Regards croisés entre une lectrice et son adolescente qui ont lu le livre ensemble
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Mayalc92
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Regards croisés entre une lectrice et son adolescente qui ont lu le livre ensemble
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Du Prix Orange du Livre en Afrique au Prix Goncourt des Lycéens, l'incroyable parcours de la romancière camerounaise
Le roman de l’autrice camerounaise avait été récompensé sous le titre "Munyal, les larmes de la patience"
Ce livre est plus connu sous le titre "Les impatientes" . C'est un roman mais pas que, c'est aussi la dure réalité des femmes au mariage forcé, battues, violées, humiliées. Je ne peux pas me mettre à la place des épouses, mais tout au long du roman je ressens la colère, la tristesse, la honte, la frustration. L'auteure nous embarque totalement dans son histoire ou je me sens impuissante... Munyal...
Roman passionnant. Destin de trois femmes confrontées à la polygamie et à ses conséquences.
« Munyal ! Munyal… munyal ma fille !
Combien de fois a-t-elle entendu ce mot ? Combien de personnes lui ont donné ce conseil ? Encore et toujours de la part de tous. Par toutes les circonstances douloureuses de sa vie. On le sait d’ailleurs, on ne conseille le fameux munyal comme remède souverain à tous les maux que dans les moments difficiles. On le sait, c’est dans la douleur qu’on dit à une personne : « supporte ! ». »
Et les femmes peules supportent, supportent, supportent.
Ramla et Hindou, deux demi-sœurs, le père a plusieurs épouses, sont mariées le même jour. Ramla très instruite, aurait tant aimé être pharmacienne, d’ailleurs c’était son plan avec Aminou son jeune fiancé qu’elle aime. Le couperet est tomé, l’oncle l’a promise à un autre,le père s’y soumet, rompt ses fiançailles pour la marier à un riche cinquantenaire dont elle sera la seconde épouse. C’est mieux pour les affaires familiales.
Malgré les supplications, il n’en sera pas autrement, Munyal les filles, munyal !!!
Patience à toi Ramla qui voulait continuer tes études et te retrouve seconde épouse avec obligation d’aider et respecter la première épouse devenue « daada-saare », c’est-à-dire que tu pourrais être corvéable à merci, sans jamais t’en plaindre bien entendu, Munyal, ma fille !
Hindou, elle, sera la femme de son cousin Moubarak, un bon à rien qui a sombré dans l’alcool, la drogue, les filles faciles…
Munyal ma fille ! et honte sur toi qui revient chez ta mère avant une année de mariage parce que ton mari a failli te tuer, que tu t’es sauvée pour protéger ta peau.« Personne ne parut plus que cela scandalisée par mon état. Ce n’était pas un crime ! Moubarak avait tous les droits sur moi et il n’avait fait que se conformer à ses devoirs conjugaux. Il avait certes été un peu brutal, mais c’était un jeune homme en bonne santé et viril ! En plus, j’étais belle comme un cœur ! Il ne pouvait que perdre la tête par tant de charmes. » Munyal ma fille !
Bonnes conseillères, les tantes énumèrent la liste des courses, pardon, de ce qu’elle DOIT être pour son époux chéri :
« Je dois soumission à mon époux !
Je dois être son esclave afin qu’il me soit captif !
Je dois être sa terre afin qu’il soit mon ciel !
Je dois être son champ afin qu’il soit ma pluie !
Je dois être son lit afin qu’il soit ma case !
Je dois épargner mon esprit de la diversion !
Si j’avais compris les conseils de mon père, j’aurais été soumise au désir de mon époux et ainsi, il n’aurait pas été obligé de me brutaliser. J’aurais dû m’estimer heureuse qu’il m’honore. » Surtout après une nuit de noces terminée à l’hosto avec plusieurs points de suture suite à un viol répétitif ! Le jeune époux pour être certain d’assurer a pris des pilules de Viagra avec alcool et autres drogues, un vrai bouc en rut. Munyal, ma fille, munyal !
« Oui Baaba, je sais, j’ai compris tous tes conseils. Avec mon époux, je ne dois jamais bouder, être colérique ou bavarde, dispersée ou suppliante. Je dois me montrer pudique, reconnaissante, patiente, discrète. Le valoriser, respecter sa famille, me soumettre à elle. Lui apporter mon aide, préserver sa fortune, préserver sa dignité, réserver son appétit. Epargner sa vue, épargner son ouïe, épargner son odorat ». Lorsque Hindou marmonne ainsi, on la traite de folle, de possédée !!
Ce n’est pas mieux du côté de la première épouse, Safira. Elle qui a régné en maîtresse pendant vingt ans sur le coeur et le corps de son époux, le voici qui entre dans la concession au bras d’une jeune épousée, trop jeune. La voici devenue « daada-saare », guide de la maison « Si la maisonnée vit en harmonie , c’est à son mérite et à elle les compliments. Elle jouira alors de considération et estime car elle se sera montrée digne. Si au contraire il y a discorde, alors on indexe logiquement l’aînée ! Ça sera sa faute, de son incapacité à gérer la famille »… La daada-saare est la poubelle de la maison, tous les détritus reviennent sur elle. Elle est le pilier de la concession, le pilier de toute la famille. » Munyal ma sœur, munyal !! Elle entre en résistance et veut en sortir victorieuse, cette nouvelle épouse doit être répudiée. Une grosse partie de sa fortune en bijoux, qu’elle revend, passe chez les marabouts et autres charlatans, jusqu’à ce qu’elle ait une idée de génie (malfaisant). Le grand bénéficiaire est le mari qui feint d’ignorer les tensions, la guerre larvée que mène Première Epouse.
La patience a ses limites, munyal ou pas. Ramla, Hindou, Safira le prouvent chacune à sa manière, selon sa propre psychologie, sa force.
Dieu ! Que le poids de la tradition, de la religion, est dur pour ces femmes peules. La tradition vient par les femmes. Comme il doit être dur d’envoyer sa fille vers un vieil homme, vers un homme qui la battra … Mais « Tu dois savoir une fois pour toutes que tes décisions n’influencent pas que ta vie ». Il y a la mère par peur d’être répudiée, la fratrie dont il faut assurer le train de vie, Les autres épouses qui guettent l’instant de la déchéance. Ce que ressent la jeune épousée n’entre jamais en ligne de compte. Munyal ma fille ! Patiente et supporte avec le sourire.
Dans la nouvelle concession, point de solidarité à attendre « Quand on se sent mal dans sa peau et dans sa vie, on en devient vite égoïste… On ne peut se sentir plus solitaire qu’au milieu des autres. »
Djaïli Amadou Amal d’une écriture simple directe m’a fait entrer dans un monde de violence frontale ou feutrée. J’ai vécu dans les trois concessions, c’est ainsi que les peules appellent leurs demeures où se côtoient beaucoup de monde, co-épouses, enfants, parents, grands-parents, « lécheurs de cul » pour les plus riches.
Un coup de coeur pour ce livre au contenu si fort, si prenant, qui a reçu, cette année les prix de la presse panafricaine et Orange du Livre en Afrique. J'aimerais beaucoup que ce livre connaisse une large diffusion en France.
Merci Françoise de m’avoir permis de le découvrir.
Ramla, Hindou et Safira sont trois femmes au même destin : mariée sans consentement ni amour qui vont subir la la patience (Munyal) de toute femme peule africaine. Soumission, violence, interdits, viol conjugual, statut de co-épouse, être mère de nombreux enfants vont vont devenir leur quotidien.
Ramla souhaiterait étudier, avoir une profession et choisir son mari par amour elle essaie de se rebeller . Mais elle se voit contrainte par son père et sa famille de suivre son destin.
Hindou sa demi-soeur est mariée à son cousin, violent. Mais après une fugue, elle est contrainte à revivre dans la maison de son mari et subir toutes les humiliations. Devenue dépressive toute la communauté croie qu'elle est possédée et folle.
Safira ne supporte pas que son mari prenne une deuxième épouse belle et jeune (Ramla). Jalouse, elle veut préserver sa place de première femme et protéger ses enfants. Elle va user de manigances, supercheries, méchancetés, mensonges pour que son mari répudie Ramla. La violence entre les femmes est aussi très présente.
L'auteur camerounaise, nous sensibilise aux conditions difficiles que vivent de nombreuses femmes africaines contraintes aux lois des hommes qui les entourent et régis par la tradition des communautés et la religion.
Munyal, munyal, munyal. Patience dans la langue peule et un mot que Djaïli Amadou Amal a un jour refusé d’entendre, refusé de suivre, refusé le fait que les femmes soient éternellement la soumission des hommes et qu’elles doivent toujours être patientes. La patience a ses limites surtout quand le seul droit est celui d’obéir et de ne pas se plaindre.
Djaïli Amadou Amal est née au Cameroun, de mère égyptienne et élevée dans la culture islamopeule. La plupart des filles ne vont pas à l’école car « l’école est perçue comme une institution chrétienne et les filles ne sont pas encouragées pour aller apprendre, par exemple dans une classe de 3°, 50 élèves et seulement 6 filles ». Djaïli Amadou Amal a essayé de braver les interdits en lisant des livres, en escaladant des murs pour aller à la bibliothèque du centre catholique, seul endroit avec des ouvrages à disposition ; elle rêvait d’être journaliste et de présenter un jour le 20H. A 16 ans, elle a présidé dans son collège un club journalistique et a même participé à un défilé : « j’ai eu six demandes en mariage car j’étais devenue un trophée ». Mais le livre demeurait sa bouée de secours et « mettre sur le papier ce que j’avais envie de dire, de dénoncer ».
Dans "Munyal, les larmes de la patience", fiction inspirée de faits authentiques, elle décrit la violence sous toutes ses formes à commencer par les mariages forcés (et pourtant interdit dans l’islam), une femme ne s’appartenant jamais, elle est sous la « propriété » du père, de l’oncle… d’un homme. Le viol conjugal n’est pas reconnu comme un crime et la violence morale trouve un terrain de prédilection dans la polygamie. Si une femme ose se rebeller, elle va être accusée de sorcellerie, de folie ou déclarée comme étant sous l’emprise des djinns. Toute la société est complice y compris les autres femmes. Et si un homme défend une femme, il deviendra aussi une victime.
Si le mariage est un échec, « ce sera à cause de la femme, toujours à cause de la femme. Dans une union une femme doit tout accepter, encaisser sans se plaindre ». Une violence perpétuée par les hommes mais aussi par les femmes, « les pères forcent mais les mères sont complices ».
Ce roman est une façon magistrale de dénoncer le sort de milliers de femmes et d’essayer de briser le silence sur cette soumission et l’absence d’émancipation. Un récit poignant, écrit brutalement, à l’image du vécu. Par les mots, elle place directement le lecteur face à la détresse de ces jeunes épouses, privées totalement de liberté et à qui, pourtant, on répète inlassablement qu’elles « ont de la chance » ! La chance d’être forcée physiquement, la chance d’être battue, la chance d’être au service de l’homme 24h/24, la chance d’être interdite de crier lors de l’accouchement, la chance de partager le mari avec d’autres épouses, la chance d’être une éternelle mineure, la chance d’être victime d’un amalgame entre religion et traditions vernaculaires, la chance de subir les mauvaises interprétations de l’islam, la chance qu’un homme, un mari, un père ne se remette jamais en question. La chance… soit belle, soumise et tais-toi !
Si l’écrivaine africaine s’arme de crayons de combat, c’est pour la femme, évidemment, mais aussi pour la mère qu’elle est devenue, refusant que ses filles soient un jour forcé par cette domination phallique. De la littérature comme exutoire à la création de « Femmes du sahel » en 2012 au Cameroun pour offrir une éducation à la femme et à la jeune fille et sensibiliser la société sur les mariages forcés et autres violences à l’encontre du genre féminin.
Blog : https://squirelito.blogspot.com/2019/06/une-noisette-une-femmede-combat-djaili.html
Le titre en dit long il doit etre formidable j aimerais tant le lire
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Mayalc92
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Merci à toi de me le faire découvrir, j'en avais vaguement entendu parler; je vais le mettre en pense-bête