Née avec le XXe siècle, disparue avec lui, Violette Petitjean ne devait pas laisser le souvenir public d'une héroïne ou d'une vedette. Elle vécut pourtant sa vie comme un roman. Cette fille de parents belges ardennais, très vite confrontée à des conditions d'existence précaires, traversa avec une énergie toujours renouvelée, outre deux guerres mondiales et bien des crises sociales, les bouleversements presque incessants de sa vie. Malgré une santé toujours chancelante, des épisodes professionnels chaotiques, un défilé dans ses trente premières années de maris et d'hommes ne lui laissant que bien peu de satisfactions, une course chronique après des ressources suffisantes, de nombreuses périodes de découragement devant les incertitudes du lendemain, elle releva toujours la tête pour repartir de l'avant. Son destin fut lié étroitement à ceux de son fils unique et de celui qui finit par rester, même parfois en pointillé, son compagnon pendant cinquante ans ; mais elle garda un c ur assez immense pour donner son affection et son dévouement à quantité d'autres proches, devenant entre autres la mère de substitution de deux petites filles dont elle fit des femmes. Elle s'était débarrassée très vite du souci de paraître conforme, de bêler avec les moutons ou de hurler avec les loups. D'une culture modeste d'autodidacte, elle ignora toujours la sottise. Bien entendu, elle ne crut jamais pouvoir devenir centenaire. Et sa fin douloureuse et discrète laissa beaucoup d'orphelins.
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