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Bien loin de constituer un ouvrage isolé dans la production de Max d'Ollone, L'Été appartient, avec Hymne, Dans la tempête et Sous-Bois à un ensemble de quatre choeurs réalisés dans le contexte particulier du concours pour le prix de Rome. Institué en 1803, supprimé dans la foulée des événements de mai 1968, ce dernier fut pendant plus d'un siècle et demi le plus convoité des prix français de composition musicale. Organisé par l'Institut, il garantissait à ses lauréats, à défaut de l'assurance d'une future carrière sans embûches, du moins l'entrée par la grande porte dans le monde artistique et quelques années de pension en Italie, dans le cadre prestigieux de la villa Médicis. De fait, bien peu résistèrent à l'attrait de cette récompense susceptible de marquer avec éclat l'aboutissement de longues années d'études. Même parmi les représentants les plus progressistes de l'art français, tels Berlioz, Debussy ou Ravel, on s'appliqua à répondre aux attentes plutôt conservatrices de l'Académie des beaux-arts. C'est à partir de 1894 que d'Ollone se présenta aux deux épreuves qui constituaient alors le concours. La première, éliminatoire, consistait en la réalisation sur une semaine d'une fugue et d'un choeur avec accompagnement d'orchestre sur un poème donné?; la seconde en la composition d'une grande cantate pour trois voix solistes, à l'image de cette Frédégonde avec laquelle il remporta son premier grand prix.
Achevé en mai 1894, pour sa première participation au prix de Rome, L'Été ne compte sans doute pas parmi les ouvrages les plus représentatifs de Max d'Ollone. Oeuvre de jeunesse, oeuvre de concours, elle fut avant tout conçue pour répondre à diverses exigences dont le musicien n'était pas véritablement le maître. Toutefois, entre respect d'une certaine tradition académique d'élégance et de clarté et pure démonstration technique, il restait encore de la place pour l'expression d'une véritable sensibilité. Ainsi, comment de ne pas admirer le souffle juvénile se dégageant de ces quelques pages finement ciselées, ou cette délicate conclusion aux audacieuses harmonies ? Entre la grande pureté de la partie chorale et l'étonnante maîtrise de l'accompagnement lui servant d'écrin, le compositeur parvient à magnifier l'atmosphère particulière, presque lyrique, des quatre strophes de Victor Hugo. Construit autour de deux motifs distincts, l'ouvrage se caractérise par sa forme tripartite raffinée, la section centrale formant un contraste s'atténuant peu à peu jusqu'à la reprise attendue de la partie initiale. Profondément ancré, au-delà de quelques audaces bien excusables chez un aussi jeune garçon, dans l'héritage du xixe siècle de Jules Massenet, L'Été témoigne de cette esthétique particulière propre aux ouvrages du prix de Rome. Longtemps décriés comme de simples exercices de style profondément passéistes, ils n'en recèlent pas moins de véritables beautés qu'il convient aujourd'hui de redécouvrir.
Cyril Bongers
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