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«Tu aimerais, dis, une petite fille à trois dollars, disais-je à Jack.- Shut up, Malaparte.- Ce n'est pas cher après tout, une petite fille pour trois dollars. Un kilo de viande d'agneau coûte bien plus cher. Je suis sûr qu'à Londres ou à New York une petite fille coûte plus cher qu'ici, n'est-ce pas, Jack?- Tu me dégoûtes, disait Jack.- Trois dollars font à peine trois cents lires. Combien peut peser une fillette de huit à dix ans? Vingt-cinq kilos? Pense qu'un seul kilo d'agneau, au marché noir, coûte cinq cents lires, c'est-à-dire cinq dollars!»
Avec « La Peau » Curzio Malaparte a offert au monde l'un des livres les plus puissants jamais écrits sur la guerre.
Ce texte publié en 1949 compile des chroniques dont la plupart se déroulent en Italie alors que les Américains la délivrent du fascisme.
Engagé au sein du Corps Italien de la Libération l'auteur de « Kaputt » est officier de liaison auprès des Alliés.
Avec une emphase teintée de surréalisme et d'onirisme il décrit les horreurs de la guerre et l'hystérie qui s'empare d'une population désemparée et affamée prête à tout pour survivre, y compris se prostituer et prostituer ses enfants.
Naples se transforme alors en une immense partouze et un cimetière à ciel ouvert où les vivants célèbrent les morts lors de grandes messes grotesques où religion et superstitions se mêlent.
Le génie de Malaparte est de confronter l'immense civilisation sur laquelle s'est bâti son pays à la trivialité des comportements humains.
En rapportant des dialogues savoureux, réels ou imaginés, il se moque gentiment de l'ignorance et de la morale étriquée des GI et de leurs chefs qui agissent en vainqueurs persuadés « que la défaite est […] un acte de la justice divine ».
En choisissant la démesure et une bouffonnerie colorée d'un humour noir et cruel il a composé un récit visuel digne de tableaux de Bosch, de Goya, de Velasquez ou encore d'Ensor, des romans de Céline et du cinéma de Fellini.
Une lecture dérangeante et indispensable pour saisir l'absurdité de la guerre et la barbarie des hommes.
EXTRAITS
Le nom Italie puait dans ma bouche comme un morceau de viande pourrie.
La liberté coûte cher, beaucoup plus cher que l'esclavage.
Pour se sentir des héros, tous les vainqueurs ont besoin de […] fourrer leur doigt dans une pauvre fille vaincue.
La douleur rend les gens fous.
Tout ce qui est humain est sale et lâche. L'homme est une chose horrible.
Nous étions des hommes vivants dans un monde mort.
C'est une honte de gagner la guerre.
https://papivore.net/litterature-italienne/critique-la-peau-curzio-malaparte-denoel/
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