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Gaston Miron (1928-1996) est connu comme l'un des meilleurs écrivains du Québec grâce à son recueil de poèmes, L'homme rapaillé, publié pour la première fois à Montréal, en 1970. L'oeuvre de Miron, est traversée par un tellurisme qui donne à l'écriture son souffle épique. Mais Miron est un grand poète épique parce qu'il prétendait faire une poésie personnelle, c'est-à-dire devenir impersonnel dans le nous. "Le je du poète personnel, disait-il, est tragique et impudique : il s'identifie. Ce je se réfracte parfois en tu et en il. Le je du poète personnel trouve sa réversibilité dans le nous". Le poète s'est mal remis de la mort de son père. Ce qui explique en partie son engagement politique pour l'indépendance du Québec. Pour se réconcilier avec les siens. Pour retrouver la voix de la mère qui a mal "fait" le deuil du père. C'est avec la voix rauque de Lazare sortant de son tombeau que le poète surgit sur la place publique dans le cycle de La batèche. On trouve également de l'impudicité dans les paysages affectifs de La marche à l'amour avec leurs sécrétions venteuses. On cherche aujourd'hui à déshistoriciser Miron. Il s'agit d'une déshistoricisation qui concerne également la perte d'historicité de toute une poésie française moderne, comme le constatait Henri Meschonnic dans une réflexion sur l'épique hugolien.
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