Nous voilà de nouveau à Barcelone, ce 19 novembre 1975, avec René auprès de Julia hospitalisée. Angelita, elle, n'est pas là. Elle est... , nous n'avions pas voulu le divulgâcher dans le compte-rendu du Tome 1, en discussion avec son père, père qu'on lui avait dit mort quand elle avait quinze...
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Nous voilà de nouveau à Barcelone, ce 19 novembre 1975, avec René auprès de Julia hospitalisée. Angelita, elle, n'est pas là. Elle est... , nous n'avions pas voulu le divulgâcher dans le compte-rendu du Tome 1, en discussion avec son père, père qu'on lui avait dit mort quand elle avait quinze ans et qui se trouve aujourd'hui devant elle, maintenant qu'elle a quarante-quatre ans.
Angelita ne comprend pas pourquoi, alors que ses parents se sont retrouvés, il y a quinze ans, ni son père, ni sa mère n'ont eu le courage de le lui dire. Et elle va lui poser la question suivante : "Que s'est-il passé exactement après que les Français nous ont séparés à notre arrivée en France ? Tu n'as pas été transféré à Mauthausen ?" Question à laquelle il répondra: "Oh si, j'y ai bien été ... J'y ai assez souffert. Et, en quelque sorte, j'y suis mort... Oh oui, bien mort."
Manuel reprend alors le déroulé de sa vie depuis les quelques semaines précédant leur départ de Barcelone. Il explique les dissensions qui existaient au sein du couple, à propos de son engagement en résistance. Ils s'étaient même disputés juste avant leur départ. Il raconte ensuite la fierté qu'il a ressentie à les voir toutes deux si courageuses lors de ce périlleux déplacement à pied pour franchir le col des Pyrénées dans des conditions hivernales, puis la séparation et son arrivée dans ce camp, cloaque sans nom d'où il s'échappera. Il est ensuite repris et emmené au camp des Alliers, près d'Angoulême où il est resté près d'un an.
En août 1940, les réfugiés du camp sont conduits au camp de Mauthausen. Manuel se remémore sa vie, ou plutôt sa non-vie au camp où il est resté pendant quatre ans, jusqu'à sa libération par les Américains. Puis il continue à raconter ce que fut sa vie jusqu'à aujourd'hui.
Cette deuxième partie est aussi intéressante que la première et vient en quelque sorte la compléter.
J'ai appris entre-autre, que ce maudit convoi de 927 personnes emmenées à la gare d'Angoulême et entassées dans des wagons de marchandises, ce sinistre convoi a été identifié comme le premier train de l'histoire de la déportation de civils en Europe occidentale. seulement 73 d'entre eux en réchapperont sur les 470 hommes et jeunes hommes du convoi, tandis que femmes et enfants seront livrés en gare d'Irún à la police franquiste.
Les sentiments éprouvés par les divers personnages de l'histoire sont bien retranscrits, notamment en ce qui concerne Angelita qui a toujours tenu pour acquis la mort de son père en déportation et qui découvre qu'il s'agit d'un mensonge.
Les dessins de la double page concernant le camp de Mauthausen, en disent plus longs que bien des commentaires.
Le parler catalan par le personnel hospitalier, sans traduction, mais à peu près compréhensible ajoute une belle part de réalisme.
À noter que l'album se termine sur un ton plus optimiste avec la mort de Franco, le samedi 20 novembre 1975 : "Celui par lequel tout avait débuté trente-six ans plus tôt, venait de mourir".
Enfin, un dossier de huit pages de croquis et photos d'époque en fin de volume vient compléter et enrichir ce magnifique récit, aussi instructif qu'un documentaire.
Ce double album, témoignage sur cette dramatique séquence honteuse et peu connue de l'histoire du XXe siècle qu'est La Retirada, est à mettre entre toutes les mains et ce, dès l'adolescence.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/