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Ce livre cherche à dépasser la dénonciation des atteintes à la déontologie ou au pluralisme politique faites par les médias. L'interpénétration entre le politique et le médiatique est aussi l'objet de son approche, qui ne se limite pas à la France. Il s'agit de considérer le système informatif comme reflétant et animant des rapports sociaux inégalitaires, ancrés dans des pratiques de dépossessions. Qui est à l'origine de nos représentations et imaginaire collectif est une question trop rarement posée par les forces militantes. Elle est pourtant au coeur de la question démocratique. Or une demande croissante d'appropriation et de rapports fondés sur une participation active de chacun, même si elle n'est pas toujours intellectualisée, vient heurter les pratiques traditionnelles. Cette distorsion est à la source d'une crise de l'information et de la politique. Comme dans la sphère du politique, des recherches de nouvelles pratiques commencent à émerger et portent la demandent de conceptions émancipatrices. Chaque moment de tension sociale ou politique entraîne de sérieuses récriminations à l'encontre des médias ; mais cette fois, le déroulement du référendum sur le projet constitutionnel européen aura donné lieu à l'accaparement des moyens d'information le plus criant et certainement le plus scandaleux. La période était déjà marquée par une profonde transformation du paysage informatif et par sa conquête par les puissances industrielle et financière. Tout comme elle est marquée après le référendum par une distance accrue entre une part de plus en plus considérable de la population et l'ensemble de l'appareillage institutionnel. Peut-être y a-t-il entre ces deux remarques un lien étroit. La désormais célèbre déclaration de Patrick Lelay, représentant de Bouygues à la tête de TF1, précisant que son « métier » consistait à aider Coca-Cola à vendre en lui apportant « du temps de cerveau humain disponible » ; celles de Serge Dassault déclarant que la rédaction du Figaro entretenait parfois des « illusions » quant à la possibilité de concevoir le monde autrement qu'à travers le libéralisme, qu'il fallait « faire passer des idées saines » ; la « participation » de Rothschild au capital de Libération ; le partage de la quasitotalité des maisons d'éditions et circuits de distributions entre le groupe Lagardère et le baron Sellière : tout cela représente autant de pointes émergées d'un iceberg redoutable. Ces processus se font avec trop peu de bruit et de résistance au regard des enjeux démocratiques que cela représente. Sans oublier La mainmise de Silvio Berlusconi sur le paysage audiovisuel italien, tentant de réduire par tous les moyens les espaces démocratiques dévolus à la société civile. Comment expliquer qu'il y ait si peu de réactions collectives, alors qu'il est bien rare que lors de conversations individuelles ou de petites réunions de syndicalistes ou d'organisations de gauche, la question des médias ne vienne pas sur le tapis ?
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