Le Prix Orange du Livre 2023 dévoile sa liste
Mêlant le témoignage de Gabriele à ses propres réflexions, et utilisant comme toujours son humour et son sens de la formule, Amandine Dhée atteint l'objectif qu'elle s'était fixé : « écrire un livre réconfortant sur la mort ». L'occasion de réfléchir avec elle sur nos propres angoisses, sur notre désir de transmission, sur les pertes et les liens qui unissent les êtres et qui marquent les générations. Liant l'intime au politique, Sortir au jour est aussi un texte qui questionne nos façons de faire société... On pourrait lire Sortir au jour comme un texte qui parle de la perte, mais c'est exactement l'inverse. Sortir au jour raconte ce qui nous lie.
Le Prix Orange du Livre 2023 dévoile sa liste
Cette lecture n’est pas un roman à proprement parler. C’est un texte à mi-chemin entre un essai et une autofiction, car l’autrice y évoque une partie de sa vie ainsi que ses réflexions sur un sujet précis, celui du métier de thanatopracteur et, plus largement, la fin de vie.
Ce thème ne lui est pas venu par hasard, mais a émergé au détour d’une rencontre en librairie, où elle présentait l’un de ses ouvrages. Elle y fait la connaissance de Gabriele, une jeune thanatopractrice, et un échange s’installera ensuite entre les deux femmes. L’autrice cherche à comprendre pourquoi Gabriele a choisi de se tourner vers ce métier méconnu mais essentiel. Gabriele explique alors que cette vocation est le fruit d’une reconversion réfléchie et qu’elle y trouve un sens profond. Voilà tout l’enjeu de ce texte : la quête de sens dans la vie, et par extension, à travers son métier.
Cet ouvrage, très court et rapide à lire, invite néanmoins à des réflexions profondes sur les choix de vie, la perception de ces choix par les autres, et cette volonté universelle de trouver un but à son existence. Il souligne également l’importance des actions, même lorsque les personnes que l’on côtoie ou les choses que l’on accomplit ne sont ni reconnues, ni destinées à durer. Cette réflexion est intemporelle car de tout temps, les sociétés ont cherché à honorer leurs défunts. Bien que les personnes dédiées à cette mission soient méconnues, voire invisibilisées, elles restent nécessaires pour préserver la dignité et le respect des personnes dont elles ont la charge.
Cette lecture permet de remettre l'église au centre du village et décrit la place des métiers souvent discrets mais essentiels. Elle met en lumière leur rôle crucial, qui fait que notre société est un lieu de vie et de respect de la dignité.
Dans "Sortir au jour", il y a l'écrivaine qui est en quête de sens, qui a peur de la mort et il y a Gabrielle qui a renoncé à travailler dans une agence de communication pour devenir thanatopractrice. Chaque chapitre est consacré à l'une ou à l'autre. Amandine Dhée raconte des moments de sa vie : annonce du cancer de son père, la mort de France Gall, le confinement ; et Gabrielle qui explore son métier, explique la façon de faire et de vivre le métier, pour faire oublier les clichés d'un métier jugé beaucoup trop souvent comme tabou.
Livre court, ce texte est né d'une rencontre entre Amandine et Gabrielle pour tenter une approche décomplexée de la mort avec profondeur mais aussi humour. Un texte où l'on apprend énormément sur le métier de thanatopracteur.
Deux voix pour en former qu'une, où le rapport à la mort est mis en lumière avec justesse, précision, sensibilité et simplicité. Texte réflexion, texte découverte, facile à lire par son format, son nombre de pages et grâce à une plume fluide et efficace. Malgré le sujet qui pourrait paraître plombant ce livre est tout le contraire, il est baigné de lumière !
Amandine est une écrivaine qui, à la fin d’une rencontre en librairie avec ses lectrices et lecteurs, fait la connaissance de Gabriele. Gabriele pratique un métier peu commun pour une jeune femme, elle est thanatopractrice. De leurs échanges, l’auteure nous livre un récit où elle mêle ses réflexions sur la vie, la mort, le monde actuel et celles de Gabriele qui revient sur sa profession choisie à la suite d’une réorientation professionnelle. Elle partage son expérience, sa manière d’exercer son métier, ce qu’elle ressent. En parallèle, quelques extraits d’une émission où Françoise suit le quotidien d’un thanatopracteur.
Désigné comme roman, ce texte est difficile à classer. Ce n’est ni un roman, ni vraiment un essai, c’est un récit à part. Il est intéressant car il permet de découvrir un métier méconnu, caché, un métier qu’on ne comprend pas, qui effraie même, dans un monde où la mort est devenue tabou contrairement à autrefois où elle faisait partie de la vie avec les morts préparés chez eux où ils étaient veillés par leurs proches.
C’est un récit qui nous pousse à réfléchir sur notre propre rapport à la mort, qui permet de mieux l’appréhender, d’une manière plus apaisée. Je n’aurai sans doute pas lu ce livre s’il n’était pas dans la sélection du Prix du meilleur roman Points sélection 2025 mais je ne regrette pas la découverte ! Le style de l’auteure est fluide et sensible, ce qui en fait un récit facile à lire malgré le sujet si sérieux. Et au final c’est plutôt un hymne à la vie ! À découvrir !
#PrixdumeilleurromanPointsSélection2025
Le livre d'Amandine Dhée s'enracine dans la peur de la mort. La rencontre de l'auteure (l'autrice !) avec Gabriele, une thanatopractrice, lui donne le courage et la force d'affronter cette peur en osant "simplement" parler de la mort, sans fard et sans tabou, en nommant et racontant ce qui, habituellement - par superstition ? par crainte de la provoquer ? - est dissimulé sous des formules plus neutres, parce que "les mots forment une trame assez serrée pour contenir l'effroi" (p.37).
Cependant, "mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Camus. Alors Amandine Dhée accepte de nommer et décrire/d'écrire autant que faire se peut ce qui relève de l'impensable : l'angoisse de la mort de ses enfants ; le cancer qui abat une amie chère ; la mort d'une chanteuse qui s'accompagne du deuil des jours enfouis et de l'enfance ; la menace qui pèse sur un père ; le décompte quotidien des morts lors de la pandémie de Covid... En contrepoint, Gabriele, qui "travaille avec les morts" (p.17) raconte son travail, les soins qu'elle apporte aux corps qui lui sont confiés et comment elle conçoit et perçoit sa démarche professionnelle.
"Sortir au jour" n'est pas un traité philosophique, une analyse existentielle ou métaphysique. Il y a pourtant un peu de tout cela dans ce petit (par le nombre de pages) livre. Simplement, modestement, une femme pose des mots sur des pensées, des questions, un cheminement qui lui sont propres mais qui tendent vers l'universel. L'angoisse ne disparaît pas pour autant, mais peut-être semble-t-elle plus familière, comme apprivoisée, circonscrite par des mots et par les liens qu'ils tissent.
Malgré une thématique qui a tout ce qu'il faut pour être bien plombante, "Sortir au jour" garde l'espièglerie qui est une des marques distinctives de l'écriture d'Amandine Dhée. Le ton est pétillant de malice mais toujours juste et la finesse d'observation ne s'appesantit pas d'analyses ronflantes. L'auteure écrit ce qui est et c'est aux lecteurices d'en faire ou non leur miel. Pour ma part, j'en ai fait mes délices tant j'aime ce choix d'évoquer des choses graves avec une élégante et délicate légèreté. Tout se passe comme si, en nous parlant de la mort, Amandine Dhée et Gabriele nous plongeaient au plus éveillé de la vie. Et c'est lumineux.
Après le succès de la Femme brouillon (2017) récompensé par le prix Hors Concours ou encore A mains nues (2020), l'écrivaine et comédienne Amandine Dhée prend un virage à 360 en publiant Sortir au jour (éditions La Contre Allée) au début de l'hiver 2023. Loin d'être passé inaperçu dans la sphère littéraire, le court ouvrage a de quoi susciter la curiosité par sa thématique. Ce n'est pas tous les jours que l'on aborde la thanatopraxie, et pourtant…!
La narratrice du roman est autrice. Lors d'une rencontre en librairie, elle fait la connaissance de Gabriele, une thanatopractrice. Si les deux femmes semblent évoluer dans des milieux professionnels très distincts, elles nouent rapidement un lien et le dialogue s'installe. Abordant leurs activités respectives, Gabriele évoque ce métier jonché de clichés et de préjugés qui tendent à la décrédibiliser parfois. Cet échange mènera petit à petit à l'écriture d'un livre initiant de chaque côté des récits de vie, mais aussi de mort, qui s'entremêlent volontiers pour laisser naître toute une philosophie sur l'existence humaine.
Il est difficile de faire entrer ce livre dans une catégorie ou un genre : est-ce un roman ? Un entretien ? Un récit ? Il semble tout à la fois, marqué par une hybridité dans laquelle il est très agréable d'avancer. Ces chapitres qui mutent donnent la parole à la narratrice et écrivaine, angoissée par la mort, figée par ce jour tant redouté où tout s'arrête. A cela, s'ajoute la transmission aux générations suivantes et la peur, en tant que mère, de ne pas avoir assez fait ou assez donné à ses propres enfants. Cette rencontre cruciale avec Gabriele ouvre la voie d'une pensée nouvelle pour elle, tandis que la crise sanitaire et les morts se succèdent. La lumière se fait alors toute particulière sur ce métier, Gabriele est une travailleuse de l'ombre pourtant essentielle dans le processus de deuil. Pour le commun des mortels, être thanatopracteur est un métier de « dérangé » , c'est celui qui fait « la sale besogne » du cycle funéraire.
La narratrice l'assume, elle aussi avait des idées reçues sur la profession : « Forcément, pour un métier pareil, j'imaginais une personne jaunâtre et grisonnante et pas cette jolie jeune femme qui sourit avec malice » . Dans cet entretien, Gabriele peint son quotidien avec les morts, elle leur parle avec douceur, les maquille de tout son attirail Make Up For Ever, leur enfile les habits préalablement préparés par les proches. Tout doit être parfait pour ces familles endeuillées qui verront dans ce résultat final une image immuable de l'être chéri, la toute dernière avant la mise en terre ou la crémation. Dans l'envers du décor, le macabre n'a pas sa place au laboratoire. Ici, on honore le corps en le préparant vers le dernier chemin avant l'ultime espace de repos.
S'initient alors plusieurs réflexions intrinsèques autour de la mort, « de toute façon je l'ai bien entendu dans la bouche de Gabriele, elle dit leur défunt, leur mort. Une fois mort, on ne s'appartient plus tout à fait » , « il me semble que l'on peut naître et mourir sans jamais être le préféré de qui que ce soit. C'est ensemble qu'il faut penser nos morts » . Toutes les deux racontent une histoire à la lueur de l'étrangeté inédite qui perdure dans la vie qui s'arrête, l'une s'occupe d'un nouveau-né, sa « bébée » , l'autre d'un nouveau mort et cette passerelle ténue est extrêmement bien amenée par l'écriture d'Amandine Dhée. Si le texte entier aborde le décès, il crie l'absolue nécessité de se tourner vers le vivant tant que c'est encore possible. Sortir au jour est un memento mori qui embrasse fougueusement un carpe diem. Une vraie réussite.
J'avais beaucoup aimé son passage à La grande librairie et il me tardait de découvrir son livre .
Le biais pour aborder le thème de la mort est original : la rencontre avec une thanatopractrice,
leurs récits se croisent et se répondent, traitant d'une plume légère, avec humour et distance et, l'air de rien,
une réelle profondeur, ce sujet qui pourrait être morbide, sinistre et plombant .
On est loin du pathos, de la périphrase prudente, il y a beaucoup de simplicité et de sobriété (et d'humour!) dans l'écriture .
On découvre non seulement un métier atypique et intriguant mais aussi des tranches de vie qui parlent surtout de la vie.
Un réel plaisir de lecture dont on sort serein.e.
Après "La femme brouillon" sur la maternité, voici que j'ai lu "Sortir au jour" sur la mort.
Cette autrice a le don de parler de choses qui font partie de la vie de tout le monde, d'entrer dans l'intime, avec sincérité et humour. Et contrairement à "La femme brouillon", ici la délicatesse est de mise, ce qui donne un livre bien plus réconfortant que plombant.
J'ai appréhendé cette lecture comme des petites chroniques de vies : celle du double fictionnel d'Amandine Dhée, celle de Gabriele, une thanatopractrice, et celle de Françoise qui vit la vie de Didier, thanatopracteur également (dans l'émission "Vis ma vie").
Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, mais pleins de petits morceaux de vie, amenant à réfléchir à notre rapport à la mort, à notre façon de vivre le deuil, de réagir à des morts inattendues, trop précoces, à la maladie, trop proche... à la difficulté d'en parler aux enfants.... Et ce livre permet également de mettre la lumière sur une profession méconnue : la thanatopraxie, qui est pourtant essentielle, car elle permet d'adoucir la dernière image que l'on peut avoir de nos proches.
J'apprécie vraiment la plume d'Amandine Dhée, qui rend le récit très proche de nous. Nous vivons tous la même chose, de différentes façons certes, mais ce sujet nous concerne tous.
Amandine Dhée réalise cette gageure d’écrire un livre sur le thème de la mort dans une ambiance de sérénité.
Les confidences de la narratrice, sur ses angoisses profondes alternent avec les propos d’une thanatopractrice, qui démystifie ce métier inspirant à la fois attraction et répulsion. Un troisième type d’interlude propose des extraits d’une émission de télé-réalité sur le thème Vis ma vie, où la candidate découvre elle aussi les mystères de cette profession.
Crainte de la maladie, difficulté de parler du sujet aux enfants, premiers décès familiaux, toutes ces expériences qui nous font prendre conscience de notre finitude. Les rites, les traditions autour de la disparition inéluctable sont autant de témoins de ce que notre société fait de ses morts.
Quant à ce métier mal connu, que seules quelques séries policières mettent à l’honneur, dans un décor un peu idéalisé, Il a les honneurs des récit et le mérite. Un roman récent en parlait avec beaucoup respect : Une terrible délicatesse de Joe Browning Wroe. On y percevait toute la dimension profondément humaine de la pratique, qui consiste à laisser aux proches une dernière image apaisée de leur défunt. Il nécessite une approche emphatique et un savoir faire qui entretient l’illusion. Il s’agit plus d ‘éloigner la vision d’un cadavre générateur de répulsion que que magnifier le corps, dernier lien physique que l’entourage percevra.
Pas de formule détournée, de métaphore ou d’euphémisme, le texte ose aborder ce sujet délicat, sans tabou, seule façon de ne pas surenchérir sur la peur de l’inconnu.
128 pages La Contre allée 13 janvier 2023
sélection Prix Orange 2023
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