L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
«N'a-qu'un-oeil», c'était notre instituteur borgne qui plantait son unique prunelle aussi acérée que nos plumes Sergent-major sur nos moindres gestes tendancieux et nous pétrifiait de son oeil de verre qui nous intriguait tant et dont nous perçâmes le secret. Mais pour cela, il nous fallut déjouer la vigilance du père Barois, notre curé à l'oreille soupçonneuse collée contre la grille de son confessionnal où nous lui filtrions nos confidences aseptisées. Curé lubrique assisté d'une bande d'enfants de choeur vicieux, ces derniers rossés par nos soins quand le besoin s'en faisait sentir. Nous dûmes combattre les dénonciations calomnieuses de nos voisines, Pélagie la goitreuse ou Guette-au-trou la sage-femme, toujours prêtes à clabauder et à enjoliver nos fredaines afin que nos parents redressent nos scolioses et nous remettent droitement sur le chemin de l'école en nous menaçant de nous interdire la frairie, la fête du village où nous avions tant d'amis parmi les forains qui eux aussi nous aidèrent à vivre heureux, malgré tout. Dans ces années cinquante, je tente de nous extraire et de nous faire revivre, nous, les gueurlets, grillons noircis par le soleil de notre Saintonge, la mélopée de l'enfance si pétillante et si lancinante, délicieusement nuisible pour de délicates oreilles.
Touchant témoignage d'une époque révolue, très agréable à lire, un auteur à découvrir.
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