La Bretagne doit sans doute à sa ruralité, à ses paysages et à son climat très particuliers l'atmosphère de mystère qui plane sur la plupart des affaires criminelles. Actes d'accusation, dépositions, interrogatoires dépeignent assez fidèlement la société bretonne à travers les âges. Peut-on parler d'une typologie du crime en Côtes-d'Armor ou même en Bretagne ? Sans doute pas. Pourtant une double singularité a incontestablement influencé le déroulement de la justice. La première est une forme originale du droit coutumier qui a longtemps gardé force de loi : « La Très Ancienne Coutume de Bretagne ». La seconde est le rayonnement universel du Saint Patron des Juristes, infatigable prédicateur, juge réputé et insatiable avocat des pauvres, le plus grand des saints bretons canonisé par le Pape Clément VI en 1347. Et ce n'est pas par hasard que le département des « Côtes-du-Nord » a été rebaptisé « Côtes-d'Armor » deux siècles après sa naissance. Ce territoire où ni la langue, ni le niveau de vie, ni le type d'activité ne sont homogènes avait un peu perdu de son identité première : un pays entre terre (Argoat) et mer (Armor) où paysan et marin ne faisaient souvent qu'un, dont la rudesse du quotidien et la pauvreté de ses hommes sont la matière première des grandes affaires criminelles évoquées ici.
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