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Un récit inspiré de la vie de son ancêtre, inventeur d'un nouvel instrument de musique dans le Beyrouth des années 1960. Folle tentative pour rapprocher les traditions musicales d'Orient de d'Occident, ce piano au destin méconnu n'aura vu le jour qu'en un seul exemplaire, juste avant que la guerre civile ne s'abatte sur le Liban. Une métaphore amusante - et touchante - de la rencontre de deux cultures, de deux mondes, qui cohabitent chez Zeina et dans son oeuvre.
Abdallah Kamanja, l’arrière-grand-père de l’autrice, était un homme joyeux. Son coeur battait au rythme de l’allegro et sa tête résonnait de musique orientale.
Jeune homme dans les années 60, il avait un rêve : pouvoir jouer au piano les mélodies qu’il affectionne tant. Or sur le piano, l’intervalle entre deux touches correspond à un demi-ton alors que le plus petit écart entre deux notes dans la musique orientale est le quart de ton.
Cela lui prit des années pour arriver à réaliser son rêve de rapprochement entre musique d’orient et d’occident. Mais il ne réussit jamais à commercialiser son piano.
Dans le même temps du récit, Zeïna Abirached raconte son enfance à Beyrouth, son exil en France dans les années 80.
Elle fait un parallèle entre ses difficultés à naviguer enfant entre la langue française et la langue arabe et la volonté de son ancêtre de relier les musique orientale et occidentale.
Au delà de l’histoire qui m’a intéressée, j’ai trouvé la construction de cet album originale et dépaysante.
Avec cette BD j’ai découvert le trait de Zeina Abirached, c’est-à-dire du noir et blanc, un peu à la façon de Marjane Satrapi et Persepolis. La comparaison s’arrête là. Ici je suis tombée sous le charme de ses dessins tout en rondeur, doux et qui souvent se passent de dialogue. On alterne avec des dessins sur toute une page, une double page, des cases « classiques », et même une magnifique double-page-qui-se-déplie. L’histoire est parsemée de petits bruits tels que le petit oiseau, les chaussures d’Abdallah, les notes du piano, les petits « poc » de son tarbouche (son chapeau)…
Tous ces changements de style et de texte m’ont donné une impression de mouvement, j’étais ballotée par les notes de musique, entre l’histoire romancée d’Abdallah Kamanja, inventeur de ce fameux piano oriental et celle autobiographique de l’auteure, petite-fille du pianiste qui m’a emportée dans une sorte de bulle bienveillante. Abdallah est un homme que l’on voudrait tous avoir pour grand-père, il est bienveillant, simple, bricoleur.
Beyrouth et le Liban sont souvent associés à la guerre, ici on découvre une autre facette de l’histoire de ce pays via la langue et la musique. Comme un pont entre deux cultures : Abdallah qui voudrait pouvoir jouer à la fois des morceaux occidentaux et orientaux sur son piano et Zeina qui hésite entre deux cultures, deux langues.
En le refermant je n’avais qu’une envie, écouter ce fameux piano ! (bon et aussi manger libanais^^)
Très bel album dessiné, par le travail artistique et l'esthétique qui s'en dégage, mais aussi dans lequel on apprend beaucoup sur le "piano oriental" et l'appartenance identitaire à un pays, à une langue .....
A travers Le piano oriental, Zeina Abirached nous livre une très belle chronique familiale et nous brosse un tableau idyllique du Liban d'avant la guerre civile.
Nous y faisons la connaissance d'Abdallah Kamanja, un sympathique doux-rêveur, de sa famille et de ses amis ; nous suivons son rêve de rapprocher musiques orientales et musiques occidentales grâce au piano si particulier qu'il va inventer... Et nous découvrons en parallèle l'enfance de l'auteur, son apprentissage de la langue française et son existence d'adulte, partagée entre Paris et Beyrouth.
Cet album est un hymne à l'amour de la musique et des mots, une preuve de la réussite du métissage de deux cultures, où le meilleur de chacune est mis en avant.
Les dessins, tout en rondeur, apportent une touche de douceur aux pages exclusivement noir et blanc, comme des touches de piano. Le style est chargé, les détails foisonnent, mais l'ensemble est harmonieux, on ne ressent aucun sentiment d'oppression. Le découpage est varié et original (cases classiques, bandeaux, pleines pages, quadruple page, débordements, etc.), le plaisir de la découverte se renouvelle ainsi tout au long de la lecture. Il n'y a pas énormément de texte à lire, mais beaucoup d'onomatopées qui rendent cette bande dessinée très musicale.
J'ai adoré cet album, tant pour l'histoire et le message qu'elle véhicule que pour les illustrations et le style si particulier de Zeina Abirached. En attendant de lire les autres œuvres de l'auteur, je sais que je relierais Le piano oriental avec autant de plaisir que lors de ma première lecture. Il y a des bandes dessinées dont on ne se lasse pas... et pour moi Le piano oriental en fait partie !
http://andree-la-papivore.blogspot.fr/2016/04/le-piano-oriental-de-zeina-abirached.html
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