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New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d'Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d'Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie dans un journal intime. Liz, l'épouse aimée, Nella, l'immigrante sarde porteuse d'un étrange passé, hantent ses souvenirs. Un moment de vérité où il fait l'expérience de ses défaillances à la suite d'événements tragiques.Même s'il sait que l'homme n'est pas maître de son destin, il tente d'en saisir le sens jusqu'au vertige.
L'introduction de ce roman est tellement empreint de nostalgie ! Les derniers jours d'Ellis Island, puis la retraite à venir pour le directeur, le dernier gardien, dans l'appartement de Brooklyn hérité de ses parents avec tous leurs souvenirs incrustés par tant d'années qui pourtant semblent si peu importants à côté de la fermeture de ce lieux plein de l'histoire des États-Unis : "Encore neuf jours à errer dans les couloirs vides, les étages désaffectés, les escaliers désertés, les cuisines, l'infirmerie, le grand hall où depuis longtemps seuls mes pas résonnent."
Ce lieu est rempli de fantômes, de tous ces migrants arrivés là après des semaines en mer, observés, scrutés, et pour certains, marqués à la craie, d'une lettre, une unique lettre qui correspond à la partie du corps soupçonnée d'être malade. Cette marque qui leur refusera peut-être l'entrée sur cette terre de tous les possibles. Pour les autres, vingt-neuf questions, déterminantes.
Pendant quarante-cinq ans cet homme a vécu là, a vu passer quantité d'êtres humains ayant abandonné une vie pour une autre. Il est le détenteur de la mémoire de ces lieux et de ces êtres égarés, épuisés mais prêts pour la liberté, et du cimetière, terre des morts d'Ellis Island, de ceux qui ne sont pas allés plus loin.
Cet homme a eu une vie, sur cet îlot, et il nous la raconte. C'est très étrange, un peu comme ces gardiens de prison qui sont en prison eux aussi d'une certaine façon. Parallèlement il raconte le contraste énorme des joies de la vie New yorkaise, Coney Island et sa fête perpétuelle, où encore les comédies musicales où ils allaient lui et sa femme, mais aussi l'histoire du monde. Et puis quelques vies passées par Ellis Island. Il nous parle de la perte, du deuil, de la solitude, de la fatalité. L'espérance, la peur, la souffrance, ce trio chevillé au corps et à l'esprit des migrants ayant tout quitté, tributaires d'un coup de tampon des fonctionnaires de l'immigration. Pour lui, Ellis Island est une espèce de navire avec ses règles et son équipage, amarré non loin de Manhattan. Il en est le capitaine.
J'ai énormément aimé l'écriture de Gaëlle Josse, très poétique, qui a su si bien retranscrire cette solitude, seule compagne du gardien, et faire apparaître dans mon esprit les fantômes du passé de cet "îlot délaissé, au bord du monde", ces silhouettes d'un temps révolu, qui nous raconte en même temps une page de l'histoire des États-Unis.
12 Novembre 1954 : Fermeture d’Ellis Island
Pour se préparer à mettre dans des malles 45 ans de sa vie, John Mitchell passe les 9 derniers jours et nuits à arpenter les couloirs vides plein de ses souvenirs.
Il a été gardien puis directeur de ce lieu des services fédéraux de l’immigration qui a vue passer 12 millions de personnes qui souhaitaient plus qu’entrevoir la Porte Dorée rêvée. Mais pour la franchir il fallait répondre aux 29 questions.
Un véritable tour de Babel, où le seul mot connu et reconnu de tous est « America », le temps n’existe plus car l’attente pouvait être longue.
« Depuis Ellis, j’ai regardé vivre l’Amérique. La ville si près, si loin. »
L’autrice retrace avec soin et douceur les tourments d’un hommes, la culpabilité, … , l’espoir de tous ces exilés, migrants, émigrants, immigrants en transit. L’autre face de cette île si familière pour les New Yorkais.
Un saisissant coup de cœur car la lecture a réveillé les émotions que j’avais eues en montant ces escaliers ou déjà rien qu’en les montant tout se décidait.
« L’exil prive de la dignité et de la mémoire »
« Qu’emporte t on dans l’exil ? Si peu, et tant d’essentiel. Le souvenir de quelques musiques, le goût de certaines nourritures, des façons de prier ou de saluer ses voisins. » p 111
La Mérica ou The Island of Tears (l'Ile des pleurs)
Un brillant roman que nous offre Gaëlle Josse en imaginant les derniers jours et les souvenirs du dernier gardien d'Ellis Island.
Cette île était l'entrée principale des immigrants qui arrivaient aux États-Unis du 1er janvier 1892 jusqu'au 12 novembre 1954.
Nous sommes en novembre 1954, et cette île où accostaient et étaient "triés" les migrants venus principalement d'Europe, va fermer ses portes.
John Mitchell, le directeur, arpente encore une fois les bâtiments, le cimetière et note sur quelques feuilles ses souvenirs, entouré de ses fantômes…
Il raconte sa vie, mais aussi celle de ces migrants qui ont tout laissé et qui arrivent plein d'espoir.
Il a presque toujours vécu ici, pendant 45 ans, rigoureux et attentif, fonctionnaire dans les services de l'immigration, dirigeant, observant tout, évitant les corruptions et autres vols, et a toujours refusé de quitter cette île qui est devenue sa maison, son refuge, sa vie…
Il a vécu les conflits mondiaux par l'intermédiaire des migrants, voyant des vagues importantes arriver dans ses services, les prisonniers de guerre ou les décès de ses proches…
Il est secondé par une équipe pour accueillir, soigner, et classer les migrants ; car La Mérica (l'Amérique selon les italiens) n'accepte ces personnes qu'après un questionnaire de 29 questions et refoule les malades, les politiques engagés, les délinquants… L'île était surnommée "l'île des pleurs".
Mais ce fonctionnaire zélé avoue sur le papier quelques écarts qui le minent…
Cet homme qui se veut une sentinelle inflexible se révèle humain. Il quitte ainsi sa maison où il a vécu si longtemps, presque un demi-siècle, à regret. Toute une vie !
J'ai vraiment aimé le style de l'auteure, à la fois simple, profond et complètement immersif.
Confessions amères chez l'oncle Sam
*
Un très court roman qui m'a été pioché dans le cadre du challenge "pioche dans ma PAL" de ce mois.
Attirée par le sujet sur les migrants américains du fin du 19eme siècle, j'ai choisi ce roman dans la production de Galle Josse.
Je suis pourtant mitigée. J'ai eu l'impression de lire le résumé certes détaillé, du sujet énoncé sur Wikipédia. Bien sûr, l'auteure ne peut pas inventer des faits historiques, puisqu'elle part de faits divers. Mais avec cette écriture froide et sèche, elle n'est pas arrivée à me faire vibrer. Me renseignant en amont sur cet endroit mythique - Ellis Island - , j'en savais autant finalement et avec les confessions du gardien, je n'ai pas eu d'émotions. J'ai eu du mal avec ce retour dans le passé et ses regrets inavoués. Le peu qu'il a dévoilé effectivement sur cet endroit mystérieux et symbolique m'a laissé sur ma faim. En fait, j'ai eu de l'antipathie pour ce personnage. Cela n'a pas aidé :)
C'est peut-être moi qui ai eu trop d'attentes. J'ai peut-être raté des éléments importants tels l'abus de pouvoir, la faiblesse des migrants , la dénonciation. Mais je ne vais pas m'appesantir sur ma déception, je lirais probablement un autre roman de l'auteure.
John Mitchell, directeur du centre d’Ellis Island, s’apprête à fermer ce lieu de passage obligé de tous ceux qui souhaitent venir vivre en Amérique depuis 1892.
Nous sommes le 3 novembre 1954 et John va mettre à profit les quelques jours qui lui restent à vivre dans ce lieu déserté pour coucher sur le papier ses souvenirs.
Il raconte son métier de directeur bien sûr, mais aussi les deux femmes qui le hantent, Liz sa femme morte très jeune et avec qui il n’a connu que cinq ans de bonheur, et Nella, une jeune italienne venue chercher refuge aux Etats-Unis et pour qui il a conçu une véritable passion alimentée par la vie énigmatique de la jeune femme.
Au-delà des aspects purement administratifs du travail que John effectue à Ellis Island, Gaëlle Josse dresse le portrait d’un homme avec ses doutes, ses questionnements, ses faiblesses et la grande solitude qu’il semble entretenir et qui, au moment de se retirer, fait les comptes et revient sur ses choix bons ou mauvais.
Elle montre aussi tous les espoirs et les attentes de ceux qui ont choisi ou qui ont été forcés de quitter leur pays et qui sont venus chercher leur Eldorado avec plus ou moins de bonheur et à travers les épreuves les plus diverses.
Dans ce roman, rien n’est totalement noir ni totalement blanc. Gaëlle Josse joue avec toutes la palettes des gris pour décrire une histoire très humaine, faite de complexité, de drames mais aussi de bonheurs.
Qu’elle retrace la vie d’une personnalité réelle comme dans La femme en contre-jour ou qu’elle redonne vie à une époque en inventant des personnages criant de vérité, Gaëlle Josse a ce don de le faire avec une extrême sensibilité et une grande justesse cherchant à faire ressurgir les traits les plus enfouis de ses personnages.
Tout est fin, subtil, sans grande démonstration stylistique mais avec une maîtrise parfaite et la juste dose de choses dites et de choses suggérées.
Un magnifique roman sur le déracinement, la solitude, l’exil et l’amour.
Il y a des lectures qui ne passe pas et celle-ci en fait parti. Cette lecture a été pour moi un gros raté. Je n’ai aimé ni l’histoire, ni l’écriture, ni les personnages.
On a des phrases longues qui nous perdent, associées à des phrases courtes plus attrayantes. Ca donne une impression de rythme saccadé qui ne m’a pas convaincue. Niveau histoire, ce n’est absolument pas ce que je pensais. J’imaginais une retrospective de l’histoire de l’arrivée des migrants mais en fait on a un retour uniquement sur la petite vie du narrateur. On referme ce livre avec la certitude que ça pourrait se dérouler n’importe où ailleurs, on aurait le même texte ou presque. pour ne rien arranger, le narrateur est imbuvable. On a envie de le baffer. Il considère normales un grand nombre de choses qui sont juste scandaleuses. Il mériterait juste de finir en prison et il a une façon de s’exprimer qui n’est même pas agréable à lire.
Il fait le point sur sa vie, avec ses erreurs mais c’est principalement le bilan de tout ce qui ne lui a pas plu et où il ne comprend toujours pas le soucis. Si vous voulez des histoires de migrants, oubliez ce texte-ci, c’est tellement léger qu’on ne les voit même pas. En revanche, si lire le bilan d’une vie d’un personnage dans le déni vous tente, là vous pouvez essayer ce texte.
Immersion dans cet univers entre le ciel et l’eau d’Ellis Island , ultime refuge de son gardien auquel nous allons nous attacher tout au long du récit .... Un très beau roman comme tous ceux de Gaëlle Island , une sincérité dans l’écriture ...
"C'est par la mer que tout est arrivé. Par la mer, avec ces deux bateaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi ils ne sont jamais repartis, c'est le vif de ma chair et de mon âme qu'ils ont éperonné avec leurs ancres et leurs grappins.
Tout ce que je croyais acquis a été réduit en cendres. Dans quelques jours, j'en aurais fini avec cette île qui a dévoré ma vie. Fini avec cette île dont je suis le dernier gardien et le premier prisonnier. Fini avec cette île, alors que je ne sais presque rien du reste du monde. Je n'emporte que deux valises et quelques pauvres meubles. Des malles de souvenirs. Ma vie. "
Novembre 1954. John Mitchell, membre du Service Fédéral de l'Immigration est le dernier gardien du camp de transit d'Ellis Island.
"Je suis aujourd'hui le capitaine d'un vaisseau fantôme, livré à ses propres ombres."
Avant sa fermeture définitive et son retour à Manhattan, John décide de transcrire sous la forme d'un journal de bord les souvenirs marquants de sa fonction.
"Servir son pays prend parfois d'étranges aspects, on ne décide pas toujours du visage que l'on présente à autrui."
Il y décrira ses rencontres avec les deux femmes - au style foncièrement différent - qui marqueront son existence, mais aussi ses cas de conscience face aux condamnés à l'exil.
" Et j'ai vite réalisé que l'exercice d'un pouvoir, d'une autorité, si minime et dérisoire soit-elle, s'accompagne de silence, de solitude et de réserve quant à l'expression de ses sentiments."
Tous ces hommes et toutes ces femmes obnubilés par le "rêve américain" pour sortir d'une misère extrême, vont finalement, s'apercevoir de la difficulté d'atteindre cet Eldorado.
"Ici, la sanction est cruelle, et il n'y en a qu'une. La pire qui puisse leur être infligée, l'Amérique leur demeure porte close."
Sur un sujet brûlant ô combien d'actualité, Gaëlle Josse narre, avec une grande sensibilité les tourments d'un homme face à la question de la dignité humaine lors d'une tragédie qu'est celle de l'exil.
"Cette exégèse dévoyée des types raciaux, cette approche anthropométrique, m'ont toujours laissé perplexe."
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