Imaginez un instant la scène : un dégât des eaux à pleurer toutes les larmes de votre corps, les tableaux et lithographies hérités du grand-père Silvio (héros, gloire et saint patron de la famille) qui flottent pitoyablement à la surface. Vous pestez de ne pas avoir anticipé le drame. Vous...
Voir plus
Imaginez un instant la scène : un dégât des eaux à pleurer toutes les larmes de votre corps, les tableaux et lithographies hérités du grand-père Silvio (héros, gloire et saint patron de la famille) qui flottent pitoyablement à la surface. Vous pestez de ne pas avoir anticipé le drame. Vous tentez, telle un Shadock, d’écoper en pompant… Et là... Soudain… Enveloppé dans du papier bulle… Un portrait de femme… Une œuvre reconnaissable au premier coup d’œil par Laura (merci l’Ecole du Louvre et les musées) …
« Mes yeux n'arrivent plus à s'en détacher. Je sais. Je brûle. Je délire. Dans un sursaut de conscience, je devine que sans ce dégât des eaux, jamais je n'aurais vraiment regardé ce tableau, que j'ai une chance incroyable, que c'est juste extraordinaire, que Giulio et moi sommes uniques sur terre.
Un Modigliani ! »
Dès lors, et afin de faire authentifier le tableau, commence une enquête qui va entraîner cette famille dans une enquête folle, aux conséquences insoupçonnées.
Entre France et Italie, les fantômes de Modigliani, Beatrice Hastings, Max Jacob accompagnent Laura, Giulio, et le lecteur, page après page, émotions après émotions. Leurs histoires entrelacées et entremêlées, à un point que l’on n’imagine pas en ouvrant ce livre.
« Modigliani apparaît devant moi. Un Modigliani déchaîné qui scande Lautréamont. Il ne m'a pas vue. Il regarde ailleurs. »
L’histoire pourrait s’en tenir là, mais non, Laurence Venturi, de sa plume si dynamique, nous fait plonger dans un impensable secret de famille, qui va écorner l’image de ce grand-père, idolâtré par les générations qui l’ont suivi.
Ce fut un plaisir pour moi de dévorer ce premier roman d’une auteure qui ne s’arrêtera pas là , je l’espère vivement.
Amatrice d’art, Modigliani est l’un des peintres chers à mon cœur, alors vous imaginez la délectation qui fut la mienne de le découvrir plus amplement. Car Laurence nous offre un petit chef d’œuvre digne d’un cours d’Histoire de l’Art, nous livrant anecdotes et pans de vie d’Amadeo, mais aussi pléthore de détails que j’ignorais totalement sur sa peinture, cette façon si particulière de représenter les yeux chez les sujets de ses tableaux, entre autres.
Un roman feel good, un récit aux multiples rebondissements, aux multiples facettes, sous la plume pudique et talentueuse de Laurence Venturi.
Mention spéciale pour la couverture, absolument magnifique !
Merci aux Editions Albin Michel, à Maëlle Guillaud, et bien sûr, à Laurence Venturi pour ce joli moment en ces temps si moroses.