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Au coeur de la tempête qui dévaste la Nouvelle-Orléans, dans un saisissant décor d'apocalypse, quelques personnages affrontent la fureur des éléments, mais aussi leur propre nuit intérieure. Un saisissant choral romanesque qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort, la plainte des sacrifiés, le chant des rescapés.
Bonjour. Un ouragan est annoncé à la Nouvelle Orléans . Nous allons suivre pas à pas les instants juste avant , pendant et après l’ouragan de plusieurs personnages : On rencontre d’abord Joséphine , vieille femme noire , survivante du racisme , de la pauvreté : » Je suis Joséphine Linc Steelson . Je monte dans le bus avec l’Amérique tout autour de moi , sur mes épaules , dans mes cheveux … Et , la Louisiane monte avec moi , les bayous, les jacinthes et leur odeur écoeurante , le corps jamais retrouvé de Marley , les regards d’insulte dans le bus , l’ivresse de la victoire après des années de lutte… ». Puis il y a Keanu dont la vie est une mise à l’épreuve constante qui cherche la paix et qui peut - être la trouvera « .. une nouvelle force est en lui .. Il est pressé . Pressé de parcourir ces centaines de kilomètres … ». On entend les lamentations de Rose: « regarde les rues de la ville qui se vident , les grappes de gens qui courent pour évacuer les maisons et elle sait qu’il n’y aura pas de place pour elle » ou ces prisonniers plein d’un espoir nouveau: » l’électricité a sauté , les portes se sont déverrouillés … Nous sentons ,pour la première fois depuis des années , la morsure vive du vent » . Et ce prêtre qui se croit investit d’une mission qui soudain voit arriver les gens vers son église «: Oh comme il est beau d’œuvrer à cela… » .
L’ouragan tel un purificateur montre le meilleur comme le pire des hommes ; chacun des protagonistes en attend une réponse ; une meilleure vie peut - être . Dans ce chaos les hommes essaient de remettre en ordre leur vie comme si c’était une Dieu qui pointait le doigt sur leurs actes .
Belles lectures
Alors que l'orage Katarina a dévasté la Nouvelle Orléans, nous suivons l'errance des personnages, noirs qui m'ont pas pu partir comme les blancs et sont confrontés à toutes les horreurs de cette destruction.
Un livre saisissant, qui raconte sans pudeur le ressenti de ces personnages. L'auteur ne joue pas sur la corde sensible, il raconte avec justesse ce que quelques personnes ont pu vivre ces jours là.
J'ai pour ma part eu un peu de mal à différencier les 2 femmes au début.... mais surement un manque d'attention. Les destins se croisent, se rencontrent et s'éloignent, de manière claire.
Portée par son écriture et poétique, j'ai avalé ce livre en quelques heures et le referme avec émotion.
Un roman qui a du souffle, dense, palpitant et envoûtant, dont la construction, particulièrement adaptée au sujet, par flashes où se croisent les personnages,s’apparente à l’effet de l’ouragan .
Laurent Gaudé concentre, dans un suspense haletant, le destin des laissés pour compte de la ville, leur donnant, par des retours sur leur passé, un poids romanesque. Il alterne les regards sur ses personnages , présentant la négresse Joséphine et le pasteur d’un point de vue interne grâce un monologue qui nous fait partager le cours de leur pensées et de leurs angoisses , et le couple Rose et Keanu , d’un point de vue externe, par un récit à la 3 personne, comme s’ils étaient filmés par une caméra qui observe leurs gestes et leurs regards.
Deux personnages m’ont particulièrement marquée:
Joséphine à laquelle l'auteur donne une dimension mythique. Par son discours qui ponctue régulièrement le récit, elle m’est apparue comme la voix du chœur dans le théâtre grec, celle qui présente et commente l’action; et par son chant final comme la voix du « deep South », celle des négro spirituals , qui rappelle avec puissance et dignité les tourments endurés par ceux de sa race . » Moi, Joséphine……je suis la Louisiane, les flots et l’ouragan ……..la mère de tous les nègres…..la négresse des bayous » .
Quant au pasteur qui déclare « je suis un fauve et un chasseur », j’ai revu en lui un avatar du trouble et inquiétant pasteur du film « La nuit du chasseur » qu’incarnait Robert Mitchum .
Un roman où la dimension fantastique croît constamment, par l’apparition progressive des alligators , par l’avancée du pasteur, deux prédateurs de cauchemar; où la mort sans cesse menaçante et redoutée, se présente à la fin dans deux scènes particulièrement émouvantes mais sans pathos, apportant rupture, séparation mais aussi paix et réconciliation .
Un roman puissant, riche, et dont certaines scènes n’ont pas fini de m’ obséder.
Immersion dans l’ouragan qui frappe La Nouvelle Orléans , parallèle entre la ville dévastée et les cœurs dévastés , chant choral sur le malheur de la communauté noire ... on s’attache au retour coûte que coûte contre les éléments déchaînés de Keanu vers Rose suite à un terrible drame inavouable, un doute insupportable ... à sa rencontre avec l’enfant du silence à qui il donnera une légitimité . Un roman à la dimension apocalyptique soutenu par l’écriture incantatoire de Laurent Gaudé
Beau roman un peu chaotique sur le passage d' un ouragan ayant ravagé la Nouvelle-Orléans. C'est fort, il y a beaucoup de personnages, c'est cependant un peu confus pour moi . La plume de Laurent Gaudé est tout de même agréable et les personnages attachants.
Les personnages, tout d'abord, sont attachants, tous à leur manière. A savoir que tous les personnages sont noirs de peau, et que le thème du racisme est omniprésent dans ce livre. On trouve différents points de vue au sein de ce récit. Tout d'abord, celui de Joséphine Linc. Steelson, une vieille femme, une "vieille négresse" comme elle le dit elle-même, mais aussi une jeune maman avec son garçon, Byron. Un homme qui revient d'une plateforme pétrolière est a été quelque peu traumatisé par cette expérience, puis Buckeley, un criminel, entouré de ses "collègues" prisonniers, et un révérend (blanc de peau cette fois) qui se prend pour la main de Dieu. Je les ai tous trouvé touchants, sauf le révérend que j'ai eu envie de tuer à plusieurs reprises et que j'ai détesté au plus haut point. Tout ce petit monde va se croiser à diverses occasions, à plusieurs reprises et nous allons suivre ce périple à leurs côtés.
L'écriture de Laurent Gaudé est très rythmée. Lorsque la "vieille négresse" s'exprime, le paragraphe commence toujours par "Moi, Joséphine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans" ce qui permet de nous familiariser avec cette femme et avec le récit. Le changement de point de vue apporte également une réelle dynamique à l'histoire. Grâce aux points de vue interne utilisé par quelques uns des personnages, on se met véritablement à leur place, et on vit le cauchemar dans lequel ils sont. Le point de vue omniscient du narrateur nous permet, lui, de mieux comprendre tout ce qui se passe dans la ville, les conséquences de l'ouragan, le passé des personnages.
On trouve également dans ce récit une (légère) critique de la société américaine qui ne cesse de revenir à cette discrimination, ce racisme, où les blancs se pensent supérieurs et où les afro-américains sont laissés pour compte.
« Ils nous discernent mieux maintenant, ils peuvent nous compter et voir qu'il n'y a qu'une seule couleur dans le bus (...) et je vois qu'ils comprennent enfin que tous ceux qu'ils ont laissés derrière eux étaient noirs. Ils ont honte. C'est bien. (...) Qu'ils baissent les yeux. »
Ce livre nous plonge dans une atmosphère palpable, là où tout peut arriver, où les humains sont livrés à eux-même et peuvent sombrer très rapidement dans la folie. On est transporté en Louisiane, au cœur des bayous et de la détresse des gens. Je ne suis pas prête d'oublier cette lecture.
Je vous partage un extrait qui m'a vraiment marquée dans ce récit, et qui reflète, d'après moi, l'une des plus grandes vérités sur cette Terre.
« Les hommes détalent, ils ont tort. Ils devraient rester pour voir que leurs maisons ne sont rien, que leurs villes sont fragiles, que leurs voitures se retournent sous le vent. Ils devraient rester car tout ce qu'ils ont construit va être balayé. Il n'y aura plus d'argent, plus de commerce et d'activité. Nous ne sommes pas à l'échelle de ce qui va venir. Le vent va souffler et il se moque de nous, ne nous sent même pas. Les fleuves déborderont et les arbres craqueront. Une colère qui nous dépasse va venir. C'est bien. Les hommes qui restent et verront cela seront meilleurs que les autres. Nous allons tout perdre. Nous allons nous accrocher à nos pauvres vies comme des insectes à la branche, mais nous serons dans la vérité nue du monde. Le vent ne nous appartient pas. Ni les bayous. Ni la force du Mississippi. Tout cela nous tolère, le plus souvent, mais parfois, comme aujourd'hui, il faut faire face à la colère du monde qui éructe. La nature n'en peut plus de notre présence, de sentir qu'on la perce, la fouille et la salit sans cesse. Elle se tord et se contracte avec rage. Moi, Joséphine Linc. Steelson, pauvre négresse au milieu de la tempête, je sais que la nature va parler. Je vais être minuscule, mais j'ai hâte, car il y a de la noblesse à éprouver son insignifiance, de la noblesse à savoir qu'un coup de vent peut balayer nos vies et ne rien laisser derrière nous, pas même le vague souvenir d'une petite existence. »
Magnifique roman sur la condition humaine à travers cette situation de catastrophe naturelle, on y suit l'héroïne principale sous le nom de Joséphine Linc Steelson qui se dépeint comme une vieille "négresse" libre et combative et on l'as suit à travers ce bouleversant roman, belle écriture simple et touchante, à lire sans hésiter
Aucune inquiétude. Commencer un Laurent Gaudé ne peut être que source de bonheur littéraire.
Pourtant, je suis un peu perdue au départ dans cet entrelacs de personnages sans lien apparent entre eux. Et même, on passe de l’un à l’autre dans la même phrase, et…. on ne sait plus trop de qui ça parle.
Mais, tout se met en place, malgré la fureur de l’ouragan qui s’abat sur La Nouvelle-Orléans.
Et ces voix sont celles de ceux qui restent debout, qui, jusqu’au bout veulent donner un sens à leur vie. Leurs destins se croisent et s’entremêlent. L’ouragan qui dévaste tout à l’extérieur est aussi à l’intérieur de chacun d’eux.
Comme toujours, l’auteur nous dépeint un univers lourd et sombre, et réussit à nous y émerger totalement.
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