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Si l'on accepte qu'un homme exerce le pouvoir absolu, il faut en bonne logique accepter d'être un esclave absolu. Mais cette acceptation doit être délibérée et non pas résignée, même si la procuration que tous accordent à un seul, avec le sentiment de s'incarner en lui, fait que tous se corrompent avec lui, deviennent criminels avec lui, sombrent avec lui dans la folie - s'il se prend pour Dieu, par exemple. À la limite, on se donnera la mort en chantant s'il l'exige, ou bien, comme Héraclius le castré, on flairera sa porte avec délices quand il recevra une femme dans son lit, ou bien encore, comme Maximus le favori, on lui prostituera son épouse. L'action se passe à Rome sous Valentinien III, en 455. Mais elle pourrait se passer ailleurs et en tout autre temps. Le processus déshonorant, déshumanisant de l'asservissement resterait le même : il s'agit toujours d'une complicité du coeur, d'une démission de l'âme et d'un pari stupide, à tous les sens du terme, puisque aussi bien, ici, c'est le «brave cheval» qui mise aveuglément sur son cavalier, alors même que celui-ci a perdu les étriers. La pièce est fortement sculptée, éloquente quand il le faut, suggérée quand il y suffit, toujours nourrie d'une riche et complexe substance qui est la pantelante, la pitoyable, la perfectible nature humaine.
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