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Dans la misère d'un bidonville haïtien, une toute jeune fille éprise d'une camarade de classe observe les adultes, leur violence, leurs faiblesses, leurs addictions... et tente de donner corps à ses rêves d'évasion. Le premier roman âpre et poétique d'un poète et dramaturge de vingt-six ans, notamment lauréat du Prix de la Vocation de la fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour son recueil de poésie «Nul chemin dans la peau que saignante étreinte» (Cheyne Éditeur, 2017).
Je ne connaissais pas Jean D’Amérique et un jour, je suis allée l’écouter parler de son travail.
Jean d’Amérique est un poète Haïtien. Il n’a que 21 ans lorsqu’il publie son premier recueil de poèmes. Il va ensuite enchainer les prix de Poésie et s’installer à Paris. Il garde cependant toujours un pied en Haïti et continue à y puiser son inspiration et sa soif de vivre.
Il publie en 2021, son premier roman Soleil à coudre qui recevra le Prix Montluc Résistance et Liberté 2022. Je l’ai donc lu pour vous.
Ce roman est très court mais demande une lecture attentive. Avec poésie, il nous raconte la vie quotidienne en Haïti. L’histoire est vue par une jeune fille Tête Fêlée qui nous parle de sa mère Fleur d’Orange qui vend son corps pour faire vivre sa famille, de son beau-père, Papa, qui est la petite main du pire malfrat de la ville.
C’est avec la poésie et les mots que Jean d’Amérique a choisi de combattre la violence, l’horreur, la misère, la drogue, la prostitution, de nous sensibiliser au quotidien de ces hommes et de ces femmes.
C’est un premier roman d’une violence parfois insoutenable, d’une réalité fracassante. Une magnifique découverte et une belle rencontre.
Tête Fêlée a douze ans et grandit dans la misère d’un bidonville haïtien. Sa mère Fleur d’Oranger fait commerce de son corps. Papa, qui n’est pas son vrai père, est l’un des hommes de main du caïd qui tient la ville sous sa coupe. Dans la nuit de sa vie sans avenir, l’adolescente s’est trouvé une étoile : Silence, une camarade de classe dont elle est amoureuse. Mais la naïveté de l’enfance survivra-t-elle longtemps à la cruauté du monde ?
Ce qui fait l’unicité de ce livre est d’abord le style sans pareil de son auteur, qui, mariant la crudité la plus directe à une poésie puissamment imagée, crée une langue originale, singulièrement travaillée, parfois déconcertante mais souvent d’une confondante beauté. Aussi chatoyante que brutale, elle assène ses vérités noires en les habillant de lumière, dans des tableaux d’une violence colorée qui évoquent tantôt la poésie contestataire du slam, tantôt le chant d’une tragédie éternelle.
Car les rêves et les espoirs qui gonflent encore le coeur de Tête Fêlée sont condamnés dans l’oeuf par l’irrépressible étau de la violence qui écrase un par un les habitants du bidonville. Misère rime avec loi du plus fort, et dans cette impasse du crime, organisé ou pas, que constitue ce quartier perdu, l’on est irrémédiablement seul et rattrapé par la nuit, même lorsqu’on a cru un temps en la beauté d’une étoile.
Désespéré et cruel, ce conte qui habille sa révolte de poésie est un cri d’une formidable puissance en même temps que d’une profonde dignité : une très belle voix pour le peuple haïtien, en proie à tant des maux, mais dont personne, parmi les autorités du pays, ne prend vraiment au sérieux les mouvements de contestation.
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