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Un livre singulier qui, certainement, marquera tout lecteur. Une vraie histoire, une vraie imagination de l'auteur. Il faut un peu s'accrocher au début, et j'avoue avoir eu la nette intention d'abandonner. Mais la persévérance paye. Une fois que l'histoire est lancée, qu'on s'est mis à faire attention aux périodes évoquées dans les différents chapitres, tout s'éclaire et se met en place.
Le clou du spectacle, à savoir la descente aux enfers, ne m'a pas paru spécialement fantastique, ça semble beaucoup trop réel (ou religieux, ce sera selon) pour le coup. On peut avoir la gorge qui se noue (ce sera selon l'histoire personnelle de chacun).
J'imagine que ce roman doit être étudié au lycée (en première ?), il le pourrait en tous cas ; il est beaucoup plus moderne (et aussi intemporel) que beaucoup d'oeuvres classiques qui doivent ennuyer la jeune génération.
Coup de poing , coup de ❤️ pour ce roman ! Un récit et une quête qu’on ne peut oublier sous la plume toujours envoûtante de Laurent Gaudé
« Personne à Naples ne peut se targuer de faire les cafés mieux que moi. Je tiens cela de mon père. Pas le premier, l’autre : Garibaldo Scalfaro. Lui-même le tenait de son oncle. Je sais faire les cafés pour chaque désir, chaque humeur. Violent comme une gifle pour se réveiller le matin. Enrobé et serein pour faire passer un mal de crâne. Onctueux pour appeler à soi la volupté. Robuste et tenace pour ne plus dormir. Le café pour attendre. Le café pour se mettre hors de soi. »
Mais qui est Filippo Scalfaro De Nittis qui guette sa proie, Toto Cullaccio.
« Je lâche le plateau, le café, le verre d’eau, tout se répand à mes pieds dans un fracas de vaisselle et je lui plante mon couteau dans le ventre. » « Il buttera sans cesse sur cette étrangeté qu’il ne pourra comprendre : je m’appelle Pippo De Nittis et je suis mort en 1980. »
Le point de départ est juin 1980, par une chaude journée, dans une rue de Naples un père excédé, essoufflé, énervé traîne son fils Toto, 6 ans, par le poignet, pour ne pas arriver en retard à l’école.
Dans ce moment père-fils qui aurait dû sceller leur complicité il n’y a que pleurs et injonction. En une fraction de seconde, tout bascule, c’est la fusillade, l’enfant s’écroule, terrassé. Le père ne veut pas comprendre, il ne voit la mort de son fils qu’à l’arrivée à l’hôpital dans les yeux de sa femme.
Une fraction de seconde, comme une étincelle, leur vie est fichue.
Giuliana veut que Mattéo lui ramène leur fils ou qu’il tue l’assassin.
Quel drame plus profond, plus incompréhensible que la mort d’un enfant ?
C’est ce drame qu’écrit Laurent Gaudé avec une écriture simple pour mieux ancrer le lecteur dans le quotidien de ces parents en souffrance. Cette simplicité ne fait que renforcer la prégnance de l’émotion.
« Ils ne pouvaient plus rien l’un pour l’autre, que s’écorcher de leur présence commune, de leurs souvenirs douloureux et de leurs pleurs secrets. »
En un va et vient entre deux époques, l’auteur nous mène par le bout du nez, entre ombre et lumière, dans cette danse folle entre le père et le fils « revenu ».
Le périple qui mène Mattéo et le curé Mazerotti est d’un réalisme qui entraîne le lecteur qui ne se posera pas la question de savoir pourquoi un enfant de 6 ans, une petite victime de la folie des hommes, se trouve en Enfer et non pas au Paradis.
« C’était la porte que l’on n’ouvre pas, celle du monde d’En-Bas où ne vont que les morts. »
Par cette écriture unique qui caractérise Laurent Gaudé, cette faculté qu’il a d’écrire des livres sublimes sans jamais se répéter, toujours à nous éblouir de ses histoires uniques. Cette fois encore son sens de la dramaturgie nous fait vivre cette histoire sans jamais alourdir sa narration de son érudition.
L’alternance avec laquelle il joue de manière magnifiquement maîtrisée, renforce nos visions les plus cauchemardesques de la souffrance ultime.
L’importance de nos morts, ce qu’ils disent de nous, car nos vies ne se font pas avec des « si j’avais su » …
Dans cette histoire il n’y a pas que Naples qui tremble, nous aussi.
En refermant ce livre, bizarrement une force est en nous, sûrement celle des êtres aimés qui nous habitent.
©Chantal Lafon
Comme toujours avec Laurent Gaudé, une écriture puissante et percutante pour nous narrer l'aventure de Mattéo, père de Pippo, au sein des enfers. Un roman déroutant, dérangeant parfois, qui pousse à la réflexion sur la vie, la mort et les choix qui en découlent. A lire de toute urgence !
A Naples, un petit garçon de six ans, Filippo,est tué par une balle perdue lors d'un règlement de compte entre mafiosis. Ses parents, Matteo et Giuliana perdent toute raison de vivre. Avant de disparaître, sa femme adresse une requête terrible à Mattéo: " Rends-moi mon fils ou si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l'a tué ". Alors commence la quête de Mattéo qui, incapable de tuer l'assassin de son fils, fera connaissance une énième nuit d'errance avec des personnages inoubliables qui vont l'initier et lui permettre de descendre aux enfers chercher son fils...
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre, mais comme il est écrit d'une façon magnifique, j'ai persisté et à un moment donné sans que je réalise quand s'était produit le déclic, je me suis rendue compte que j'étais fascinée, prise au piège de cette histoire envoûtante, poignante sur le deuil, l'impuissance des hommes face au deuil. C'est un conte puissant, une variation sur le mythe d'Orphée, et malgré la vision déroutante, dérangeante de L. Gaudé sur l'Au-Delà, j'y ai lu aussi une bouleversante histoire d'amour...
Un roman bien écrit mais dont le sujet est glauque. Du suspens mais j'ai aimé moyen l'histoire...
Comme il l’a confirmé ensuite dans "La mort du roi Tsongor", Laurent Gaudé sait emporter son lecteur, captiver son intérêt, ménager du suspense puis s’extraire ensuite du réel pour mieux faire comprendre ce qui se passe et toucher au but.
"La porte des enfers", roman napolitain, alterne entre l’été 2002 et 1980, l’année du terrible tremblement de terre qui a dévasté la ville et sa région. Filippo Scalfaro De Nittis affirme d’emblée : « Je porte mon père en moi. » Il travaille depuis deux ans dans le restaurant Chez Bersagliera, via Partenope, faisant la plonge puis les cafés à partir de 19 h. « Je suis le roi du café… Personne à Naples, ne peut se targuer de faire les cafés mieux que moi. » La suite nous apprendra qui lui a transmis ce savoir.
Ce soir, il va servir Toto Cullacio qui l’appelle à sa table « comme un maître à son chien » et… Vingt-deux ans plus tôt, nous courons dans les rues de Naples complètement bloquées par la circulation, avec Matteo De Nittis et Pippo, son fils âgé de huit ans. Giuliana, la mère, prend son service au Grand Hôtel Santa Lucia. Hélas, son mari et son fils sont pris dans une fusillade…
Laissons l’histoire se dérouler pour rencontrer les autres personnages comme Garibaldo qui tient un café, un lieu important où nous retrouvons Grace, un travesti qui apporte réconfort et un peu de tendresse, le professore Provolone et le curé Mazerotti âgé de 70 ans. Il gère à sa façon une église où il ne reçoit plus que les paumés, les égarés, ce qui ne plaît pas au Vatican.
Le titre du livre va s’expliquer peu à peu dans cette recherche du monde des morts menée par un prof déchu, un travesti, un curé et un patron de bistrot débonnaire. Matteo se sent bien avec eux quand il apprend qu’à Malte, La Valette abrite des souterrains immenses creusés 3 000 ans avant JC pour être plus près des morts.
Justement, une expédition au pays des morts révèle toute l’imagination de l’auteur qui nous fait traverser le fleuve des Larmes et surtout les Buissons sanglants : « … chaque mort, en disparaissant, emmène avec lui un peu des vivants qui l’entourent… Le défunt avance aux Enfers avec une longue traîne plaintive. Mais pour ces morceaux de vivants, pour ces bouts sanguinolents, il est interdit de pénétrer plus avant dans le pays des morts. La barrière des buissons épineux les accroche et ils restent ici pour l’éternité. »
Ensuite, Naples tremble, le 23 novembre 1980 : « Toute la ville ne fut plus que panique et appels désespérés… plus d’une trentaine de répliques cette nuit-là, petites, courtes et sourdes comme l’écho lointain d’une colère de titan… La ville entière était dehors. »
Enfin, l’auteur nous emmène loin de Naples jusqu’à l’hôpital de la souffrance de San Giovanni Rotondo, la ville de Padre Pio mais là, pas de miracle, seulement un formidable moment d’humanité.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2019/08/laurent-gaude-la-porte-des-enfers.html
Le déchirement d’un couple qui perd un enfant lors d’un attentat, la dégradation progressive de ces deux êtres qui s’aiment mais ne se comprennent plus. Elle, vivant dans le désir d’une vengeance que son mari ne lui apporte pas, lui, dans le dénie de ce qui est arrivé à son petit garçon. Jusqu’au jour où sa rencontre avec des personnages un peu atypiques, vont lui donner la force de se dépasser et d’aller chercher son fils, là où les âmes perdues ne trouvent pas le repos, « l’enfer ». Voyage au bout de ses propres limites, qui le conduira à une mort certaine. Un roman où la mort qui est en vedette, nous apaise plutôt qu’elle ne nous fait peur, l’auteur développe le cheminement de père hargard avec tant d’amour et de ferveur, que nous sommes portés par une poésie morbide mais salutaire.
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