Ils sont enfin en poche, tous les livres qu'on aime !
«Nos voix ne sont que des murmures et nous chantons ces complaintes qui nous sont si chères. (..) C'est avec toute notre passion que nous lançons ce cri du coeur : Jamais plus Hiroshima ! - Comme nous nous sentons proches les uns des outres ! Nous sommes une espèce à part.» Yuka a trente ans. Elle et sa famille ont survécu à la bombe jetée sur Hiroshima quinze ans avant le début de cette histoire.Yuka fera tout pour que sa famille et ses proches aient une vie normale, même à l'arrivée de ce jeune Américain qui lui loue une chambre et qui a la joie de l'innocence. C'est l'histoire simple de gens incapables d'oublier mais qui font preuve du courage immense des rescapés et des sacrifiés : celui de cacher au reste du monde leurs souffrances.
Ils sont enfin en poche, tous les livres qu'on aime !
Ce roman se déroule environ une dizaine d'années après le bombardement d'Hiroshima. On comprend que la narratrice Yuka a vécu cet événement, tout comme sa jeune sœur Ohatsu. Les faits ne sont pas clairement énoncés mais ils sont distillés et divulgués au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture.
C'est l'arrivée de Sam qui va amener à évoquer le passé. Sam est un Américain qui est à Hiroshima pour le travail et qui décide de résider chez Yuka qui loue une pièce. C'est cette incursion extérieure qui va être le déclencheur pour montrer quelles sont les conséquences de la bombe atomique sur la vie des deux sœurs et par extension sur celle de la communauté. On découvre ainsi les séquelles visibles et invisibles en même temps qu'on nous dévoile les effets que cette explosion a eu sur les personnages. Toute une génération d'habitants d'Hiroshima vit avec la bombe atomique que ce soit dans les souvenirs ou dans leur chair car les effets sur la santé sont cachés mais sont bien réels. Cette population condamnée à subir les conséquences toute leur vie et qui marque aussi leurs relations avec le reste de la population japonaise. Ils sont considérés comme des parias et sont ostracisés par le reste de la population japonaise même si rien n'est officiel.
Bien que ce roman traite d'un sujet grave et délicat, l'autrice rend un très bel hommage à ces victimes qui refusent d'en être et nous montre le pouvoir de résilience de cette population qui a réussi à se relever après les pires atrocités vécues. Une lecture pour ne pas oublier et où on retrouve bien la marque des romans japonais même si l'autrice est américaine.
J’ai découvert ce livre qui date de 1961 et dont je n’avais jamais entendu parler. Il raconte la visite d un américain dans la ville d Hiroshima où il est hébergé chez l habitant , qui cherche à lui cacher la vie des survivants après la bombe atomique.
Ce livre est très instructif sur ce que sont devenus ces survivants 15 ans après la bombe , leurs conditions de vie , mais de manière très poétique .
Une belle lecture !
Quinze ans après le drame d’Hiroshima, la bombe continue ses ravages.
Dans cette ville en reconstruction, Yuka vit avec son mari Fumio, leurs deux enfants et sa soeur Ohatsu. Un américain, Sam-san, leur loue une chambre. Avec lui nous découvrons peu à peu les coutumes japonaises ancestrales, tout en pudeur et raffinement. Pour préserver un semblant de quiétude, on maîtrise ses sentiments, on se couvre la bouche de la main pour sourire, on s’incline pour marquer son respect, on montre sa dévotion aux anciens et on culpabilise lors des moments fugaces de joie.
Derrière ce sourire de façade, nous percevons progressivement les séquelles de ce jour funeste du 6 août 1945. Sam-san était loin d’imaginer les effets dévastateurs de la bombe lancée par ses compatriotes, qui perdurent encore des années plus tard. La volonté de Yuka de le protéger de ces révélations est touchante. Car à Hiroshima le sujet est tabou. Les brûlures et les déformations, témoins visibles de l’horreur, sont camouflées. Les survivants peuvent développer longtemps après la « maladie de la bombe atomique », la radioactivité s’insinuant insidieusement dans le corps. Ceux qui n’ont pas de séquelles physiques, comme la belle Ohatsu, portent en eux les germes de la radioactivité. Leurs enfants et petits-enfants menaçant d’être des monstres, ils sont isolés socialement.
« Et ils sont nombreux à Hiroshima, ces jeunes gens qui semblent intacts mais qui portent en eux-mêmes leurs cicatrices et leurs infirmités. » Les fantômes du passé sont toujours présents, ils accompagnent les survivants dans le deuil et la mélancolie. Yuka et Ohatsu ont perdu leur mère ce jour-là, et elles honorent sa mémoire chaque jour en déposant sur l’Otha les fleurs blanches qu’elle affectionnait tant, les fleurs d’Hiroshima. « Le fleuve est la seule tombe, à Hiroshima, que l’on puisse fleurir ».
On apprend dans la préface de Maurice Pons qu’une maison de convalescence pour les victimes de la bombe H, la « fondation Morris » du nom de l’autrice, a été installée sur les rives de l’Otha.
Ce court roman, qui a reçu le prix Albert Scheitzer en 1961, est triste et doux à la fois. Edita Morris écrit un récit poignant et un concentré intense d’émotions. Sa plume est délicate et poétique. Elle nous montre avec quelle dignité les survivants d’Hiroshima font face à cette injustice, sans haine et avec un courage qui force l’admiration. Yuka, l’héroïne, est un personnage particulièrement attachant. Avec sobriété et pudeur, elle nous laisse percevoir ses failles, son humanité, et tout l’amour qu’elle souhaite donner pour réparer l’insoutenable.
Merci à Lecteurs.com et aux éditions « J’ai lu » pour l’envoi de ce roman coup de coeur, traduit par Suzanne Lipinska et paru dans la collection « Les iconiques ». Je le recommande comme un témoignage utile, qui m’a émue et troublée, sur l’horreur de la bombe atomique.
Je remercie Lecteurs.com pour m'avoir sélectionnée lors du jeu/concours ainsi que les Editions "J'ai lu" pour m'avoir envoyé ce roman édifiant.
Ce roman publié en 1959 aux Etats-Unis reçut le « Prix Albert Schweitzer » en 1961.
Petit rappel historique : Lors de la seconde guerre mondiale, le Japon aveuglément soumis à son empereur attaque la Chine , bombarde Tientsin et l’Université de Nankin, après avoir quitté la Société des Nations et signé avec Hitler à berlin, une provocante alliance maritime. Le Japon poursuivait le but de soumettre tout le Sud Est asiatique. C’est sans aucune déclaration de guerre préalable qu’il attaque la base américaine de Pearl Harbour avant de s’emparer de Manille et des Philippines. Avec l’attaque surprise de Pearl Harbour le japon qui pensait déstabiliser et traumatiser les Etats-Unis, vient au contraire de réveiller un géant endormi, qui, jusqu’alors, sous la pression de sa population, se tenait éloigné de la guerre faisant rage sur le vieux continent. Les Etats -Unis, suite à cette infamie, entrent en guerre.
Le 6 août 1945, Claude Eatherly, jeune pilote de 25 ans survole le Japon dans un avion de reconnaissance. Il est suivit d’un bombardier portant dans ses flancs une bombe d’un type nouveau, longue de trois mètres et pesant quatre tonnes, baptisée « Little boy ». Cette bombe, les habitants d’Hiroshima devaient l’appeler plus tard « pika-don » (lumière et bruit). A 8h15 Eatherly se trouve juste au-dessus d’Hiroshima et donne au bombardier l’ordre de larguer la bombe. A 8h16, Hiroshima fut effacée de la surface de la terre. Trois jours plus tard ce fut au tour de Nagasaki. En une minute, la bombe rasa Hiroshima puis Nagasaki et changea la tournure de la guerre mais elle laissa aussi un nombre importants de survivants irradiés qui furent exclus de la vie japonaise et portèrent pour les générations à venir les conséquences de cette explosion.
« Les fleurs d’Hiroshima » est un roman qui se situe quinze ans après la bombe. Sam Willoughby, un jeune américain en déplacement professionnel veut en profiter pour découvrir le vrai Japon. Au lieu d’aller à l’hôtel, il décide de loger chez Yuka-san qui fera tout pour le satisfaire afin qu’éventuellement il la recommande et lui envoie des clients car l’argent se fait rare pour eux. Mais Yuka-san doit avant tout lui cacher la réalité de la bombe car avec ses voisins, elle fait partie des « Hibakusha », ces survivants de la bombe qui font l’objet d’une sévère discrimination au sein de la population japonaise, en raison notamment de la croyance que leurs enfants seraient à coup sûr anormaux. Naturellement Sam pose des questions devant les visages sans oreilles et les cicatrices des voisins de Yuka-san. Quand Fumio, le mari de Yuka-san est hospitalisé, il n’est plus possible de lui cacher la triste réalité des conséquences des radiations de la bombe sur les survivants, même quinze ans après. Cette réalité frappe également de plein fouet la petite sœur de Yuka-san, la très belle Ohatsu-san, lorsque Hiroo, son amoureux, la présente à sa famille et qu’elle comprend qu’elle ne sera pas acceptée de par son statut de « Hibakusha » car il pourrait naître de cette union des enfants atteints de monstrueuses déformations. Le jeune américain très atteint par ce qu’il découvre promet à Fumio, sur son lit de mort de témoigner à son retour aux Etats-Unis de ce qui est soigneusement caché au reste du monde.
Ce petit livre de 159 pages est édifiant . Il nous plonge dans le Japon des années 1960. Nous y découvrons la culture japonaise, le « ko » ,à savoir les raffinements de la politesse japonaise et surtout les ravages que font, encore quinze ans après, les radiations de la bombe atomique sur les survivants qui , en plus de leurs souffrances, sont exclus de la société japonaise.
Yuka et une partie de sa famille ont survécu à la bombe jetée sur Hiroshima. Quinze ans plus tard, Yuka fait tout pour que sa famille et ses proches vivent en paix. Afin de gagner un peu d'argent, elle accepte de louer à un jeune Américain une chambre. Malgré la pudeur, la fierté et le stoïcisme de ses hôtes, Sam découvrira les secrets des survivants de la bombe. Entre les souvenirs monstrueux qui les hantent et les peurs atroces qui assombrissent l'avenir, entre le quotidien de ces parias irradiés et la douleurs des vieilles blessures mortelles, ce roman dessine subtilement l'histoire simple de gens qui font preuve du courage immense des rescapés et des sacrifiés.
Ce magnifique texte a obtenu en 1961 le prix ALBERT SCHWEITZER.
J'ai aimé le contraste entre la beauté sereine des jardins ancestraux, l'intemporalité des traditions japonaises, la grandeur du respect des sentiments d'autrui et la monstruosité de la violence, l'ampleur des conséquences désastreuses d'une bombe qui détruit une ville toute entière, l'arrogance d'un peuple américain qui ne se soucie pas de réfléchir aux conséquences de ses actes sur le long terme. Le tout accouche d'un long cri silencieux, poétique et sombre, inoubliable et glaçant, humble et terrible. L'avez-vous lu ?
Citation
Je n’allais certainement pas raconter à mon précieux locataire que notre maison avait seulement deux petites pièces, et qu’il me faudrait diviser l’une d’elles avec un panneau mobile appelé ici fusuma. Il y a beaucoup de choses que je souhaite cacher à notre visiteur, des choses qui l’empêcheraient de nous envoyer d’autres locataires. Je sais qu’il me faudra déployer toute mon intelligence et ma ruse pour l’empêcher de deviner avec quelle sorte de gens il habite
Le sujet « Hiroshima » est inépuisable, ce livre nous transporte sur une douloureuse période, et certainement nous fait craindre que cette horreur se renouvelle, la folie humaine n’ayant pas de limites.
Dans ma poche, j’ai un Indien, en plastique jaune que mon petit fils a oublié lorsqu’il est reparti chez ses parents en fin de vacances, c’est mon talisman.
Quand Sam Willoughby, un jeune américain en voyage d'affaires, vien s'installer dans sa chambre d'hôte, Yuka met tout en œuvre pour que son séjour soit le plus agréable possible. Il veut s'imprégner du mode de vie japonais, elle veut lui faire sentir qu'il est accueilli en ami. Mais malgré la sérénité et la douceur de vivre qui y règne, Hiroshima, dans les années 60, n'est pas le petit paradis qu'elle lui fait entrevoir. Pour épargner la sensibilité de son hôte, Yuka doit déployer des trésors d'ingéniosité. Il faut lui cacher les ravages de la bombe, passés et présents. Ne pas lui parler de ce 6 août 1945 où elle a vu sa ville en feu. Dissimuler ses brûlures sous les manches amples d'un joli kimono. Taire que son mari est rongé par les radiations. Omettre que, comme des milliers d'autres irradiés, sa sœur ne pourra jamais épouser l'homme qu'elle aime, condamnée à mettre au monde des enfants difformes, que ses propres enfants sont en danger, que partout dans la ville, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieillards, vivent en paria, chassés des bains publics, assignés aux travaux les plus durs, condamnés à la solitude. Pourtant, au fil des jours, des liens se nouent entre la jeune femme digne et joyeuse et l'américain naïf et curieux de tout qui va ouvrir les yeux sur le drame d'Hiroshima.
Une histoire forte et sensible qui montre toute l'abnégation du peuple japonais qui accepte les souffrances avec fatalisme et dignité. L'horreur de la bombe, ses conséquences sur le long terme sont bien rendues à travers le destin de cette famille touchée de plein fouet. Cette population sacrifiée qui s'est relevée sans haine et sans reproches force l'admiration. Malheureusement, le propos est desservi par un ton à la limite du niais. Cette lecture devrait s'adresser plutôt à de jeunes lecteurs car Edita Morris a su aborder ce drame effroyable avec simplicité, sans choquer, mais de façon suffisamment explicite. Un beau message de fraternité, de paix et d'amour.
Nous sommes quinze ans après la bombe, quinze ans après l’horreur. Une partie importante de la ville d’Hiroshima a été détruite, de nouveaux quartiers sortent de terre pour abriter les nouveaux venus, qui, arrivant d’autres régions du Japon, n’ont pas subi l’horreur et vont repeupler la ville fantôme. Mais à Hiroshima, il y a aussi les survivants, les rescapés, pas ou peu touchés, en apparence du moins, par les radiations dont les dégâts, même des années après l’explosion et les radiations, sont irréversibles et bien souvent mortels.
Yuka a survécu avec sa jeune sœur à l’horreur de la bombe, mais sa famille a péri. Mariée à Fumio, ils ont deux enfants. Yuka tente par tous les moyens de vivre, normalement, de profiter de chaque instant de bonheur, de vie, de joie, de la beauté de la fleur blanche que l’on cueille dans son jardin, de la tasse de thé que l’on boit en contemplant la nature, des bavardages animés que l’on a au bain avec les voisines. Dans ce pays où le poids des traditions et le respect des anciens passe avant tout, la vie et surtout le bonheur individuel ont peu de chance de s’épanouir.
Sam-san est un jeune américain envoyé à Hiroshima par son entreprise, il ne veut pas loger dans les hôtels impersonnels et préfère être hébergé chez l’habitant. Côtoyer un jeune homme d’une culture aussi différente, sans rien laisser paraitre de ses propres sentiments, voilà ce que veut la tradition, ce que va faire Yuka, jusqu’au moment où il est bien évidement indispensable de dire, de montrer, de faire comprendre à cet étranger devenu ami, pour que lui aussi, à son tour, comprenne et ressente le poids de cette horreur qui a transformé leur vie, qui fait que plus rien, jamais ne pourra être comme avant, léger et beau comme les fleurs de cerisier au printemps.
Alors bien sûr, nous avons tous entendu parler d’Hiroshima, de la bombe, des morts, et vu au moins une fois la photo de cette petite fille qui court, nue, pour fuir la mort. Dans « les fleurs d’Hiroshima », Edita Morris donne vie et corps aux survivants, à tous ceux qui, même si elle ne s’est pas arrêtée ce jour-là, ont vu leur vie irrémédiablement transformée, anéantie, leur normalité remise en question. Et qui pourtant ont assez de force et de courage pour continuer à vivre avec cette apparence de normalité essentielle à l’équilibre des hommes
Sans la réédition par J’ai Lu du court roman d’Edita Morris « Les fleurs d’Hiroshima », je ne l’aurai certainement pas lu, et cela aurait été bien dommage. J’avais lu il y a quelques mois « 86, année blanche », de Lucile Bordes (Liana Levi) qui évoque Tchernobyl, et l’an passé le très puissant roman « l’expérience » de Christophe Bataille, qui évoque les essais nucléaires en Algérie. « Les fleurs d’Hiroshima » complète ma vision de l’après, celle des hommes qui ont vécu, souffert, et souvent ont tu ce qu’il s’était passé. Le roman d’Edita Morris est court et terrible, puissant et émouvant, un roman comme un appel, qui bouleverse et questionne, une lecture indispensable.
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