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« Un jour, je me suis remarié.
Le lendemain, mon père quittait son domicile. Entre les deux événements, personne dans la famille n'a fait le lien.
Et pourtant, mon frère est psychiatre.
J'avais ma petite idée mais j'ai préféré la garder pour moi. Mon père, je le connaissais mieux que personne. Pour une raison toute simple : nous avions divorcé ensemble. Lui de ma mère, moi de ma première femme.Lui le lundi, moi le mercredi, de la même fin juin 1975. Et rien ne rapproche plus qu'un divorce en commun. Alors je savais que les coups de tête n'étaient pas son genre. Il suivait des plans, toujours généreux dans leur objectif, mais le plus souvent déraisonnables. Cet été-là, nous avons commencé à parler d'amour, mon père et moi. Nous n'avons plus cessé. »Erik Orsenna
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"L’Origine de nos amours" (Stock), Erik Orsenna à livre ouvert
Habitué aux Essais voyageurs d'Erik Orsenna sur le Gulf Stream, les cartographes ou le coton, j'ai été plutôt surpris par ce récit autobiographique d'une sincérité très émouvante. Si tous les grands auteurs sont passés par l'exercice obligatoire du roman consacré au Père, tous n'ont pas eu la même délicatesse et le même humour élégant qui transparaissent au fil des pages de cette quête. Le gène des amours contrariés ou des amours impossibles existe-t-il ? Prétexte débridé d'Orsenna qui livre ici un roman très personnel, à la fois empreint de pudeur et de dérision. Le Père est éternel ! Nous pouvons nous en réjouir.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/06/17/33955080.html
« Sitôt son émerveillement calmé, sitôt son assiette de cochonnailles avalée, il nous avait détaillé sa philosophie de l'union entre un homme et une femme : l'origine de nos amours, personne n'en connaît rien. Cela tient de mécaniques immenses, comme la dérive des continents, mais aussi d'harmonies minuscules. Mais si je peux me permettre un conseil, mes enfants : prêtez la plus grande attentions aux débuts. Ne laissez pas les malentendus, ou la peur, ou la hâte étouffer cette chance immense qu'est l'origine. Oui, ne laissez pas les débuts tuer l'origine ! Ce sont les premiers jours qui donnent le la, ou qui lancent le train si vous préférez. »
Erik et son père se retrouvent à divorcer au même moment en 1975. Alors qu'il était difficile pour eux d'avoir des conversations communes, ce « heureux » hasard les rapproche : ainsi débute une longue réflexion père-fils sur l'amour et la soi-disante malédiction familiale de la conjugalité.
Erik Orsenna nous offre une histoire charmante et pleine d'humour, à son image. Cependant, ce roman est davantage un hommage au père qu'à l'amour en tant que tel. Erik voue une admiration profonde à son père, « sosie de Clark Gable », plus amoureux de l'amour finalement qu'amoureux véritablement. On s'amuse à lire leurs déboires sentimentaux d'autant plus qu'Erik Orsenna a une plume tellement savoureuse. L'histoire de l'aïeul Augustin « Aogoustine » Arnoult, qui a vécu à Cuba, vaut son pesant de cacahuète tout comme le passage où le père s'émerveille à propos de... Parly II : « L'explosion de notre famille retarda son projet. Mais notre père continuait d'entendre en lui l'appel de Parly II. Dès qu'il fut libre de ses choix, je veux dire divorcé, il partit emménager dans sa Jérusalem ».
Au final, Erik Orsenna livre un bien joli roman, truculent, qui finalement donne foi en l'amour et si celui-ci n'est pas forcément au rendez-vous, il reste toujours l'amour filial. Notons au passage que l'auteur, comme à son habitude, en profite pour distiller ici et là, mine de rien, quelques petits moments d'érudition.
Découvrez ce livre, vous passerez un beau moment.
Le père et le fils se retrouvent dans leur refuge de l’île de Bréhat pour soigner une «maladie» commune : ils ont divorcé en même temps de leurs épouses respectives, en 1975. L’occasion d’un dialogue père-fils sur l’origine de leurs amours et… de leur malédiction.
Grâce aux digressions qui sont la marque de fabrique d’Erik Orsenna et dont l’érudition et la curiosité régalent ses lecteurs de livre en livre, cette conversation va être l’occasion d’en apprendre davantage sur les ingénieurs qui ont fait la gloire de la France, sur le rôle des amants dans les jouets, sur le vocabulaire de la voile. Sans oublier la méthode de la pêche à pied qui prouve, une fois encore, que le père d’Erik est bien un héros. Cette méthode soigne les bleus à l’âme et consiste à ramasser dans un petit panier tous les petits trésors que l’on peut amasser au fil des jours. Quand au bout d’une semaine ou d’un mois, on renverse son panier, on comprend que «les collections de bonheurs minuscules permettent de traverser les passes difficiles».
«C’est ainsi que me revint, d’abord timide puis déployée, la joie de vivre, ce très étrange sourire intérieur.» Un moteur indispensable à l’écrivain, déjà nourri «de mots, de scènes, d’intrigues et de rebondissements» par toute sa famille.
On comprend certes que «dans cet univers mouvant où toutes les vérités sont possibles et se contredisent» il soit bien difficile de bâtir un amour stable, mais avec un égoïsme non dissimulé, on se réjouit de ces drames familiaux à répétition. Car ils nous offrent ces plaisirs de lecture presque jubilatoires lorsque l’auteur nous entraîne sur les pas d’une famille presque normale : «Double origine : le Bordelais et la Haute-Loire. Rien de particulier. Les mariages durent. Les naissances et les morts s’enchaînent. Rien à signaler. (…) Tout se gâte quand l’un de nos ancêtres de la branche bordelaise, tailleur de son état, décide de partir pour Cuba.»
Voici donc Augustìn Arnoult sur la petite île des Caraïbes au début du XIXe siècle. À la terrasse du café situé sur la place principale, il ne sait plus où donner de la tête – à tel point qu’il sera obligé de consulter pour des problèmes vertébraux – s’il veut détailler tous ces corps somptueux qui s’offrent à lui. Il est pourtant jeune marié et ne peut imaginer dans cette occupation qu’une déformation professionnelle, une sorte de prospection de nouveaux clients.
C’est du moins ce que le père tente, dans un premier temps, d’expliquer à son fils. Mais l’écrivain (et le lecteur !) veulent en savoir plus sur cette généalogie qui a conduit via le grand père cubain né en 1860 à cette malédiction du mariage instable.
Habilement, Erik Orsenna nous fait patienter avant de nous en dire plus. Car son père disparaît. C’est la recette qu’il trouve pour conjurer le sort.
Dans son appartement, Eric (on notera que tout au long du récit, ce sont les vrais noms et prénoms qui sont utilisés) trouvera, outre le dossier généalogique, des dossiers soigneusement annotés et malheureusement peu fournis aux noms de chacune de ses compagnes successives. Catherine, la mère de ses enfants, puis Isabelle dont il fait des vœux pour cette fois, « ce soit la bonne».
On l’aura compris, il ne s’agit pas ici d’un guide matrimonial, bien bien plutôt d’un bel hommage d’un fils à son père, ce héros qui aura tout tenté pour faire le bonheur de sa progéniture. Voilà donc l’origine de l’amour filial.
Et c’est tellement bien que ‘on se réjouit du livre qui sera consacré à sa mère et qui est quasiment annoncé dans les dernières pages.
http://urlz.fr/3Gn7
Erik Orsenna est un très bon écrivain, il aurait pu se contenter de ce statut, ou de celui d’immortel, de n’être qu’au auteur érudit voir un peu soporifique… Mais non, il est tout l’inverse, charmant, affable, drôle.
Agaçant, me direz vous pour un homme qui réussit tout brillamment ?? Et justement, pas tout à fait car s’il y a bien un domaine dans lequel il n’excelle, c’est celui du mariage. Tout cet ouvrage « hommage » à son père (aujourd’hui disparu) est la possible explication de ses échecs, car père et fils subissent une malédiction. La malédiction de leur ancêtre cubain.
Voilà, à partir de là, le roman est un prétexte aux explications loufoques, aux stratagèmes, aux mensonges pour la bonne cause afin d’essayer de changer cette situation. C’est drôle, joyeux, souvent touchant et peut être qu’Erik Orsenna nous livre son récit le plus personnel. Je dis peut être, car qu’en est il vraiment entre la fiction et la réalité ??
Si je pouvais en discuter avec l’intéressé, ce serait très certainement, un autre très bon moment !!
En attendant, il reste celui de cette lecture.
L’origine de nos amours de Erik ORSENNA
Quand le père et le fils divorcent en même temps, des liens se renouent et la réflexion se lance sur cette malédiction qu’ont les deux hommes à pouvoir garder leurs épouses.
Erik Orsenna nous emmène dans un livre plein de fantaisie, nous racontant la relation tout aussi ambiguë qu’il l’unit à son père sur la fin de sa vie.
J’ai trouvé ce livre très plaisant à lire. Le ton est léger et parfois drôle, mais avec beaucoup de tendresse.
Extraits :
Au délice alors ressenti de jouer avec la vérité, à cette soudaine et vertigineuse impression de liberté, j’ai deviné que désormais je ferais tout pour les éprouver à nouveau. Plus tard, allongé dans mon lit, ma lampe éteinte, je me souviens de m'être dit : quand tu mens, des ailes te poussent. Plus rien ne t’impressionne.
Et je me suis endormi oiseau.
Ainsi naissent les vacations de romancier.
Vous avez tout de suite compris que, dans notre famille, c’est notre soeur que le Créateur a dotée d’esprit pratique. Elle avait commencé une carrière brillante chez Europ Assistance. Quand, pour mieux s'occuper de sa famille nombreuse, elle a décidé de tout abandonné, adrénaline, responsabilités, bon salaire et perspectives plus alléchantes encore, son directeur s’est désespéré.
Les travaux de rédaction rapprochent. On se penche l’un vers l’autre, on se frôle, on se touche, et les esprits communiquent forcément. C’est mécanique, professionnel, pas sentimental. De temps en temps, je surprenais certains coups d’oeil d’Isabelle jetés sur ma propre personne. Parfois on aurait presque dit de l’affection, de la tendresse, voire de l’amour.
D’ordinaire les hommes sont plutôt taiseux. Ils croient, les imbéciles qu’ils n’ont pas de temps à perdre avec les “il était une fois”. Et que dire, c’est s’épancher, et que les mots personnels sont comme les larmes, juste bons pour les femmes.
S’il vous plaît, Françoise, encore une minute. J’ai appris que pour déclencher une maladie, il faut le plus souvent que se combinent plusieurs gènes. Pour note cas, ce serait là ère de la passion des voyages allié au gène de la curiosité allié au gène de la timidité surmonté pas le gène du culot …
L’Origine de nos amours
Erik ORSENNA
(lire, mars 2016)
LE LIVRE
Les aimants sont de drôles d’objets qui aiment l’incongruité. Cette idée, par exemple, que les contraires s’attirent, tandis qu’« en matière d’amour, c’est plutôt la ressemblance qui fait les unions durables ». Spécialiste des dits aimants, le père d’Eric Arnoult est un « éclopé de la conjugalité », un sosie de Clark Gable capable de séduire n’importe quelle femme, mais de n’en garder aucune – une tare qu’il semble bien avoir transmise à son fils.
Longtemps quasi étrangers, les deux hommes se sont rapprochés durant l’été 1975, celui où ils divorcèrent tous deux à quelques jours d’intervalle. Sur l’île de Bréhat, le père et le fils ont alors commencé à parler d’amour, de ces « moments magnétiques » qui rendent la vie électrique. Des échecs sentimentaux, surtout, de ces relations « catastrophiques » dont l’origine pourrait bien remonter à un certain Augustín Arnoult, séduisant tailleur cubain installé à Trinidad et à l’existence rocambolesque...
Avec facétie et émotion, Erik Orsenna dresse une cartographie intime de sa famille dans ce roman riche et foisonnant, comme inspiré par la plume d’un García Márquez.
On y visite Versailles et les Sept-Iles, on y croise Fidel Castro et Julien Gracq. On s’y amuse aussi du bonheur et des « vérités mensongères », en tâchant d’oublier la triste charrette de l’Ankou. Avec L’Origine de nos amours, l’auteur s’aventure ainsi dans le plus mystérieux des territoires, celui des sentiments et des intermittences du coeur. Comme une déclaration d’amour nécessaire, aux femmes, à l’écriture, et à ce père romanesque jusque dans sa disparition.
Imaginez vous à la terrasse d'un restaurant, observant un couple détonnant : Erik Orsenna et son papa, sosie de Clark Gable...
Ne soyez pas hypocrite, vous tendez l'oreille pour savoir ce qui les emporte dans ces discussions enflammées, tendres et drôles. Oui vous les voyez s'agiter car aucun des deux ne veut céder...
Vous avez saisi, ils s'engagent dans l'affaire de leur vie :l'origine de leurs amours, car sur eux et eux seuls dans famille, pèse un fardeau : le gène des amours impossibles.
Erik Orsenna est un conteur c'est indéniable et dans ce livre il se livre avec tout l'amour qu'il a pour son papa.
De l'opportunité d'un divorce quasi simultané, va naître une complicité qui prend son temps, qui se joue du quotidien et de la vérité pour s'approcher, s'apprivoiser entre père et fils.
Leur caractère mutuel va donner en offrande de beaux moments de tendresse, de drôlerie et de faconde que seuls ceux qui sont toujours capables de s'émerveiller, de rire comme des enfants peuvent vivre.
C'est surement le livre le plus personnel de l'auteur et indubitablement le plus doux.
Si comme l'auteur le dit un écrivain est une catastrophe pour sa famille, car il se nourrit de tout sans vergogne, c'est aussi cette faculté de redonner la vie.
Je vais ouvrir mon panier (celui de la mémoire) pour un examen de bonheur et garder précieusement le tendre sourire que j'ai en refermant ce livre.
Erik Orsenna écrit bien, très, très bien même, et en plus il a un cœur immense … Ce dernier roman porte un bien beau titre « l’origine de nos amours ». Cet écrivain aime la vie et l’exprime sans détours. Pourquoi ratons-nous nos amours, question cruciale, à laquelle l’auteur tente de répondre avec pour terres de cœur Cuba et la Bretagne. Ce roman est un livre très personnel, un dialogue entre E. Orsenna et son père, décédé il y a 3 ans, avec qui il a eu (enfin) une relation privilégiée et particulièrement autour du thème de l’amour. Un roman écrit très rapidement dont l’auteur avait besoin pour comprendre, se libérer. Et enfin oser assumer l’amour ?
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