La question du Présent, pensée comme une tâche, une obligation pour parvenir au changement que l'homme opère sur lui-même, est une audace à laquelle, selon Foucault, la philosophie moderne n'a été capable ni de répondre ni de se débarrasser. Le Présent de l'Art, si longtemps sous le signe symbolique de la vérité illusionniste, n'a pas encore été pensé ni représenté en tant que fragment contingent du monde tenant lieu de conscience.
Le renversement de la philosophie nietzschéenne, première expression de la mort du Sujet en tant qu'esprit, a fait de l'Art un réel en devenir, la force du présent et le vrai du mensonge. Si les obscénités du mensonger dénaturent les catégories esthétique, éthique et politique sous les impératifs du dire vrai/faux sociétal du credo du marketing et de la finance, le mensonge, notre seul sens au monde qui ne trompe pas, est la Fiction de réalité/Réalité de Fiction.
La deuxième mort du Sujet sous les effets de la Raison pratique et objective d'une science qui déracine, stérilise, arrache le résidu d'âme, offre une nouvelle vie à la « croyance » qui n'est plus dans la foi mais dans les effets de Réalité de fiction : la compétence même de l'Artistique qui nous représente ou cherche à nous représenter.
L'ambition de L'Hypothèse fictionnaliste est d'accomplir le Présent de l'Art et de créer une autre signification du concept des choses dans l'Artistique. Les auteurs de cet ouvrage collectif, sous la direction de Ciro G. Bruni, approfondissent, selon leur singularité, les variations du vrai du mensonge dans la spécificité générique de l'Art et de ses énonciations fictionnalistes.
Céline Lautrédou
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