L'écrivaine et critique littéraire est membre du jury du Prix Orange du Livre 2019
Depuis qu'elle a été adoptée par Mrs Winterson, Jeanette a toujours lutté. Contre sa mère et sa morale religieuse stricte, contre ceux qui l'empêchent d'aimer et de vivre comme elle l'entend. Heureusement, elle a rencontré les livres. Et les mots sont devenus ses alliés. Jeanette écrit pour réinventer sa vie, s'extirper du gris, apprendre à aimer et être libre enfin.
L'écrivaine et critique littéraire est membre du jury du Prix Orange du Livre 2019
Jeanette Winterson revient sur son enfance.
Adoptée, elle sera maltraitée par sa mère, pentecôtiste rigoriste, et négligée par son père qui fermera les yeux.
Il y a beaucoup de solitude dans ce récit.
Malgré cette violence, elle arrive à mettre de l'humour en racontant son histoire.
Son homosexualité est abordée et rendra sa mère folle. Ce joli titre "pourquoi être heureux quand on peut être normal" sera une phrase prononcée de manière édifiante par celle-ci.
Puis, elle saute 25 ans de vie sans prévenir et, à la cinquantaine, elle part sur les traces de ses origines et de ses parents biologiques.
Le récit est assez inégal, le regard est distancié presque froid et le style un peu répétitif.
Une autobiographie intéressante mais sans plus.
Je ne connaissais absolument pas Jeanette Winterson ni son parcours en ouvrant ce livre. Je me suis laissée emporter par l'écriture, j'avais envie de noter et retenir toutes ses réflexions, souvent justes, émouvantes... A retenir de ce récit : le pouvoir de la lecture puis de l'écriture dans l'épanouissement de l'auteur, leur importance dans une vie.
Pourquoi être heureuse quand on peut-être normal ? est l'autobiographie intellectuelle de Jeanette WInterson. Consciente d'elle-même et de la construction fragile de notre identité ce beau livre fait naître une certaine ambivalence chez le lecteur. Celle née du cheminement vers ses émotions.
Découvrez une note détaillée sur mon blog :
https://viduite.wordpress.com/2017/03/07/pourquoi-etre-heureux-quand-on-peut-etre-normal-jeanette-winterson
Difficile pour moi de critiquer ce livre.
L’enfance de l’auteur a été impitoyable sous le joug de sa mère adoptive, une pentecôtiste intégriste.
Que d’errances et de questionnements pour penser avoir le droit au bonheur dans sa vie d’adulte !
Comment surmonter le traumatisme d’une telle enfance ?
Le pouvoir des livres et des mots lui a été d’un grand secours dès l’adolescence. Plus tard, la recherche de sa mère biologique aussi.
Si j’ai ressenti beaucoup de compassion pour elle, je n’ai pas aimé lire ce livre.
Je pense qu’il lui a été salutaire d’écrire tout ça, mais que ces lignes auraient du rester dans des cahiers personnels, et non dans un livre public.
Je me sens un peu à contre courant vu le nombre de critiques élogieuses, mais un malaise subsiste au-delà de la compassion.
Jeannette Winterson raconte dans ce livre sa propre histoire. Elle nous parle de son adoption et de la difficulté de ne pas s'être sentie voulue. Elle montre toute l'ambiguïté des relations avec ses parents adoptifs et aussi la complexité des retrouvailles avec sa famille naturelle. Un témoignage qui marque.
Dans ce récit autobiographique, Jeanette Winterson retrace son parcours, depuis son adoption et son enfance auprès d'une mère traumatisante jusqu'à son combat pour affirmer son identité et son orientation sexuelle, et enfin, rechercher ses origines.
Certains passages sont très riches et très intéressants; pour autant, on ressent très fortement la colère, la rancœur de l'auteur, au point de verser dans le malaise parfois : ce livre est surtout, par certains aspects, une longue plainte laborieuse...
Jeanette WINTERSON est une romancière britannique qui a connu un vrai succès de librairie en 1985 avec « Les oranges ne sont pas les seuls fruits ». Et la voici qui récidive quelques vingt ans plus tard avec « Pourquoi être heureux quand on peut être normal », C’est comme si elle reprenait le cours de son récit sur la réinterprétation de son enfance de gamine adoptée et élevée dans une famille où la religion rythmait chaque instant du quotidien, condamnant ses premiers émois homosexuels. Ces nombreux thèmes déjà abordés dans ses précédents livres lui ont permis de se poser en Angleterre comme une ardente combattante de la cause féministe et les milieux littéraires gays en ont fait leur égérie.
Encore plus que les anecdotes dévoilées sur la bigoterie de sa mère, son éducation spartiate et sa rugosité, ce que je retiens de cet auteur et de son dernier roman, c’est le ton qu’elle utilise pour écrire. En effet j’y ai trouvé, pour mon plus grand bonheur, un savant mélange duquel se dégageait un zeste d’humour, une pincée de piquant, un soupçon d’attendrissement, une rasade de fraicheur naïve et une lampée de nostalgie, le tout fouetté, à souhait, ne laissant qu’une impression de légèreté.
Quelle belle prouesse littéraire !
Incontestablement, les épreuves traversées pendant l’enfance ont permis à Jeanette WINTERSON de trouver cette juste distance dans le déroulé réinventé de ses récits. Elle pourrait faire sienne la citation du 10 juin 1891 qu’André Gide a couché dans son Journal « C'est mon enfance solitaire et rechignée qui m'a fait ce que je suis. »
D'abord il y a une femme, sonore, immense, "pas à la bonne échelle, plus vaste que nature", un personnage de conte de fées, là "où les proportions sont approximatives et instables". Cette femme, c'est Mrs Winterson, la mère de l'auteur, plus précisément sa mère adoptive car il y a aussi, comme une ombre en creux, la mère biologique, trop jeune à la naissance de son bébé et qui l'a confiée à l'adoption. Mais si ce pâle fantôme traverse le roman, il n'est pas de taille à rivaliser contre l'envahissante, volumineuse et autoritaire Mrs Winterson, "une femme qui passait ses nuits à faire des gâteaux pour ne pas avoir à dormir dans le même lit que mon père. Une femme qui avait une descente d'organes, une thyroïde déficiente, un coeur hypertrophié, une jambe ulcéreuse jamais guérie, et deux dentiers — un mat pour tous les jours et un perlé pour les grands jours". En proposant d'emblée au lecteur, pour préambule de son récit d'enfance, le portrait de cette femme bigote pentecôtiste, oppressante, déséquilibrée, aux avis tranchés et aux préjugés tenaces, Jeanette Winterson présente le personnage central et donne le ton de ses confidences sans complaisance.
Née en 1959 à Manchester, adoptée par les Winterson à "plus de six semaines mais moins de six mois", Jeanette vit jusqu'à l'âge de 18 ans à Accrington, petite ville industrielle du Lancashire, entre une mère tyrannique et un père effacé. La petite maison est remplie d'interdits et de punitions mais vide d'amour et de livres. Entre elle et sa mère "l'amour n'était pas une émotion ; c'était le terrain miné qui (les) séparait". Et pour des raisons obscures et absurdes, tout livre est banni. Pour assouvir son désir d'évasion, il ne reste donc à la jeune fille que la bibliothèque municipale où elle lit de façon intensive et déterminée tous les livres de littérature anglaise, de A à Z. C'est ainsi qu'elle découvre qu'un "livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l'ouvrez. Vous en passez le seuil." Et vous n'en revenez pas. "La littérature et la poésie sont des médicaments, des remèdes. Elles guérissent l'entaille pratiquée par la réalité sur l'imagination."
C'est donc une mélodie sur deux tons que Jeanette Winterson compose son récit. Un ton âpre, cru, truculent, teinté d'une ironie mordante et cruelle, pour les épisodes de son enfance, le portrait de sa mère, les blessures et les humiliations. Et un ton doux, rêveur, poétique, inspiré, passionné, pour toutes les réflexions sur l'écriture, la littérature et l'amour.
Grâce à cette double tonalité, l'auteure nous fait pleinement ressentir la distance entre elle et sa mère, une distance qui ne cessera de se creuser et qui est tout entière résumée dans la phrase lapidaire prononcée par la mère à sa fille qui tente d'expliquer, de "justifier" son homosexualité en invoquant le bonheur : "pourquoi être heureux quand on peut être normal ?" Cette interrogation jetée sur le pas de la porte est bien plus profonde qu'il n'y paraît car tout est dit des visions antagonistes des deux femmes. La mère n'aspire qu'à être normale quand la fille ne désire rien d'autre qu'être heureuse. Cette interrogation vient placer aussi au second plan le récit cette l'enfance malheureuse vécue dans une sorte de "conspiration du silence" pour mettre au premier plan le thème essentiel de cet ouvrage : l'émancipation, le chemin vers une libération, long et difficile tant il est vrai qu'il "faut beaucoup plus de temps pour s'extirper du lieu psychique que du lieu physique". Même hors du foyer familial étouffant – "mon père était malheureux, ma mère était dérangée. Nous étions des réfugiés dans notre propre vie" – il faudra du temps à Jeanette pour parvenir à la libération de son corps et des carcans sociaux, de la révélation de son homosexualité au choix de son destin. S'émanciper, s'assumer seule, satisfaire sa soif de savoir, oser écrire et devenir écrivain. Découvrir que le langage littéraire, davantage encore que la littérature est le point d'ancrage et le point d'horizon de cette libération. Vivre l'amour aussi, "l'amour. Le mot difficile. Où tout commence, où tout revient toujours. L'amour. Le manque d'amour. La possibilité de l'amour."
Récit autobiographique, récit d'initiation et de retrouvailles, manifeste féministe et féminin, l'ouvrage de Jeanette Winterson est aussi, surtout, une ode aux mots, à la lecture et à l'écriture. "Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’il existe deux types d’écriture ; celle que l’on écrit et celle qui nous écrit. Celle qui nous écrit est dangereuse. Nous allons là où nous ne voulons pas aller. Nous regardons où nous ne voulons pas regarder". C'est pour cela qu'il est urgent, impératif, d'écrire. D'écrire sa vie, de s'écrire soi, d'écrire le monde.
"Raconter une histoire permet d'exercer un contrôle tout en laissant de l'espace, une ouverture. C'est une version mais qui n'est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendues par quelqu'un d'autre, pour que l'histoire perdure, soit de nouveau racontée. En écrivant, on offre le silence autant que l'histoire. Les mots sont la part du silence qui peut être exprimée."
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