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L’Homme a encore progressé, — 380 000 ans avant notre ère, les Oourham vivent dans les steppes d’Asie que la neige a envahies. Ils maîtrisent le feu et vivent à l’abri.
« La silhouette accroupie qui fourrageait dans les cendres se découpa sur la clarté des flammes ravivées, et la vision arracha un gémissement bref à Inshki’a ; sur la roche du fond de l’abri couverte de peaux, d’écorces déployées, de branches, de tronçons de bois et d’ossements prêts à brûler, montèrent et s’entortillèrent les ombres accompagnant le feu. »
L’évolution se fait par un langage plus important, le feu est maîtrisé et devient un allié du quotidien mais accompagne aussi les rites funéraires.
La chasse se pratique de façon plus habile, les lances sont plus affûtées, chaque partie de l’animal est utilisée.
Des liens sont fabriqués avec les peaux mais aussi les tendons, et deviennent une aide précieuse pour le transport des grosses proies. La viande, mise dans les peaux qui ont été préparées, est ensevelie et conservée dans le froid.
Les Oourham sont un seul clan mais scindé sur deux territoires : les terres plates et les montagnes.
Les retrouvailles sont ponctuelles et joyeuses, dans l’échange et le partage.
Avec la maîtrise du feu, notamment au sein des abris, leur sommeil protégé du froid est propice à la venue de l’Oka’a.
L’onirisme entre dans leur vie et change beaucoup de leurs perceptions et des rites.
Cette manifestation des forces invisibles, est à la fois respectées et craintes.
La dichotomie entre homme/femme devient plus évidente.
L’auteur nous gratifie de belles scènes de chasse (âmes sensibles…).
« Ils avaient mangé le mâle kuughi, la viande, et la force contenue dans ses os qu’il ne cracherait plus avec sa bouche du ventre dans le ventre des femelles. Le seul qui n’en avait pas mangé, car cela aurait pu n’être pas bon pour lui, était Ough-uaq qui l’avait tué. »
L’Homo Erectus Sapiens est né.
Ils ne sont plus des animaux comme les autres.
« Et une nuit écrasée de silence, descendit anäki. Et dans la couche blanche du matin, le long de la rivière, et jusque sous la pente d’accès à l’abri, ils virent les traces de pas de celui qui était venu et reparti sans que Oofah, cette nuit passée à guetter le dehors, ne le voie ni l’entende. »
C’est ainsi que Ough-uaq qui est la bête noire du clan, le violent, le transgresseur va prendre la tête du groupe pour les mener vers des contrées plus clémentes. Mais ce faisant ils vont rencontrer les boohr (ours) et c’est lui qui va aller à l’affrontement.
« C’était une mauvaise chose qui avait été faite. Ils ne comprenaient pas. Ils n’avaient jamais vu encore d’autres Oourham dans la vallée – s’il y avait, pourquoi avaient-ils eu ce geste ? Qui étaient-ils, pour avoir arraché ainsi les doigts d’un boohr, alors que les boohr étaient pareils aux Oourham avant que Oka’a ait donné le feu aux Oourham ? Que voulaient-ils ? »
A partir de là le rythme s’accélère poussé par un vent de folie.
Ce troisième volet de cette fresque inouïe ne perd rien de sa beauté.
Les mots cognent, nous écrasent, nous tabassent et nous ouvrent les yeux sur nos origines.
Toujours imagé et poétique le lecteur est en immersion.
On avance dans cet univers foisonnant de détails mais aussi très fort en émotions diverses.
Pour répondre à ceux qui me demande l’intérêt de lire ces 1300 pages cela me paraît évident.
Je l’avais déjà lu il y a 20 ans, mais à l’époque je ne tenais pas un blog bien évidemment : https://jai2motsavousdire.wordpress.com
Pour moi l’intérêt est de lire de façon très large ce que nous offre la littérature.
J’aime les livres qui laissent une empreinte.
Pierre Pelot est un auteur que je lis mais relis avec toujours cet émerveillement de la découverte, il a une palette très étendue et excelle dans chacune, un style magnifique et rare.
Allez, je vous laisse pour affronter le tome 4.
©Chantal Lafon
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