Bakhita s'annonce comme l'un des grands livres de cette rentrée, et si on suivait les conseils de lecture de Véronique Olmi ?
De retour d'Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes, le lieutenant Romain Roller est dévasté. Au cours du séjour de décompression organisé par l'armée à Chypre, il a une liaison avec la jeune journaliste et écrivain Marion Decker. Dès le lendemain, il apprend qu'elle est mariée à François Vély, un charismatique entrepreneur franco-américain, fils d'un ancien ministre et résistant juif. En France, Marion et Romain se revoient et vivent en secret une grande passion amoureuse. Mais François est accusé de racisme après avoir posé pour un magazine, assis sur une oeuvre d'art représentant une femme noire. À la veille d'une importante fusion avec une société américaine, son empire est menacé. Un ami d'enfance de Romain, Osman Diboula, fils d'immigrés ivoiriens devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité politique montante, prend alors publiquement la défense de l'homme d'affaires, entraînant malgré lui tous les protagonistes dans une épopée puissante qui révèle la violence du monde.
Bakhita s'annonce comme l'un des grands livres de cette rentrée, et si on suivait les conseils de lecture de Véronique Olmi ?
Des idées, des pépites, de valeurs sûres pour vos cadeaux de fin d'année
Karine Tuil a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à nos questions
Rentrée littéraire 2016 Karine Tuil, L’Insouciance (Gallimard)
Au départ, 3 hommes aux origines sociales et aux destins différents mais avec un point commun : ils ont réussi.
Romain est lieutenant dans l'armée et revient d'Afghanistan. Beaucoup de ses compagnons ont perdu la vie ou sont revenus handicapés à vie. Lui n'est plus le même, il vit dans la peur et fait des crises d'hystérie. Sa seule consolation, une relation amoureuse avec Marion, la femme de François Vély, un riche industriel.
François est le second personnage principal. Issu d'un milieu aisé, il n'a jamais eu de soucis à se faire. Après ses études, il a créé plusieurs entreprises et la vie lui sourit jusqu'au jour où le monde s'écroule pour lui. Il a eu l'audace de poser pour un article de journal et la photo fait polémique : la chaise est une dame noire dans une position équivoque. Elle montre la domination de l'homme blanc. Ses enfants, sa femme et ses amis se retournent contre lui.
Le troisième homme est Osman, fils de parents immigrés vivant dans la pauvreté et il est devenu éducateur. Il s'est occupé notamment de Romain quand celui-ci était plus jeune. Osman a connu l'ascension, est devenu conseiller du Président. Pour lui aussi tout s'effondre lorsqu'un nouveau venu en politique le rabaisse devant tout le monde en le mettant dans la catégorie des "Noirs", en insistant sur ses origines africaines. Osman ne le supporte pas, se révolte et perd sa place. La dépression s'ensuit.
Un superbe roman, très émouvant, que j'ai dévoré... Bien écrit et sain. Pas de parti pris par l'auteure. Certaines personnes ne sont pas toujours "propres" mais on est tenté quand même de les sauver. Seulement des vérité sur le monde qui est le nôtre aujourd'hui.
Romain, militaire, revient de mission en Afghanistan, plus que traumatisé.
François Vély, homme d'affaire richissime, a épousé Marion en troisièmes noces.
Osman, éducateur en zone sensible, devient conseiller à l'Elysée.
Rien ne semble relier ces personnages et pourtant, leur destin sera irrémédiablement mêlé.
Un roman ambitieux, de plus de 500 pages, qui aborde de nombreux sujets sociétaux :
la politique, les banlieues, le racisme, le capitalisme.........
L'intrigue est bien menée et captive le lecteur.
Le style est fluide, entraînant.
Le vocabulaire est parfaitement correct.
Mais ce qui m'a un peu surprise, c'est l'emploi de mots rares ou peu usités comme : coruscante, mélanique, dirimant, clanique......
J'adore trouver des mots rares dans un livre, mais là ils m'ont semblé plaqués, comme pour faire bien, et s'intégrant mal dans l'écriture ordinaire, bien que belle toutefois.
Bon, ce n'est qu'un détail, l’ensemble du livre est plutôt une réussite.
Un véritable coup de poing au coeur de l'été que ce dernier roman de Karine TUIL. Dans les parcours et destins croisés de François, Romain, Marion (on notera l'anagramme !) et Osman, c'est au coeur de thèmes lourds et graves que l'on plonge : l'identité, le racisme, le pouvoir, le succès et ses apparences, le terrorisme mais aussi l'amour, quelquefois rédempteur. Et heureusement qu'il y a l'amour, fort et puissant entre Marion et Romain, pour nous donner un peu d'air dans cette histoire pour le moins dévastatrice ! Et puis, quelle plume ! Quelle puissante d'écriture et d'évocation !
Même si l'auteur reprend beaucoup des sujets de son roman précédent que j'avais déjà beaucoup aimé, là elle enfonce le clou, principalement avec la question de l'identité : est-ce une question de religion, de statut social, de richesse, d'éducation, de culture ? Quelle est la part du déterminisme dans ce que l'on est ? La réflexion ici me semble plus poussée et le roman beaucoup plus abouti. Les personnages sont fouillés et profondément attachants. C'est souvent pour moi ce qui fait la réussite d'un grand livre qui m'emporte tout de suite, surtout lorsque ces personnages sont servis par une si belle écriture. Ils ont une telle densité psychologique qu'ils en deviennent inoubliables. Ils sont complexes, changeants, incohérents, tout sauf linéaires mais profondément humains. Ce roman sonne incroyablement juste. C'est aussi un miroir de notre société, de notre monde et de sa violence. Karine TUIL creuse son sillon dans sa dénonciation de cette violence. Ce livre résonne particulièrement avec l'actualité.
Après une introduction d’un froid réalisme sur le sort de deux personnes parmi les victimes du 11 septembre 2001, à New York, Karine Tuil plonge sans ménagement son lecteur dans les conséquences terribles et concrètes des décisions prises par G.W. Bush afin de venir à bout d’Al-Qaida, en Afghanistan.
Romain Roller, jeune lieutenant de l’armée française, après le Kosovo, la Côte d’Ivoire et la Centrafrique, est plongé dans l’enfer afghan. Avec ses contradictions, ses pièges, la mort l’horreur et la barbarie, c’est un pays où « la peur gouverne tout ».
« Vous ne serez jamais préparé à la guerre des lâches, cachés à cent mètres de vous, derrière des habitations aux murs chaulés, piégés eux aussi, détonateur à la main… Vous ne serez jamais préparé à l’effroi de devoir balancer des roquettes sur des maisons pleines de gosses, de vieillards et de mère de famille parce que vos ennemis s’y sont cachés pour vous tirer comme des lapins, persuadés que vous ne répliquerez pas… » Quel texte ! Haletant, terrible, plein d’un réalisme qui prend le lecteur aux tripes et qui emmène bien au-delà des infos distillées par les médias.
Le changement est brutal lorsque nous nous retrouvons dans les somptueux salons de l’Automobile-Club de France pour faire connaissance du second personnage central : François Vély (51 ans), PDG de l’un des plus grands groupes de téléphonie mobile. Son père, Paul Lévy, a modifié son nom pour s’appeler Vély, ce qui aura d’importantes conséquences par la suite.
Marion Decker, journaliste et romancière, compagne actuelle de François Vély, va jouer un rôle central dans l’histoire. Enfin, l’auteure présente Osman Diboula, conseiller du Président de la République à la jeunesse, ancien animateur de quartier à Clichy-sous-Bois, formé par Laurence Corsini, ancienne élue de centre-droit, personnalité charismatique lancée dans la communication d’entreprise. C’est la fameuse discrimination positive.
Les différents personnages sont parfaitement étudiés, suivis dans leurs contradictions, leurs hésitations, leurs renoncements et leurs défis réussis parfois. Karine Tuil (photo ci-contre) s’attache aux traumatismes physiques et surtout psychologiques des soldats revenant de ces pays qui défraient l’actualité depuis des années sans que rien ne soit réglé.
Les coulisses du pouvoir sont aussi remarquablement décortiquées avec le racisme et l’antisémitisme en toile de fond. Cela pousse certains comme Issa Touré à se radicaliser et à tenir des propos d’une violence inouïe visant à séparer blancs-européens-chrétiens des noirs-arabes-musulmans, mettant en péril toute possibilité de vivre ensemble.
S’il y a aussi des histoires d’amour ou de désamour, on arrive à la fin de l’insouciance après tant d’épreuves qui ont ramené l’histoire en orient mais dans un Irak déchiré par l’État islamique. « Une part d’eux-mêmes est définitivement perdue. Une forme de légèreté. Ce qui restait de l’enfance. L’insouciance. »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Romain Roller, soldat français revient d'une mission en Afganistan, il est en plein choc post-traumatique. Il rencontre Marion Decker,écrivain et journaliste, pendant son séjour de décompression. Ils tombent amoureux et essaye de pousuivre leur idylle de retour en France. Mais Marion est mariée à François Vély, un riche entrepreneur franco-américain. Pour une erreur de communication, son entreprise est menacée. Osman Diboula, fils d'immigrés issu du 9-3, est l'étoile montante du gouvernement prend sa défense.
Les destins de ces personnages sont embriqués les uns dans les autres.
Ce roman est poignant, puissant, brutal, violent et dur. Mais il est aussi le reflet de notre société, ce qui en fait toute la gravité. La plume juste de l'auteur nous décrit son évolution, le racisme, l'antissémitisme grandissant, le pouvoir, le terrorisme, la guerre. Ce n'est pas un roman politique, mais plutôt sociétal.
L'écriture est brutale et violente, mais tellement vraie. Elle nous place au milieu des évènements. Les phrases sont courtes et claquantes. Ce qui donne un rythme soutenu au roman.
Ce roman fait réfléchir sur nos actes, notre comportement. Il remet en question. Même si la lecture n'est pas toujours très agréable au vu de certains sujets qui font mal, qui nous montre avec réalisme ce que nous vivons, c'est écrit avec tellement de justesse et de profondeur, que j'ai passé un bon moment de lecture.
Un roman impressionnant : "L'Insouciance", de Karine Tuil, aux éditions Gallimard.
Le pitch : De retour d'une mission en Afghanistan au cours de laquelle plusieurs de ses hommes sont tombés, le lieutenant Romain Roller est anéanti moralement mais tente de ne rien laisser paraître. En séjour de décompression à Paphos, sur l'île de Chypre, il fait la rencontre de Marion Decker, brillante journaliste avec qui il a une liaison, avant d'apprendre qu'elle est mariée à François Vély, PDG de l'un des plus grands groupes de téléphonie mobile. Ce dernier, dont le père a changé son nom pour masquer ses origines juives, se voit pris dans la tourmente et mis en difficulté dans ses affaires, accusé de racisme pour une photo maladroite dans laquelle il est assis sur une œuvre d'art représentant une femme noire. Osman Diboula, fils d'immigrés et figure montante de la vie politique française, mais peut-être pas pour les bonnes raisons, va alors prendre sa défense face aux médias...
Reçu à l'occasion d'une opération Masse Critique organisée par Babelio et les éditions Gallimard, que je remercie d'ailleurs pour m'avoir offert cette opportunité, je dois admettre qu'il m'est bien difficile de vous livrer une chronique au sujet de ce roman tant je me sens "petite" face à son contenu...
Avec un talent incontestable doublé d'une maîtrise spectaculaire, l'auteur nous plonge ici au cœur de... Notre société actuelle.
Mêlant habilement des thèmes aussi variés que l'amour et la violence, la politique et la guerre, le terrorisme et la communication, l'auteur nous livre là un livre particulièrement dense, sans jamais perdre son lecteur au détour d'un chapitre, ces derniers étant rigoureusement bien construits jusqu'à un dénouement ahurissant.
Abordant les sujets qui fâchent avec force et précision, ce roman n'épargne rien ni personne, et se révèle si criant de réalisme qu'il en deviendrait presque déprimant si ce n'était pas si bien écrit. Ce roman n'a finalement d'insouciant que le titre, nous dévoilant bien plutôt notre monde dans sa plus réelle noirceur...
Dépeints avec une rare intensité, les personnages sont particulièrement intéressants et mettent habilement en exergue la délicate question de l'identité, taboue pour la plupart d'entre eux.
Porté par une plume aussi époustouflante que puissante, soutenu par un style remarquable, ce roman se révèle être aussi saisissant que percutant.
En bref, un roman magistral.
En lisant le résumé, je ne savais pas à quoi m'attendre, n'étant pas férue de romans politiques. Celui-ci s'organise autour de quatre personnages, très différents et pourtant tous liés. Il y a Romain, le chasseur alpin tout juste rentré d'Afghanistan ; François, un grand patron au cœur d'un tourment médiatique ; Marion, une écrivain-journaliste mal engoncée dans son mariage ; et Osman un jeune politicien issu de l'immigration. Romain peine à retrouver sa place dans sa vie après les horreurs vécues en pleine guerre, François peine à réussir une vie de famille toujours concentré sur sa prise de pouvoir, Marion n'a jamais trouvé sa place dans sa vie et dans la vie et Osman occupe les places qu'on lui offre sans voir qu'on profite de lui. Oui, c'est bien un roman sur la place de chacun dans notre société où chacun doit rentrer dans sa case et surtout, oh surtout, y rester sans faire vagues. Sinon le drame est à attendre, et c'est ce que ce roman va nous raconter.
L'auteur aborde des sujets difficiles tels que le terrorisme, la mixité sociale, le racisme, la conquête du pouvoir avec beaucoup de finesse. Finalement, ce n'est pas réellement un roman politique comme je l'avais cru mais plutôt un roman social ou sociétal qui m'a fascinée. Il y est question de la vie d'aujourd'hui, avec notre actualité sensible, et l'auteur en profite pour réfléchir sur l'Homme. L'homme et ses dérives, l'homme et le pouvoir, l'homme et ses origines, ...
Je ne connaissais pas Karine Tuil et j'ai trouvé son style à la fois abordable et fluide, et précis dans le choix des mots. Les thèmes portés par ce style donnent un roman juste, profond, qui pose et répond à des questions actuelles. J'ai passé un bon moment, peut-être pas agréable car les sujets font réfléchir sur l'instabilité de notre société. Mais tant mieux, c'est un roman ouvert sur notre monde, sur nous-même, clairvoyant tout en fuyant tout aspect moralisateur.
Prix Landerneau 2016 :)
http://bibliza.blogspot.fr/2016/09/linsouciance.html
Une grande fresque, passionnante, où les personnages se croisent et se recroisent.
Je les ai aimés, tous, dans leurs différences, leurs petites lâchetés et leurs conflits.
Ils ont pourtant des postes clés, mais une inattention va les précipiter dans un avenir incertain.
Les scènes d’amour sont passionnelles, comme si les seuls points d’encrage des personnages étaient ces moments de corps à corps passionnels.
Il y est question de la guerre en Irak où personne ne fait confiance à personne ; du racisme anti-noir et anti-juif, ainsi que du cyber-harcèlement ; du retour des ultras religieux.
Les personnages grandissent dans la douleur : oui, le temps de l’insouciance est fini pour eux.
L’auteure termine toutefois son roman sur une note optimiste : c’est grâce à la famille que nous pouvons surmonter les épreuves.
L’image que je retiendrai :
Celle du Grand Cercle dans lequel rêve d’entrer Osman.
Quelques citations :
« – Les blessures d’humiliation sont les pires, rétorqua son père. Pourtant, on n’en meurt pas. Regarde-moi, je suis toujours là… » (p.218)
« On voit mieux certains choses avec des yeux qui ont pleuré. » (p.219)
« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » (p.307)
« Peut-être qu’il ne faut pas chercher à être heureux mais seulement à rendre la vie supportable. » (p.509)
http://alexmotamots.fr/?p=2653
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