héritage immatériel.
https://domiclire.wordpress.com/2024/09/25/tout-le-bruit-du-gueliz-ruben-barrouk/
Après les conflits israélo-arabes au tournant des années 1970 – guerre des Six Jours en 1967, guerre du Kippour en 1973 – et, consécutivement, l’exode de la plupart des communautés juives installées dans les pays arabo-musulmans, le très vivant Mellah de Marrakech, le deuxième plus ancien quartier juif au Maroc, a vu sa population juive tomber de plus de quarante mille personnes à seulement deux cents. L’une de ces dernières habitantes est Paulette, la grand-mère de Ruben Barrouk qui, avec toute sa tendresse pour la vieille femme demeurée seule parmi les ombres du passé, en fait la touchante héroïne d‘un premier roman déchirant.
Afin d’en avoir le coeur net sur ce bruit qui la persécute nuit et jour sans qu’elle parvienne à en détecter l’origine, sa fille et son petit-fils français sont venus passer quelques jours chez elle, à Guéliz, l’arrondissement de Marrakech où elle réside désormais. Mais, rien n’y fait, pas plus eux que qui que ce soit d’autre ne s’avèrent capables de percevoir ce bruit, qu’en désespoir de cause, elle se retrouve à tenter d’exorciser à grands coups de vapeur d’encens.
Pour celui qu’elle appelle affectueusement « mchikpara » – « je prends ton mal » –, son petit-fils et le narrateur qui ne parle pas arabe et qui observe ses rituels dans un étonnement tendre, ombré de tristesse – elle cueille des fleurs d’oranger pour parfumer le thé, célèbre seule Pourim en se déguisant joyeusement, ajoute des couverts pour les morts à la table du shabbat, enfin, souvent murée dans des non-dits outragés quant au passé, elle vit entourée des reliques d’un autrefois depuis si longtemps figé qu’il paraît « impossible de les rendre à la vie, maintenant tout [est] froid » –, pour son petit-fils donc, il apparaît très vite que le bruit qui emplit la tête de la vieille dame est en réalité celui d’une mémoire qui, maintenant que tout le monde est parti, n’existe plus guère que pour elle-même, dans la nostalgie profonde d’une vie communautaire relayée par la solitude. Paulette est un brin d’herbe oublié dans un jardin devenu désert, et qui, pourtant, croit toujours entendre le chant des oiseaux…
Construit autour de ce bruit fort joliment métaphorique, le roman est d’abord un portrait magnifique, respirant la tendresse et l’affection de l’auteur pour une grand-mère à la fois forte et fragile, la seule à n’avoir pu tourner la page de sa vie comme les siens partis en exode, et flottant depuis dans une douloureuse dissociation entre son monde intérieur, aux horloges arrêtées depuis plus d’un demi-siècle, et une réalité qui lui a volé sa place et son identité. L’on peut donc se retrouver déraciné sans quitter sa terre. Et tomber dès la fleur de l’âge dans ces limbes de solitude et d’oubli qui ne vous saisissent normalement qu’à l’heure de la vieillesse, lorsque la mort, ayant emporté vos semblables, vous laisse seul dans un monde qui n’est plus le vôtre. Et puis, bien sûr, saisis en transparence de ce destin particulier, se profilent discrètement quelques traits de l’Histoire des Juifs chassés du monde arabe, un sujet dont les douleurs souvent occultées n’en finissent pas, entre autres, de retentir sur un présent israélo-arabe devenu inextricable.
Ruben Barrouk signe un premier roman très réussi, portrait tendre et touchant d’une grand-mère d’autant plus obstinée à ignorer ses fractures intimes, que l’Histoire israélo-arabe n’en finit pas d’empiler les drames, aux conséquences depuis longtemps hors de contrôle.
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2024
Ce bruit vient de Marrakech, du vieux quartier juif du Guéliz, et il perturbe la vie d’une vieille femme restée seule après le Grand Départ de toute sa communauté en 1967, lors de la Guerre des 6 jours.
Venus de Paris pour aider leur mère et grand-mère à se libérer de ce bruit, le narrateur et sa mère, vont suivre la trace de ces juifs qui ont vécus ici puis ont tout abandonné pour trouver un monde meilleur.
Mêlant religion et tradition, ce roman nous plonge dans les souvenirs d’une cohabitation judéo-arabe disparue, nous entraînant dans un pèlerinage vers des hauts lieux du culte juif qui subsistent au Maroc.
Si j’ai découvert avec beaucoup d’intérêt l’existence du départ des juifs du Maroc et le grand exode de toute cette communauté, j’ai regretté le peu de place que prend l’Histoire face à l’aspect religieux.
Il est certes intéressant de comprendre ce qui animait cette communauté très croyante et qui persiste dans d’autres pays et notamment en Israël aujourd’hui. Mais ne connaissant pas le sujet, j’aurais préféré avoir une vision plus sociale de cet épisode douloureux qui a conduit à une telle migration.
Je pense que ce roman plaira aux lecteurs initiés qui comprendront mieux que moi les conséquence du conflit et la persistance de l’ancrage du judaïsme à Marrakech, devenue un lieu de pèlerinage pour de nombreux juifs du monde.
Malgré la plume poétique de Ruben Barrouk, ce bruit venu du Guéliz résonnera pour moi comme un sujet théologique plus que comme un témoignage historique et j’ai eu du mal à m’y plonger.
En lice pour le Goncourt 2024 !
Premier roman de Ruben Barrouk une plonger dans le quartier du Guéliz à Marrakech avec ce portrait de cette vieille dame juive, sa fille et son petit-fils mèneront une enquête à travers les souvenirs . Famille, Mémoire, Absence, Exodes, Transmission. Un témoignage tendre, bouleversant, poétique, culturel, historique, une belle écriture mélancolique, nostalgique autour d'un monde disparu.
"Il ne reste plus rien des hommes du Guéliz. La mer les a tous emportés. Elle n’a laissé derrière elle que ces sillons creusés où la peau s’amollit, où nos yeux attendris de compassion oublient. Je voudrais les toucher, ces mains-là, peut-être même les soulager, partager un instant leur vulnérabilité."
"Chacun est appelé à l'oeuvre collective. Chacun doit apporter sa pierre, fût-elle brute ou polie, claire ou confuse, légère comme le rire ou lourde comme l'ennui. Ainsi, lorsque ces vies s'affirment, alors le bruit se forme. Qu'importe ce qu'il dit ou s'il ne dit rien. Chaque vérité, en rejoignant une autre, parvient à créer une chose comme qui leur ressemble tous, où la vie qui regarde n'y voit que son reflet. Marrakech n'est qu'un bruit, où toutes les voix se mêlent pour créer l'harmonie."
Ce roman se lit comme un conte, une fable, mais c’est loin d’être le cas. L’auteur Ruben Barrouk aborde des thèmes majeurs, celui du souvenir, du vécu, des traditions, des juifs errants qui n’ont jamais su où aller, où se poser, de la famille, des liens si importants quis e sont noués, indéfectibles.
Le pitch du roman, qui met en scène comme personnage principal la grand-mère, est de déterminer quel est ce bruit qu’elle seule entend, qui la perturbe jour et nuit, sans cesse. D’où vient-il et comment le faire partir ? Pour cela, sa fille et son petit-fils viennent passer quelques jours chez elle à Marrakech. Ce sera alors des réminiscences de l’enfance, du passé de tous, des rituels retrouvés sur fond de traditions, de religion, puis de tout un peuple, des pèlerinages dans des cimetières.
A travers le prisme de la grand-mère juive qui vit encore à Marrakech alors que presque tous les juifs sont partis à la fin des années 60, fuyant ce pays pour un monde meilleur, le narrateur (auteur ?) en quête d’identité va se servir de ce bruit sourd, confus, qui nous parle sans qu’on l’entende, pour nous conduire sur des chemins de travers.
Avec une écriture poétique fluide, chargée d’adjectifs, de moult détails descriptifs, Ruben Barrouk nous invite à poursuivre notre lecture, de façon lancinante, comme les jours qui s’écoulent. Ce récit, proche de l’autofiction, est un bonbon qu’on déguste tant l’écriture nous emmène. L’histoire ou plutôt les histoires qu’il nous conte sont belles, parfois drôles, empathiques, et prône la transmission, le vivre ensemble, la famille.
Une belle découverte pour cette rentrée littéraire.
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