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« Des amis m'ont demandé de réunir quelques études où, pour me délasser de travaux plus austères, j'essayai de lier amitié avec l'âme elle-même, le grand coeur, héroïque et tendre, des anciens, Grecs et Romains. Qui s'avise, chrétien, de toucher à l'âme païenne doit affronter une double critique. Les partisans de l'Évangile jugeront qu'il donne trop de vertus aux anciens sages, ceux qui repoussent l'Évangile, qu'il ne leur en donne point assez... Nul système ne saurait prévaloir contre l'exemple d'un Socrate, d'un Marc Aurèle. Où que je voie un tel accord de l'homme avec sa destinée, sans orgueil, sans illusion, je ne puis faire que je n'admire. Mais il reste que l'Évangile est d'un autre ordre, et qu'on a le droit peut-être d'aimer ce qui est aimable chez l'homme antique tout en demeurant chrétien. »
Ainsi s'exprime le père Festugière pour présenter cet ouvrage, l'un de ses premiers livres. Toute la suite de son oeuvre s'y trouve annoncée, traversée d'un bout à l'autre par son accueil de l'expérience religieuse de l'homme antique, païen aussi bien que chrétien. On donne ici une nouvelle édition de cet ouvrage, en l'enrichissant de quelques textes du début comme de la fin de la carrière du père Festugière qui montrent la permanence de cette attitude tout au long de sa vie de savant. Il était bien fondé à dire que son oeuvre voulait être « le clair symbole d'une amitié qui ne veut rien exclure ».
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