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Parmi les décombres d'une ville détruite par la guerre, des militaires continuent à traquer un ennemi sans visage. Quatre d'entre eux entreprennent le "nettoyage" d'une impasse. Parmi eux, sous les ordres de l'impitoyable capitaine Kalinski, il y a Oleg Youssov, le géant chauve lanceur de poids. Ils progressent ainsi, de bâtisse en bâtisse, commettant les pires exactions. Au bout de l'impasse, Timour et sa famille ont trouvé refuge parmi les ruines. Malgré l'approche des soldats, ils refusent de fuir. Des minutes d'effroi s'écoulent jusqu'aux coups de poing martelant la porte d'entrée. La rencontre sera inévitable. Une collision, plutôt. D'autant plus tragique qu'elle sera aussi l'occasion de retrouvailles, celles d'Oleg et de Timour, qui les mois précédents, au milieu de cette barbarie, ont ébauché malgré tout les termes d'une amitié. Au coeur de ces paysages anéantis qui peuvent évoquer la Tchétchénie d'aujourd'hui, le roman tente de s'attacher à une fragile archéologie de ce qui demeure vivant, de ce qui ne cesse de palpiter. Il interroge ces petits fragments d'humanité dénichés ici et là, aux heures même les plus sombres.
Lire Antoine Choplin est toujours très agréable. C’est pourquoi, après Le héron de Guernica et La nuit tombée, je n’ai pas hésité à me plonger dans un roman antérieur, son sixième texte édité.
Dans L’impasse, je ne sais pas où je me trouve. Est-ce la Tchétchénie comme évoqué sur la quatrième de couverture, est-ce un autre territoire dévasté par la haine des hommes envers leurs semblables ? Cela n’a que peu d’importance tant les mêmes scènes peuvent se reproduire ici ou là sur notre planète.
Le capitaine Kalinski et ses trois hommes (Romanov, Vologuine et Youssov) me plongent d’emblée, sans ménagement, dans une scène horrible avec deux vieillards ridiculisés, maltraités, torturés simplement pour le plaisir.
Parallèlement, l’auteur me fait vivre dans l’intimité d’une famille où plusieurs générations cohabitent : grand-mère Aïchat, Magomed et Zarema sa femme, Moumadi, Timour, Louisa, sans oublier Hard-rock, le lapin…
Heureusement, il y a la rencontre assez magique entre Timour et Oleg Youssov, un type bien, un géant, athlète lanceur de poids. Tous les deux, ils ont en commun une passion pour l’athlétisme et Giacometti. C’est dans la bibliothèque de l’Institut dévasté par la guerre qu’ils font connaissance et se retrouvent.
Malgré cela, la tension est palpable à chaque page : « La guerre est finie, peut-être, déclare Timour, mais il y a partout sa marque, pour longtemps, et le feu des canons brûle au fond des crânes. Il y brûlera encore et encore. Les regards des hommes seront vides et asséchés. »
L’atmosphère devient de plus en plus pesante dans cette impasse que Kalinski veut « nettoyer ». On apprend que Timour et sa famille se sont installés ici après la destruction de leur immeuble. Les drames et l’angoisse sont encore bien présents dans tous les coins de la ville. Malgré tout, la rentrée peut avoir lieu à l’Institut… sous surveillance militaire mais même si Louisa danse remarquablement pour « oublier tout ça », Kalinski menace toujours…
Fidèle à son habitude et à son style d’écriture, Antoine Choplin avait déjà, en écrivant L’impasse, démontré son talent pour décrire et faire ressentir toute la complexité des rapports humains. Enfin, même dans les moments les plus graves, il laisse percer quelques lueurs d’espoir.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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