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Pour Marie-Antoinette (1932) Zweig avait réuni une abondante documentation. Il fournit le même travail préparatoire lorsqu'il reconstitue le conflit qui, dans Marie Stuart (1935), oppose la reine d'Écosse à Élisabeth Ire d'Angleterre. Lecteur assidu mais critique de Freud, l'écrivain explore la psychologie de ses héroïnes. Certaines de ses remarques peuvent de nos jours paraître entachées de préjugés. Elles contribuent toutefois à la compréhension en situation d'une lutte acharnée entre deux femmes au corps en proie au désir et condamné au vieillissement. Princesses proches par le sang et le rang, soeurs qui jamais ne se rencontrent, Marie et Élisabeth sont liées par une inextricable communauté de destin.
La supériorité d'Élisabeth, politique calculatrice, sur une Marie spontanée et prompte à s'enflammer comme à se résigner, éclate au dénouement de ce qui se veut, par sa forme, son intensité et ses péripéties en cascade, un moment historique dramatique. Pour caractériser ses personnages, Zweig use du terme technique de dramatis personae. Le fait que l'affrontement se situe au xvie siècle lui permet de tracer des parallèles ponctuels avec Macbeth, Le Roi Lear, Hamlet. Ce siècle anglo-écossais tout de fureur « barbare », confère à la guerre des reines une dimension collective où la religion joue son rôle : la Réforme résiste à la Contre-Réforme, l'Angleterre fait pièce à la France et à l'Espagne. En ce moment où l'histoire bascule, la condamnation de Marie, dont la tête tombe sous la hache du bourreau, donne au drame une coloration indubitablement tragique.
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