Regards croisés entre une lectrice et son adolescente qui ont lu le livre ensemble
Regards croisés entre une lectrice et son adolescente qui ont lu le livre ensemble
Découvrez ce livre avec votre ado et chroniquez-le ensemble !
Par la lauréate du Goncourt des Lycéens et du 1er Prix Orange du Livre en Afrique
Du Prix Orange du Livre en Afrique au Prix Goncourt des Lycéens, l'incroyable parcours de la romancière camerounaise
Seini et Boussoura forment un couple parfait et moderne. Ils ont réussi à vivre ensemble pendant 25 ans, sans encombre et en monogamie. Ce dernier point est rare dans leur pays, le Cameroun, ainsi que dans la communauté religieuse à laquelle ils appartiennent.
Mais tout bascule lorsque l’oncle de Seini meurt et qu’il faut désigner un nouveau lamido au sein de sa famille. Seini appartenait lui-même à un lamidat, étant fils d’une concubine. Nul besoin d’être familier avec ces concepts pour comprendre le roman car l’autrice nous plonge rapidement dans cette société codifiée et en explique les rouages avec clarté.
Le choix se porte sur lui et Seini accepte la fonction. Boussoura n’est pas convaincue, car elle comprend très vite ce qui l’attend, malgré l'assurance de son mari, qui lui promet que rien ne changera entre eux. Mais une fois en fonction, et malgré ses promesses, Seini doit se plier aux règles et aux coutumes de son nouvel univers. C’est alors que le lecteur bascule dans un autre monde, un huis clos où les femmes sont destinées à servir le lamido. Le récit alterne entre les points de vue de Seini, de Boussoura et des différentes concubines, mettant en lumière les attentes et les désillusions de chacun.
Ce roman est à la fois une immersion dans un huis clos aux intrigues de cour et une analyse de la psychologie d’un couple bouleversé par une prise de fonction. Il interroge les valeurs de chacun, l’impact du pouvoir sur une personnalité et jusqu’où l’on est prêt à aller pour s’adapter à un nouvel environnement, quitte à renier sa nature profonde et ses convictions. C’est un roman puissant, parfois choquant, et surtout, on en ressort en se demandant ce qu’on aurait fait à la place de Boussoura. Car la place et les choix des femmes sont au cœur de cette histoire.
Ramla, une jeune fille peule et musulmane du nord du Cameroun, a été donnée en mariage par son oncle à un riche homme politique local. C'est très loin du rêve de Ramla, qui voulait poursuivre des études et épouser Aminou, lui aussi étudiant. Dans la maison de son mari, elle est accueillie par Samira, dont elle devient la co-épouse.
Le même jour, Hindou, la soeur de Ramla est donnée en mariage à Moubarak, un cousin dépravé et violent.
Cela faisait trois ou quatre ans que ce roman attendait dans la mémoire de ma liseuse. Je n'osais l'ouvrir, de peur d'être déçu ; et j'avais tort... Il aura fallu une semaine de vacances au pied de la dune du Pilat pour que je me lance, avec à la fin un seul regret, celui de ne pas avoir osé plus tôt.
Je pense que l'on peut qualifier ce roman de "chorale". On y suit successivement les rêves d'émancipation de Ramla, jusqu'à un mariage imposé, les violences subies par Hindou, auprès d'un mari dont elle ne voulait pas, et le combat et les manigances de Safira, première épouse qui ne veut pas être supplantée par la jeune fille qu'est Ramla.
Cette triple narration est édifiante, laisse pantois... Comment cela est-il encore possible ? Et pourtant, hélas, ce n'est que le reflet d'une réalité. Peu importe que ce soit au Cameroun ou ailleurs... Et l'on comprend mieux le titre : "munyal" (patience) ce cesse t'on de répéter aux femmes du livre. "Patience" et "soumission" seraient les clés du bonheur. Mais les héroïnes de Dajïli Amadou Amal sont plutôt "impatientes" et "insoumises"...
On s'attache à ces trois femmes, aux rêves inachevés de Ramla et à la résilience de Hindou. On aurait pu douter de Safira, qui ose tout pour rester la première, mais dont l'humanité ouvrira finalement des portes à Ramla.
L'écriture est belle et fluide. Elle suggère les violences faites aux femmes, mais n'hésite pas à les décrire crument lorsque nécessaire. Le livre est plutôt dur, mais il se lit pourtant d'une traite.
Ce livre est "une fiction inspirée de faits réels" nous dit l'une des premières pages. "Hélas", suis-je tenté d'ajouter. Il a obtenu de nombreux prix, dont plusieurs auprès du jeune public (Prix Goncourt des lycéens en 2020, Grand prix du roman métis des lycéens en 2021). Voilà qui l'éclaire d'un rayon d'optimisme !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.unblog.fr/2025/01/10/les-impatientes-de-djaili-amadou-amal-aux-editions-emmanuelle-colas-un-chef-doeuvre-poignant/
« L'amour n'existe pas avant le mariage, Ramla. Il est temps que tu redescendes sur terre. On n'est pas chez les Blancs ici. Ni chez les Hindous.
Tu comprends pourquoi ton père ne voulait pas que vous regardiez toutes ces chaînes de télé ! Tu feras ce que ton père et tes oncles te diront.
D'ailleurs, as-tu le choix ? Epargne-toi des soucis inutiles, ma fille.
Epargne-moi aussi, car ne te leurre pas, la moindre de tes désobéissances retombera invariablement sur ma tête »
Quel roman bouleversant !
A travers ce roman chorale, l'autrice dénonce les conditions des femmes au Cameroun.
On va suivre trois femmes aux destins chamboulés, toutes les trois mariées de force.
L'écriture est simple, juste et incroyablement forte.
Ce livre est un combat - une aire de révolte dans ce monde polygame et violent des hommes.
Si vous ne l'avez pas encore lu, lisez le ! Soutenons cette autrice dans ce combat !
Livre très dur à lire sur les violences faites aux femmes.
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