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Le Garçon sauvage commence sur un hiver particulier : Paolo Cognetti, 30 ans, étouffe dans sa vie milanaise et ne parvient plus à écrire. Pour retrouver de l'air, il part vivre une saison dans le Val d'Aoste. Là, il parcourt les sommets, suspendu entre l'enfance et l'âge adulte, renouant avec la liberté et l'inspiration. Plongeant au coeur de la vie sauvage qui peuple encore la montagne et qui ravive ses souvenirs d'enfance, il découvre l'isolement des sommets, avant d'entamer sa désalpe, réconcilié avec l'existence. Néanmoins, ce séjour initiatique ne parvient pas à l'affranchir totalement du genre humain : « je pourrais me libérer de tout, sauf de la solitude. »
La montagne pour faire le vide, se libérer de ses démons, se retrouver avec soi-même. C’est ce que le narrateur nous conte ici dans ce carnet. Ce récit, évidemment pour des raisons différentes, est une échappatoire tant pour l’auteur que pour nous.
Un peu moins de deux cents pages pour partir loin, haut plus précisément, dans ces montagnes de la vallée d’Aoste que l’auteur Paolo Cognetti connaît si bien. Il les avait déjà explorées avec Huit montagnes (magnifique !). Il y revient seul pour des raisons qu’il élude très rapidement, ce n’est pas le sujet. En revanche, déclamer la beauté des paysages, s’émerveiller de petits riens, être en communion avec cette nature omniprésente, voilà ce que l’auteur nous murmure ici.
Mais est-on vraiment seul même là-haut ? Avec le printemps, arrivent les bêtes accompagnées des bergers et des vachers. La solitude pesant, des liens finissent par se nouer entre ces taiseux « c’étaient les mêmes nécessités et les mêmes refus qui nous avaient amenés là-haut, nous avions vite compris que nous étions entre camarades ». Le temps est comme suspendu.
Paolo Cognetti dans sa quête de solitude est accompagnée d’une poétesse, d’un philosophe et d’écrivains. Les poèmes d’Antonia Pozzi (quelle révélation !) nous bercent délicatement. La philosophie de Henri David Thoreau accompagne la solitude de l’auteur « J’aime être seul. Je n’ai jamais trouvé compagnon d’aussi bonne compagnie que la solitude. Nous nous sentons en général plus seuls en nous mêlant aux autres que lorsque nous restons chez nous. » Et enfin (entre autres devrais je dire) Primo Levi évoque ces montagnes où en 1943 il se cacha accompagné de Sandro, partisan et guide, dont il écrit « […] dans la montagne, il devenait heureux, d’un bonheur silencieux et contagieux, comme une lumière qui s’allume. Il suscitait en moi une communion nouvelle avec la terre et le ciel, ou confluaient mon besoin de liberté, la plénitude des forces, et la faim de comprendre les choses qui m’avaient poussé à la chimie. »
Récit hypnotique, ressourçant et poétique !
J'ai lu "Le garçon sauvage", signé Paolo COGNETTI, attiré par la couverture qui, dans la version lue était plus belle que celle reprise ici. C'est la photo d'une baïta, au coeur d'un alpage. C'est par ce type de chalet, de logement que j'ai été attiré. Il me rappelait plusieurs séjours en Val d'Aoste. Je ne mentionnerai pas ce livre comme étant un carnet de voyage ou de montagne, c'est davantage, à mes yeux, un carnet de notes éparses, un carnet d'écriture, d'exercisation à l'écriture. Paolo Cognetti , l'auteur-héros a 30 ans. Il stagne en écriture, suffoque à Milan et a besoin de se ressourcer. Pour ce faire, pas d'autre lieu que sa chère montagne du Val d'Aoste où il a passé tant d'étés à courir les chemins, à respirer les senteurs de la nature et noyer son regard dans la splendeur des paysages. Plus que tout, peut-être, Paolo a besoin de solitude. Un temps à prendre pour lui, se laisser gagner, regagner par les surprises d'une course en montagne, d'une lecture ou relecture d'un roman et des pensées subtiles qui y dorment. Loin de tous, il pourra se réconcilie avec le monde et avec lui.
Ce bref roman s'éloigne volontairement de l'agitation des grandes villes, des échéances à respecter et du regard d'autrui qui pèse comme un couvercle sur l'imagination.
J'ai moyennement apprécié ce récit. J'y ai retrouvé l'ambiance des baitas, ces petites maisons d'alpage où le quotidien ne s'enracine pas dans le béton de nos villes. J'y ai retrouvé ces montagnes du Val d'Aoste où j'ai, moi aussi, passé des temps de vacances et de plaisirs partagés. Mais je n'ai guère cru à toutes les lectures évoquées qui m'ont semblé trop bien disposées dans le récit pour ne pas être le fruit d'une construction plus intellectuelle que ressentie.
La découpe en petits chapitres pousse le lecteur à voyager dans ce récit en sauts de puce. Et, s'ils ne fatiguent jamais, vu leur brièveté, ils ne permettent pas de décoller vers des rêves et des digressions intérieures que pourrait appeler l'usage de nombreuses citations dues à la plume de Henri David Thoreau, par exemple.
Le garçon sauvage s'est révélé être un moment de détente, une pause rappelant quelques beaux souvenirs de vacances et une gentille réflexion, sans plus, sur la gestion de l'inspiration en écriture.
J'aime les romans qui se passent dans la nature et en montagne en particulier, on y retrouve la rudesse mais aussi la simplicité, le dépouillement, le retour à l'essentiel.
Un texte court et poétique, une parenthèse dans la vie mais qui n'a pas été à la hauteur de mes attentes. J'ai trouve ce garçon sauvage bien froid et son isolement souhaité et inspirant ne m'a pas convaincue.
Cheminé par monts et vaux
Lumineux-
Traversé des lacs morts-et les ondes prisonnières
M’ont chuchoté
Un secret
Antonia Pozzi, Névés
Le garçon a trente ans et se sent « à bout de force ». On n’en saura pas plus sinon que tous ses projets semblent anéantis et l’idée de l’avenir, une chose bien farfelue.
Lui qui écrivait n’écrit plus, lui qui lisait ne lit plus. Enfin presque.
Il ressent encore quelque attirance pour ces auteurs qui ont un jour tourné le dos au monde, à la civilisation, pour vivre plus intensément, se mesurer au monde, le vrai : Henri David Thoreau, bien sûr, avec Walden, John Muir (naturaliste américain du XIXe militant pour la protection de la nature), Elisée Reclus (géographe anarchiste du XIXe siècle) et Mario Rigoni Stern. L’homme n’a pas « remis les pieds à la montagne » depuis dix ans et ses quelques économies lui permettraient de rester plusieurs mois sans travailler. Alors, il décide de louer une baita en bois et en pierre « là où les dernières forêts de conifères cèdent la place aux hauts pâturages » dans une vallée proche de celle où il a passé son enfance, le Val d’Aoste, à deux mille mètres d’altitude.
Cela dit, pas question de jouer les super-héros : « L’idée n’était pas de me mettre au supplice : si je trouvais quelque chose de bon là-haut, je resterais, mais je pouvais tomber plus bas encore, et dans ce cas, j’étais prêt à tourner les talons. » Pragmatique, le gars : la tête en haut, les pieds sur terre !
Un trente avril, il gare sa voiture au bout d’une route et emprunte le sentier à travers les bois. Il s’installe. L’occupation ne manque pas: il faut couper du bois, nettoyer le pré, créer un potager, faire des sillons avec une motobineuse, labourer, sarcler, ratisser ( j’ai soudain une pensée émue pour mon pauvre potager qui n’en a plus que le nom, pauvre carré de terre envahi d’herbes folles), il faut, disais-je, construire un banc pour lire et contempler le paysage, se repérer dans un nouvel espace où finalement, les traces des hommes sont nombreuses.
En effet, rien n’est naturel là où les bois ont été coupés pour construire des pistes de ski : « le paysage qui m’entourait, en apparence si authentique et sauvage, avec ses arbres, ses pâturages, ses torrents et ses rochers, était en fait le produit de siècles de labeur, un paysage artificiel au même titre que celui de la ville. » Déçu ? Non, pas du tout. Ce que recherche le narrateur est « exclusivement humain ». Pourquoi la baita d’à côté est-elle orientée de cette façon ? A qui appartenait ce vieux seau en bois vermoulu ?
Autrefois, le hameau était habité. Autrefois… il y a bien longtemps… Plongée dans l’enfance.
Les seuls habitants dorénavant sont les blaireaux et les renards. Dans son isolement, le narrateur s’imagine jouer le rôle de tous les habitants et s’amuse en se disant : « Je représentais à la fois l’habitant le plus en vue et l’indigent, le noble propriétaire et son fidèle gardien, le juge, l’invité, l’ivrogne, l’idiot du village : j’avais tant de moi dans les jambes qu’il m’arrivait parfois le soir de devoir sortir et m’en aller dans les bois pour me retrouver un peu seul. »
De toute façon, jouer les Robinson, ça n’est pas pour lui : la nuit, il est mort de trouille. Les bruits de la montagne sont inquiétants. Un soir, il brave courageusement le danger et décide… de dormir dehors ! « Un genre de traitement de choc » avoue-t-il, plein d’humour.
Et puis, prendre un café avec Remigio le proprio n’est pas désagréable surtout quand on découvre qu’il est aussi grand lecteur !
Plus tard, dans la saison, ce sont les bergers qui montent avec leurs bêtes, ça fait de la compagnie à l’homme qui constate, faisant preuve, par là-même, d’une grande lucidité: « Comme ermite, je ne valais pas un clou : j’étais monté là-haut pour rester seul et n’arrêtais pas de me chercher des amis. »
Ce Carnet de montagne est le récit d’une expérience : celle d’un homme qui ne se la joue pas et qui, s’il espère que la montagne va « le transformer en quelqu’un d’autre », comprendra vite qu’il doit s’accepter comme il est, avec ses faiblesses, ses fragilités, ses doutes, admettre, finalement, d’être ce qu’il est.
Un texte d’une grande sensibilité dans le regard porté sur les autres, sur la nature et d’une grande justesse dans l’analyse de soi. A cela, s’ajoute l’humour, cette distance indispensable, la seule capable de nous placer sur le chemin de nous-mêmes.
Une belle et tendre leçon de vie et de poésie…
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
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