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«Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d'un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La javanaise, J'ai la mémoire qui flanche, n'importe quelle chanson qui m'a accompagnée durant cette période, me bouleverse.»Annie Ernaux.
Voilà un livre qui lève les tabous et qui libére une parole qui n'a longtemps pas eu sa place et pourtant elle constitue un précieux témoignage sur la condition des femmes dans les années 60.
Alors étudiante et célibataire, Annie Ernaux tombe enceinte à une époque où l'avortement est interdit et puni par la loi mais elle ne désire en aucun cas garder cet enfant. L'événement c'est le récit de cet épisode de sa vie qu'elle a longtemps gardé pour elle et dont elle n'arrivait pas à parler bien qu'il l'accompagne quotidiennement. L'écrire c'est libérer la parole aussi bien que témoigner.
Dans une salle d'attente, une femme attend les résultats de son test VIH. Elle corrige ses copies et observe le monde alentour. Puis, après avoir été rassurée par un docteur, elle ressort du bâtiment. Des pensées de 1963 lui reviennent. Autre atmosphère d'attente, autre tension. Et le docteur N. qui lui avait annoncé qu'elle était enceinte.
« Les mois qui ont suivi baignent dans une lumière de limbes » Pourtant, c'est justement sur ces mois là que le récit autofictionnel d'Annie Ernaux va se concentrer.
« Cette exploration s'inscrira dans la trame d'un récit, seul capable de rendre un événement qui n'a été que du temps au-dedans et au-dehors de moi. »
Cela faisait longtemps que je n'avais pas retrouvé la plume d'Annie Ernaux. Dès les premières lignes, je me suis souvenue de pourquoi je l'aimais. Sa manière asséchée de faire des phrases. Sans fioritures. Comme si elle avait poli chaque mot. Pour les faire sonner encore plus fort. Ce regard d'une femme à plus de trente ans de différence qui revient sur une expérience individuelle pour lui donner une portée universelle. Ces a-côtés dans la trame même du récit. Lignes entre parenthèses comme une conversation à part avec son lecteur. Liberté de ce style qui accepte de dévier quelques instants d'une narration pour mieux donner des indications. Comme ce passage chez la faiseuse d'anges où elle décrit le tableau qu'elle peindrait.
Et puis, bien entendu, il y a la force du sujet. Celui d'une jeune étudiante de 23 ans qui se découvre enceinte et tente de trouver un moyen d'avorter. On suit ainsi ces quelques semaines où elle va aller de docteur en docteur, de contact en contact. Jusqu'à un appartement parisien passage Cardinet où une femme officie.
L'événement aborde donc le vécu d'une femme. Annie Ernaux qui écrit sur celle qu'elle a été à 23 ans, avec ses peurs, sa douleur...Mais il se fait également le témoin d'une époque. Celle où les femmes risquaient leur existence pour avoir le choix. Celle où le regard des hommes oscillait entre le désir brut, l'horreur et la fascination face à une femme enceinte qui cherchait à avorter ou avait avorté.
Le rapport aux hommes m'a d'ailleurs marquée au fil des pages. Rapport à l'amoureux qui se désintéresse du problème. Rapport aux relations étudiantes croisées dans les rues de Rouen qui tentent des rapprochements ou tiennent des discours dans le jugement. Rapport à ces docteurs qui sont liés par la loi mais prescrivent autour de ce qui arrivera. Rapport aussi à ceux qui ignorent ou veulent rester dans l'ignorance.
Face aux hommes-satellite, il y a une solidarité plus féminine qui se dessine. Face au secret et au poids à porter. Notamment avec cette camarade de résidence qui, malgré ses opinions, soutient et accompagne le soir où.
Bref, vous l'aurez compris : je ne peux que vous conseiller l'Evenement pour la force de son thème, pour l'analyse rétrospective et sociologique ainsi que pour la manière qu'a Annie Ernaux de fixer ce qui lui est arrivé.
« Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes pensées deviennent de l'écriture, c'est-à-dire quelque chose d'intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres. »
J'avais prévu de lire un roman d'Annie Ernaux cette année. Je n'avais pas prévu de lire celui-ci, ayant un autre de l'auteure dans ma PAL. le hasard a voulu que je tombe dessus, en passant des vacances avec des amis au mois d'août. La fille d'un ami, âgée de 18 ans, était en train de le lire. Je lui ai demandé de me le prêter afin que nous puissions échanger dessus, je voulais aussi avoir l'avis d'une adolescente sur ce sujet grave.
En effet, Annie Ernaux relate dans ce court récit (je l'ai lu en une petite heure) l'avortement qu'elle a subi en 1964, année où l'avortement était interdit, et passible d'une peine de prison, où même la contraception n'était pas légalisée.
Les années 60, je ne les ai pas connues, mais ce n'est pas le Moyen-âge non plus, c'était hier. Et cela me paraît dingue.
Dingue que pléthore de jeunes filles, de femmes, plus ou moins jeunes, plus ou moins vieilles, aient dû braver l'interdit pour décider de la bonne disposition de leur corps.
Dingue qu'elles aient dû parfois recourir à des méthodes plus ou moins dangereuses, risquant leur vie à cause de lois faites par les hommes pour les hommes.
Dingue, finalement, que ce sujet soit toujours autant d'actualité, le droit à l'avortement étant toujours discuté un peu partout dans le monde.
Sincèrement, j'ai apprécié ce livre que j'ai lu pratiquement en apnée. La prose est très facile à suivre, même si Annie Ernaux ne nous épargne pas certains détails parfois bien difficiles à lire. Mais en même temps, ce qu'elle a vécu était particulièrement difficile à vivre.
Je déplore juste, à un certain moment, une sorte de "règlement de comptes" (même si mérité) avec un ancien camarade à elle. Elle ne le cite pas, pour diverses raisons et notamment par égard pour l'épouse de ce dernier, mais je doute que ladite épouse ne le reconnaisse pas et ne finisse pas par appendre certaines choses déplaisantes;
En bref, un roman qui reste d'actualité et qui devrait être lu par tous, quel que soit son âge.
Fin 1963, Annie Ernaux avait vingt-trois ans. Face à une grossesse non désirée, elle a immédiatement décidé d’y mettre fin. Seulement, à l’époque, l’avortement était interdit et sévèrement puni par la loi française. Peu de médecins prenaient le risque de mettre leur carrière en péril. Alors bon nombre de femmes démunies et désespérées n’avait d’autre choix que de se tourner vers des « faiseuses d’anges » (plus ou moins compétentes …)
Annie Ernaux nous raconte – avec une vive émotion – son « parcours du combattant » qui a finalement duré trois mois. Trois mois d’angoisse, de peur intense, de vulnérabilité totale. Et quelques jours de souffrance, fin janvier 1964 … Le choc dû à la découverte du profond mépris également, d’une certaine catégorie du personnel médical ( et de leur pitoyable lâcheté …) : une étudiante enceinte qui tentait une interruption de grossesse était moins déconsidérée qu’une ouvrière ! …
Un livre fort, voire violent, qui nous prouve à quel point les femmes sont finalement bien seules, face aux expériences les plus critiques, les plus traumatisantes (quand bien même il s’agit à présent d’un acte licite, effectué dans de bonnes conditions …) Et combien il est indispensable aujourd’hui de préserver ce droit (durement acquis) à disposer de son corps en décidant – ou pas – de donner la vie …
Annie Ernaux, je connaissais de nom. On en a beaucoup parlé puisque cette année elle reçoit le prix Nobel de littérature. A vrai dire, cette autrice me faisait un peu peur. A tort… Alors en passant dans une librairie j’ai jeté mon dévolu sur « L’évènement ». Bien m’en a pris.
Tout le monde connait l’histoire… Une aventure amoureuse, une grossesse non désirée, un avortement. Mais l’avortement est clandestin puisque bien avant la loi Weil.
En fait Annie Ernaux nous raconte cette tranche de vie avec des mots simples de « tous les jours ». Elle déroule l’histoire de manière limpide, fluide, et parfois crûment. Bon nombre de femmes ont dû se reconnaitre dans cette histoire. Elle a le mérite, le courage, d’exprimer un ressenti personnel transposable à beaucoup.
Elle dénonce l’hypocrisie médicale ambiante à ce sujet, mais aussi celle de son entourage.
Le livre est une confession personnelle, mais aussi un acte de courage au nom de toutes celles qui ont dû avorter. Au travers de ce récit on prend conscience des mentalités, du contexte social. On en apprécie que davantage l’évolution, et on peut mesurer le chemin parcouru grâce à Simone Weil.
Ce livre est à lire (quelle que soit notre idée de l’avortement). Il permet de mieux appréhender le sujet et surtout de comprendre qu’une femme peut se trouver en détresse lorsque la grossesse n’est pas désirée.
Une chose est sûre je lirai un autre livre d’Annie Ernaux.
L’écriture avant tout.
Avant de lire Le Jeune Homme, texte court et dense, j’ai eu l’envie irrépressible de relire L’Évènement.
Rouen, octobre 1963, Annie jeune étudiante prend conscience qu’elle n’a plus ses règles.
Elle vit dans la cité universitaire des filles, elle est boursière. Le géniteur de l’embryon est un étudiant en sciences politiques.
La confirmation de sa grossesse occulte l’assassinat de JFK.
« Une nuit, j’ai rêvé que je tenais entre les mains un livre que j’avait écrit sur mon avortement, mais on ne pouvait le trouver nulle part en librairie et il n’était mentionné dans aucun catalogue. »
Dans l’esprit d’Annie la confirmation de cette grossesse rime avec avortement. Elle le sait ce n’est pas le moment ni la bonne personne.
Le temps, celui qui rythmait la vie de cette jeune étudiante est aboli, il devient l’ennemi intime.
En apparence, les gestes et habitudes du quotidien se font machinalement, sans laisser percevoir le bouillonnement intérieur.
Mais dans son esprit c’est le chaos :
« J’établissais confusément un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. Première à faire des études supérieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais échappé à l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d’une pauvreté dont la fille enceinte était, au même titre que la fille alcoolique, l’emblème. J’étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine manière, l’échec social. »
Si le recours à l’avortement se fait instantanément dans son esprit, elle va devoir faire le parcours du combattant. Entre rumeurs entendues sur les différentes méthodes « efficaces », les mortes sur la table de charlatans et la réalité, le chemin est semé d’embûches et le temps est assassin.
Le géniteur la laisse se débrouiller seule.
Les copains à qui elle ose en parler la considèrent différemment, les réactions sont variées mais aucune bienveillance à son égard.
Elle va consulter un médecin, choisi au hasard, mais elle n’osera pas prononcer le mot avortement devant lui.
« Et, comme d’habitude, il était impossible de déterminer si l’avortement était interdit parce que c’était mal, ou si c’était mal parce que c’était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi. »
Préparant son mémoire, son « ciel d’idées » se couvrait de gros nuages noirs.
C’est indéniablement une traversée du désert, elle ne peut se confier à ses parents, les amis sont factices, elle est seule.
Et puis, une éclaircie avec les passeuses : LB cette étudiante qui a eu recours à l’avortement, la faiseuse d’anges P.R.
L’attente.
Concomitamment, l’idée d’écrire son premier livre Les Armoires vides, qui retracerait les vingt premières années de sa vie.
Le moment crucial est vécu dans la stupéfaction qui n’a d’égale que l’ignorance des choses de la vie.
Jamais l’écriture d’Annie Ernaux n’a été aussi « à l’os » que dans cette scène de déflagration.
Le drame, l’hospitalisation, les gestes sans compassion et les mots avilissants…
Elle pense que si les choses lui arrivent c’est pour qu’elle rende compte.
Elle crie le droit à la libre disposition de son corps, la maîtrise des naissances, le chemin individuel que chacune doit pouvoir emprunter, la domination masculine et les conséquences sur la marche du monde, la vie, la mort, le temps, la morale et l’interdit, la loi.
Tout cela avec le corps pour vecteur.
Toute la beauté du travail d’écriture quand on possède les mots, est la subtilité de choisir ceux qui vont servir le propos, l’intrusion du je dans la dimension sociale.
Un art qu’elle maîtrise à la perfection.
Lire et relire cette œuvre.
A quand le Prix Nobel pour une œuvre qui fait sens. Oh, combien !
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/05/14/levenement-annie-ernaux/
Un livre sur l'avortement dans les années 60 ... Quand la vie rattrape la morale ... ;)
Une histoire terrible autobiographique dans les années 60/70, histoire des avortements.
L'histoire d'une jeune fille qui va se retrouver enceinte a cette époque et qui devra avorter oui mais dans quelle conditions, rappelons l'époque et tous ces interdits.
Les avortements étaient bien souvent clandestins et effectués de tels façons qu'ils mettait la vie de ces femmes en danger, sous conditions d'hygiene terrible et de pratique barbare.
Les faiseuse d'anges a l'époque remplaçait les médecins
qui jugeait et condamnait toutes ces femmes.
Dans ce livre l'auteur nous explique toute cette souffrance et ce récit nous laisse un souvenir douloureux.
Quand on pense aujourd'hui a l'avancé qui a été réalisée sur ce sujet et heureusement.
Un roman court, rouge et percutant a lire pour savoir et pour ne pas oublier.
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