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Vendredi 13 novembre 2015. Douceur automnale : ce soir pourrait avoir un air de fête. On rêve de ce que sera cette nuit qui s'ouvre. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles se sont demandé où célébrer leur anniversaire ; une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s'agace de devoir garder seul «la petite» - sa femme part écouter de la musique. Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser. Et du côté des forces de secours et de l'ordre, rien n'annonce l'horreur imminente.
Chant polyphonique, élégie narrative, «Terrasses» porte la parole de ceux qui ont vécu la joie puis la terreur, restitue les gestes, les regards échangés, la sidération partagée, offre à tous la possibilité d'un avant l'«après», dont le temps érode l'impossible oubli.
https://zazymut.over-blog.com/2024/10/laurent-gaude-terrasses-ou-notre-long-baise-si-longtemps-retarde.html
« J’ouvre les yeux. Je me dis que cette journée est belle puisque nous allons nous voir ce soir. Je souris à l’idée de ce rendez-vous et sens, dès le matin, cette boule dans le ventre qui dit que je t’aime peut-être plus que je ne le pensais ».
Il fait beau, des rendez-vous sont pris entre amants, amantes, amis, amies, sœurs, peut-être les derniers beaux jours avant la mauvaise saison.
Tout s’enclenche sous de joyeux auspices. Les jumelles vont fêter leur anniversaire non à Barcelone, mais à Paris, les deux amoureuses attendent de se retrouver, la jeune mère de famille sort seule, laissant mari courroucé et bébé à l’appartement…. Aller, enfin, à un concert seule, s’amuser seule….
Mais, nous sommes le vendredi 13 novembre 2015 ; un bien sombre vendredi 13, lorsque les terroristes débarquent sur la terrasse et tirent « Ils immolent la vie, sans savoir précisément combien de morts ou de blessés ils laissent derrière eux. ». Plus loin, c’est le Bataclan que les semeurs de mort investissent. Ils tirent et s’en délectent, prennent leur temps, choisissent « « Toi, oui… Toi, pas…. » Le Hasard est arrivé. Il est sur nous, s’amuse en poussant nos vies du bout des doigts. « Toi oui… Toi, aussi... »
Celui qui est dessous prend conscience qu’il est protégé par le corps de celui qu’il entend gémir de douleur et vivre ses derniers instants.
L’inimaginable est maintenant réalité.
Laurent Gaudé, en des phrases courtes, un phrasé nerveux m’a bouleversée. Il réussit à ne pas tomber dans la pathos, il est dans l’action au présent, fait parler les morts qui ne veulent pas encore laisser leur place qui hantent et hanteront longtemps le Bataclan « Ceux qui me tuent voulaient nous contraindre, châtier notre liberté mais je ne t’ai pas donné la vie pour que tu sois soumise, Lila…. J’aurais aimé t’aimer encore si longtemps... »
Arrive la douleur des parents, maris, épouses. Les conversations s’arrêtent lorsque la mère arrive à la machine à café « Leur gravité est un peu peureuse, un peu hésitante mais sincère. Cela nous fait du bien car il nous plaît que notre douleur soit au centre de tout. C’est là qu’elle est pour nous. »
Arrive la douleur de ceux qui sont sortis vivants, blessés ou non. « Avons-nous été chanceux ou damnés ? Nous qui retournons à notre vie après avoir traversé tout cela. Nous qui n’avons pas été blessés. Nous qui avons réussi à nous enfuir à temps. »
Arrive les nettoyeurs, ceux qui ont le triste privilège de nettoyer le sang les bouts de tout. Cette odeur de meurtre qui reste ancrée en eux, sur eux « C’est l’odeur que laisse le malheur derrière lui pour prévenir qu’il est passé, qu’il pourrait revenir, qu’il est tout-puissant »
J’ai aimé l’hommage que Laurent Gaudé rend a tous ; les morts, les blessés, les survivants, ceux qui sont là pour sauver des vies, trier et, en amont, participer à la logistique. Cette femme au téléphone dans la salle et la standardiste qui lui répond « Alors je lui demande de ne plus rien dire. Je veux qu’elle se taise, qu’elle devienne invisible… Je lui dis que je lui parlerai toute la nuit s’il le faut. Je lui dis à voix basse « Ne bougez pas, il ne faut pas qu’ils vous voient » » et puis soudain, après un tir, le silence… puis la peur, le doute « Je ne saurai jamais ce qui l’a trahie, si c’est moi, si c’est l’espoir que lui donnait ma voix ».
Un récit choral bouleversant. Laurent Gaudé me fait passer du bonheur, de l’attente du bonheur au cauchemar, à l’indicible avec ses mots à lui. Ce livre est le premier que je lis sur les massacres du 13 novembre 2015. Je ne pouvais pas... mais parce que Laurent Gaudé et que je n’ai pas regardé la quatrième de couverture, j’ai pu lire, écouter son récit, et… C’est une superbe lecture, un gros coup de cœur.
On pensait avoir tout lu sur cette date gravée à jamais dans nos mémoires, alors pourquoi y revenir ? Tout simplement pour donner la parole à toutes celles et tous ceux qui ont été touchés dans leur chair et dans leur âme par ces attentats ; pour entremêler leurs voix, leurs pensées, leurs sidérations où qu'ils aient été. Il y a ceux qui ont voulu profiter de la douceur de cette fin de semaine pour boire un verre ou dîner en terrasse, ceux qui déambulaient dans les rues, ceux qui avaient réservé longtemps à l'avance leur place de concert pour entendre leur groupe de hard rock favori, ceux qui étaient de service. Tous ignoraient que leur destin allait basculer, que le « dieu Hasard » rôdait par là.
Loin d'être inconséquent, loin d'être irrespectueux envers toutes celles et toux ceux qui ont été impactés par les attentats, Laurent Gaudé s'empare de cette nuit d'horreur et trempe sa plume dans leur âme. À travers ce récit ramassé, il parvient à marier la plus subtile sensibilité à la plus atroce barbarie pour en faire jaillir toute l'humanité. Il suspend le temps, survole les lieux, donne voix à ceux dont la vie a bousculé, ceux qui ont été percutés par cette violence sans y avoir été préparés, à ceux que l'on a appelé pour signaler l'horreur, à tous ces professionnels qui travaillaient, à ceux qui ont spontanément repris du service quand ils ont reçu ce message et ont compris l'urgence, à tous ces anonymes qui passaient par là, à ceux qui ont tenu des mains, ont demandé aux victimes comment elles s'appelaient, à ceux qui ont prodigué les premiers soins, ceux qui ont fait des garrots comme ils pouvaient pour que les âmes ne s'envolent pas et priant pour que les secours prennent rapidement le relais, aux premiers arrivés sur place, à ce médecin qui s'est lancé dans la course contre la mort, qui a dû choisir quel corps réparer en priorité, à tous ces proches qui ont appelé encore et encore sans jamais entendre le son de la voix espérée.
C'est à toutes celles et tous ceux dont la vie a changé à jamais ce soir-là, à ces nombreux héros anonymes qui ont tout mis en oeuvre pour dépasser leur peur et aider leur prochain que Laurent Gaudé, avec des mots simples mais ô combien percutants, rend hommage dans Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé. Ce récit est bouleversant, prend aux tripes, mais est infiniment et profondément humain. C'est terrassant, mais c'est à lire.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2024/08/mon-avis-sur-terrasses-ou-notre-long.html
Laurent Gaudé nous offre un récit choral saisissant et renoue avec la tragédie contemporaine sur les attentats sanglants du 13 novembre 2015 à Paris.
Un court roman empli d'émotions où l'auteur nous fait revivre cette journée qui avait si bien commencé et qui nous plonge dans les ténèbres de l'horreur, la détresse et le chaos tout en transmettant parallèlement beaucoup d'amour et d'humanité.
D'une plume poétique et d'un ton dramatique et juste, et d'une puissance émotionnelle que le lecteur ressent, s'identifie et vit cet événement dramatique.
Ce texte est écrit avec délicatesse, sensibilité, finesse et respect que je ne peux que vous le recommander.
C'est fort, juste et puissant ! Lisez-le !
COUP DE COEUR ♥️
Ce texte, empreint de beauté et d’humanité, se dresse comme un hommage face à la barbarie des attentats du 13 novembre 2015.
Laurent Gaudé, dans un court récit bouleversant, capture de manière unique la tragédie vécue par chaque protagoniste du livre.
Le vendredi 13 novembre 2015, Paris profite d’une soirée douce, et les individus s’apprêtent à passer une soirée en compagnie de leurs proches, amis, famille ou amoureux.
L’auteur nous invite à suivre plusieurs protagonistes passant de l’une à l’autre, depuis le lever du jour jusqu’à la tombée de la nuit.
C’est une lecture puissante et profondément émouvante, qui nous immerge dans le quotidien de ces personnages, chacun rempli d’attentes, de joie et de désirs.
Ce soir-là, les terrasses parisiennes sont animées. Au Bataclan, le groupe californien Eagles of Death Metal joue en concert, laissant présager une soirée mémorable.
Au fil des pages, le lecteur est immergé dans les terribles événements qui vont secouer Paris, et c’est d’autant plus bouleversant quand on connaît l’issue tragique de cette nuit fatidique.
Les mots semblent insuffisants pour décrire l’horreur de cette tragédie, où tant de vies seront brutalement interrompues.
Pourtant, avec un talent et une sensibilité remarquables, l’auteur parvient à redonner vie aux victimes, le temps d’une lecture poignante qui leur rend hommage.
Un livre profondément marquant rappelant l’importance de ne jamais oublier.
Laurent Gaudé dans ce texte magistral a réussi à mettre des mots sur l'indicible.
Vendredi 13 novembre 2015, Paris, il fait une belle journée, on pense à la soirée qui devrait suivre, un verre en terrasse avec des amis, un concert, la fête. La vie qui bat son plein et jamais on n'imagine ce qui va arriver, l'inimaginable. Cette soirée d'anniversaire pour deux soeurs, l'impatience de deux amoureuses, cette mère qui s'autorise à sortir sans sa fille.... Une soirée qui très vite tourne au cauchemar, inutile de vous en dire plus cette soirée, elle est je pense gravée dans toutes nos mémoires.
C'est un texte puissant d'une extrême humanité que nous propose Laurent Gaudé. un récit polyphonique où se croisent des passants, des victimes, des survivants, des policiers, les troupes du GIGN, des soignants, un urgentiste qui devra faire d'horribles choix, des parents, des proches. Ce sont des destins brisés, marqués à tout jamais de façon indélébile.
Ce qui est incroyable dans ce texte d'une beauté extrême, sans pathos, c'est qu'à la lecture on a l'impression d'être dans la tête des différents protagonistes, l'impression d'être là, de vivre avec eux cet insoutenable cauchemar. J'ai ressenti l'horreur, l'injustice, la colère, la tristesse infinie à la lecture mais aussi de l'humanité, de la compassion. Je n'oublierai pas Mathieu et Julie ♥
Ce récit découpé en 10 séquences est un très bel hommage à ceux qui ne sont plus, à ceux qui de près ou de loin ont vécu ce drame marqués à jamais. L'écriture est poétique, sensible, pudique.
Une lecture indispensable dont on ne sort pas indemne mais où l'amour et l'humanité sont signes d'espoir.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Le Hasard s'empare de nous, de tout, déchire des jeunes gens dans des flaques de sang et leur tord les traits. Il dévie nos chemins avec une joie féroce et donne à l'horreur le nom de destin.
Le Hasard continue à jouer avec nous. Il invente des retardements cruels, de faux espoirs, des trajectoires de tirs improbables, des chances inespérées, des armes qui s'enrayent. Nous retenons notre souffle. Attendons, prions, supplions, essayons d'espérer.
Toi, oui. L’autre, pas. » A une seconde près, un centimètre près. Avoir de la chance ou pas.
Il faut quelques secondes pour saccager une vie mais des années pour la réparer.
Tous inconnus les uns des autres. Tous incapables d’imaginer que nous serons bientôt unis.
Si l'enfer existe, nous y sommes. La lenteur de leurs gestes lorsqu'ils approchent d'un corps. L'assurance de leur domination sur nous. Leur calme. Il ne reste rien face à cela — que notre peur.
Y a-t-il un bruit que le malheur aurait fait en se levant et que nous aurions dû reconnaitre ?
Je suis dans la fosse. Abasourdi par l'explosion mais soulagé. Il se passe quelque chose. A partir de là, ce n'est plus un massacre, c'est un combat. Des hommes viennent à notre aide. Les tueurs vont devoir partir, se replier. Tout bascule. Vous avez fait cela. Vos balles ont éloigné la mort comme quelqu'un qui tape sur le sol pour éloigner les serpents.
Nous savons, à cet instant, que nous faisons partie de la longue chaîne de la vie qui se met en branle pour essayer de contrecarrer la mort, la longue chaîne qui s'est formée sur les boulevards, puis les ambulances, la longue chaîne de vie que la ville oppose à la barbarie, et nous nous sentons graves. Chacune sait que c'est pour cela qu'elle a choisi ce métier : soulager, guérir, sauver. Alors nous toutes, chacune à notre poste, nous essayons de ne pas laisser la nervosité nous gagner, mais comme le temps est long... Et finalement, les premiers blessés arrivent.
C'est la lenteur qui vient maintenant. Il faut quelques secondes pour saccager une vie mais des années pour la réparer. Longue patience du corps qui va devoir se rééduquer, gagner du terrain, séance après séance. Volonté des muscles d'aller plus loin, de tirer un peu plus fort, de repousser les limites, pour marcher à nouveau. Longue patience patience de l'âme qui s'effondre parfois, se met à pleurer, pense que rien n'aura plus jamais le goût d'avant puis se reprend, s'accroche. Vivre à nouveau. C'est un exercice difficile.
Nous avons appris qu'on pouvait mourir de marcher dans la rue, de s'attarder autour d'un verre avec des amis. Et pourtant, il faut continuer. Vivre. Comme on aime. Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés? Pas terrassés.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/07/terrasses-ou-notre-long-baiser-si.html
Ils étaient là parce qu’ils s’aimaient, qu’ils étaient heureux et qu’ils revendiquaient cette liberté.
Mais le Mal les a fauchés dans leur joie, s’octroyant le droit de distribuer la mort, laissant le hasard décider de leur destin.
Ils sont venus les secourir, les policiers, les urgentistes, les pompiers et tous ceux qui ont offert leur aide et leur cœur, malgré la peur, malgré l’horreur et ils en resteront marqués à jamais.
Laurent Gaudé donne une vie à ces centaines d’inconnus qui ont vécu les attentats du 13 novembre 2015. Et en leur offrant la parole, il les fait émerger de l’enfer dans lequel des terroristes les ont plongés.
En peu de phrases et quelques chapitres, ils s’animent sous nos yeux et ce sont ces images, ces pensées, ces rêves que nous allons garder d’eux.
Ecrire ce livre, c’était refuser de laisser dans l’anonymat ceux que le terrorisme a voulu faire disparaître. C’était aussi rendre un vibrant hommage à tous ceux qui sont venus après. Il fallait l’écriture puissante de ce grand écrivain pour les graver dans nos cœurs comme des gens heureux qui souriaient, dansaient et s’aimaient …. juste avant.
Encenser la liberté et la solidarité, c’est notre plus grande force contre la barbarie. Avec ce roman choral déchirant, Laurent Gaudé brandit l’étendard de la Vie face à l’obscurantisme.
Pour que notre vision de ce drame change à jamais, il faut lire ce magnifique roman et offrir aux victimes ce « long baiser si longtemps retardé ». Nous le leur devons.
Vendredi 13 novembre 2015. Une dernière douce soirée avant l’hiver, un temps étonnamment clément, mais on ne sait s’il s’agit d’une offrande ou d’un piége, les deux peut-être. Aurait-on dû, ce matin là, chercher un présage annonçant le malheur à venir ? Pour beaucoup, la soirée est pleine de promesses : deux jeunes amoureuses savourent leurs retrouvailles, deux jumelles ont hésité entre Paris et Barcelone pour fêter leur anniversaire, ce sera Paris… Un couple se dispute, lui doit garder l’enfant tandis qu’elle sort dans un bar avec des amies. Le quotidien, les joies, les peines d’une vie normale. Et puis un évènement va aspirer tout le reste : « Seul compte l’abîme. Et il est tout prêt« .
Terrasses est le récit de l’indicible, d’une inimaginable soirée parisienne qui a viré au cauchemar. Laurent Gaudé porte la parole de ceux qui ont vécu les attentats : victimes, témoins, officiers de police, secouristes conviés à une danse macabre, celle de la terreur pure. Comme si nous y étions, aux abords du stade de France, aux terrasses des cafés, au coeur de la fosse du Bataclan, à la merci des balles et du Hasard. « Toi, oui… Toi, pas… ». Le coeur au bord des lèvres, je me mets à la place de toutes ces personnes qui ont vécu l’horreur de cette nuit là, c’est une douleur intense qui n’est en rien comparable à ce qu’ils ont vécu. Le titre complet et le chapitre final offrent la possibilité d’imaginer que les choses auraient pu être différentes. Je me dis que ce livre devait être écrit et que Laurent Gaudé l’a fait avec courage et justesse.
Laurent Gaudé avec une écriture magistrale reprend la nuit et l’après du vendredi 13 Novembre 2015.
« L’histoire fera le récit des faits. Qui fera le récit des âmes ? »
Et c’est cela que Laurent Gaudé a voulu faire, le récit des âmes… et ça tabasse le coeur !!
C’est un récit poignant, inoubliable qui a fait tomber une grosse larme sur mon verre de lunette.
Et puis ce titre « Terrasse » si court et ce sous titre «Notre long baiser si longtemps retardé » si long mais qui est si beau comme s’il voulait laisser une trace plus douce dans notre mémoire que cette horreur laissera sur ou en chacun de nous.
« Chacun d’entre nous se sentira abîmé, même s’il n’a pas été blessé » page 119
Je conseille et remercie @flo_herisson d’en avoir si bien parlé dans sa chronique
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