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J'emporterai le feu

Couverture du livre « J'emporterai le feu » de Leila Slimani aux éditions Gallimard Audio
Résumé:

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Avis (4)

  • De tous les genres littéraires, je crois que la saga familiale est de loin mon préféré. Suivre le destin d’une famille, prendre le temps de découvrir et de s’attacher à chacun de ses membres, observer comment l’histoire peut infléchir leurs trajectoires individuelles, tout ceci a quelque chose...
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    De tous les genres littéraires, je crois que la saga familiale est de loin mon préféré. Suivre le destin d’une famille, prendre le temps de découvrir et de s’attacher à chacun de ses membres, observer comment l’histoire peut infléchir leurs trajectoires individuelles, tout ceci a quelque chose de fascinant et d’addictif. Alors, forcément, j’attendais avec impatience de retrouver la famille Belhadj, et point de suspense, ce dernier volet est passionnant.
    Nous sommes à Rabat, au début des années 80, où Aïcha et Mehdi viennent d’avoir deux filles, Mia et Inès. Ils vivent confortablement, font partie de la bourgeoisie de Rabat, elle installée comme gynécologue et lui PDG d’une banque d’Etat. Ils sont respectés et leurs filles sont élèves du lycée français où elles côtoient la jeunesse dorée de la ville. Mais cela suffit-il à s’affranchir du poids des convenances ? Etre une femme dans le Maroc de ces années est-il plus simple pour Mia et Inès, qu’il ne l’a été avant elle pour Mathilde ou Aïcha ? Récit de 20 années feront l’apprentissage de la liberté, de la différence et de la douleur.
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    Là où les deux premiers volets de cette saga faisaient la part belle au romanesque, celui-ci est plus intime et plus politique. Peut-être parce qu’il met en scène le double littéraire de Leila Slimani en la personne de Mia, et qu’à travers elle l’autrice avait besoin plus encore de s’exprimer. Peut-être parce qu’il dévoile des épisodes douloureux de son histoire familiale, avec notamment la plaie béante laissée par la disgrâce et le décès prématuré de son père. Peut-être parce qu’avec la disparition de Mathilde et Amine c’est tout un pan de son histoire qu’ils emportent avec eux, la laissant seule et sans mémoire.
    Un roman tout entier axé autour de la question de l’identité. « Peut-on à la fois être d’ici et de là-bas », comment se construire quand on grandit « entre deux mondes ». Entre le Maroc et la France. Entre un monde d’hommes et un monde de femme. Entre le monde des privilégiés et celui des plus démunis. Entre le monde de l’intérieur, où l’on est libre de ses actes et de ses pensées, et le monde de l’extérieur, où tout est caché, où l’hypocrisie règne, où l’on fait semblant et où l’on a peur. Cela forge une identité fragmentée, fragile, qui finalement ne s’affirme que dans l’altérité. Car c’est en se confrontant aux autres que les héroïnes de ce roman prennent conscience d’avoir grandi dans « un pays à la périphérie du monde », tiraillées entre deux cultures.
    C’est un roman de femmes aussi, peut-être plus encore que les précédents. Des femmes multiples et différentes, des femmes fortes, à l’image de Mathilde et d’Aïcha, des femmes qui résistent comme Mia ou Selma, mais des femmes toutes écrasées sous le poids des conventions, que la société leur impose ou qu’elles s’imposent elles-mêmes, figées dans la reproduction de schémas ancestraux. Enfin c’est un roman empli de sensualité, où une grande importance est accordée aux corps. Des corps qui s’épanouissent, jouissent et exultent, des corps blessés ou qui souffrent, des corps défaillants, qui s’effacent, s’étiolent et meurent. Emouvant et beau.
    Il me restera de ces trois volumes le souvenir d’un texte d’une grande puissance romanesque, le sentiment de mieux connaitre la complexité de ce pays, le pays des autres, et le regret certain de quitter cette attachante famille

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  • Esquisser une évocation de l’histoire d’un pays, le Maroc, à travers les membres d’une famille est un exercice littéraire périlleux et semé d’embûches. Il y a danger de simplifier les choses à l’excès, d’être réducteur, partisan, Il faut aussi éviter l’éloge inconditionnel, la célébration des...
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    Esquisser une évocation de l’histoire d’un pays, le Maroc, à travers les membres d’une famille est un exercice littéraire périlleux et semé d’embûches. Il y a danger de simplifier les choses à l’excès, d’être réducteur, partisan, Il faut aussi éviter l’éloge inconditionnel, la célébration des racines incontournables sans lesquelles un être humain ne peut trouver son équilibre, ni se situer dans la nature et l’intensité de ses appartenances communautaires, religieuses, nationales.
    Leïla Slimani publie le troisième tome de sa trilogie romanesque intitulée : « Le pays des autres ». Après avoir décrit dans les deux premiers tomes : Le pays des autres et Regardez-nous danser les premières générations de la famille Belhaj, entre la Seconde Guerre mondiale et les années soixante, Leïla Slimani poursuit cette évocation du Maroc des années 90 jusqu’à nos jours. L’auteure se focalise sur la troisième génération, particulièrement Inès et Mia, et sur les parcours de Mathilde, leur grand-mère née en Alsace et ayant épousée un Marocain, Amine Belhaj.
    Dans les tentatives d’émancipation recherchées pas ces femmes, il y a la volonté de surmonter la peur, l’affirmation de nouveaux comportements, la recherche d’un pays où vivre sans chuchoter dans les lieux publics ou les réunions de famille. Leila Slimani rappelle que ces attitudes , ces défis aux opinions et aux conduites du moment , le conservatisme, le poids de la religion, de l’ignorance , de la bigoterie sont générateurs de danger et bien souvent de souffrance .Ainsi, Aicha Bela, gynécologue de son état, fille de Mathilde et d’Amine Belhaj, se reproche-telle un manque de détermination personnelle : « Mehdi répète que je ne m’impose pas , tu ne sais pas dire non, ni à tes filles, ni à tes patientes, ni à personne ( …) c’est la résolution que je prends maintenant que je vais avoir quarante ans, dire non, m’imposer . »
    Les personnages d’une saga historique doivent exprimer leur amour de la terre natale , leur désir de voir leur œuvre perpétuée , incarnée par leurs enfants ; Mehdi Belhaj a fondé une entreprise au Maroc et il fait part de la nécessité de poursuivre son action à Selim, son fils installé aux États-Unis et y exerçant la profession de photographe, métier peu crédible pour son père : « Et je ne peux pas accepter qu’après notre mort l’exploitation reste à l’abandon (…) dans la vie, on ne fait pas ce qu’on veut et cette terre doit rester la terre des Belhaj . »
    Leila Slimani évoque fréquemment les problématiques de liberté sexuelle, d’affirmation de différence. Ainsi, Mia, l’une des filles, découvre-t-elle des penchants homosexuels. Mais c’est la question de l’identité qui est évoquée, avec beaucoup de nuances et de recul. L’auteur lui accorde une place substantielle dans la vie de ses personnages, tiraillés entre la tentation de l’exil, le mal du pays, et qui ne parviennent pas à trouver une réponse univoque : « Mathilde se sentait étrangère à son enfance, comme si cette enfance n’était pas une histoire vraie mais un rêve récurrent, un souvenir incertain. Elle avait vécu au Maroc toute ; sa vie d’adulte, dans cette maison sur la colline (…) oui, ce pays était devenu le sien et elle pensa qu’il n’y avait pas de meilleur endroit pour vieillir. »
    C’est une très belle saga romanesque que Leila Slimani nous livre. Elle se penche sur l’histoire de ce pays, en portant un regard critique, ambivalent, mais plein d’espoir. Elle évite les simplifications outrancières, les caricatures. On lira avec grand profit cette évocation du Maroc contemporain.

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  • Voilà un livre que j’attendais avec une grande impatience !

    Dans ce troisième volet de la saga familiale « Le pays des autres », Leïla Slimani poursuit le destin de la famille Belhaj avec la troisième génération, Mia et Inès qui naissent dans les années 80.

    Le personnage de Mia, projection...
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    Voilà un livre que j’attendais avec une grande impatience !

    Dans ce troisième volet de la saga familiale « Le pays des autres », Leïla Slimani poursuit le destin de la famille Belhaj avec la troisième génération, Mia et Inès qui naissent dans les années 80.

    Le personnage de Mia, projection littéraire de Leïla Slimani, lui permet de se livrer comme jamais dans un roman. Parce qu’elle l’a vécu, elle décrit avec justesse la complexité des sentiments de ses personnages, leurs contradictions, leur désir d’émancipation et la fougue de leur jeunesse. Avec un style incisif parfois tendre, souvent cruel, elle interroge sans cesse la notion d’identité. « Peut-on à la fois être d'ici et de là-bas?»

    J’ai trouvé que l’écriture de Leïla Slimani prenait un nouveau souffle avec ce dernier opus qui clôt la série en apothéose avec une rare intensité littéraire. Les chapitres alternent entre des instants de vie des différents personnages et les monologues d’Aïcha, génération pivot entre tradition et modernité, qui sont si profonds. Le personnage de Medhi m’a particulièrement touchée, avec quelques pages poignantes sur l’amour d’un père pour sa fille. Un condensé amour vrai et déchirant : celui qui permet la liberté.

    Ce livre m’a émue, secouée, interrogée. Les personnages sont complexes et criants de vérité, avançant constamment sur une ligne de crête; entre les racines qui donnent une identité et celles qui emprisonnent, entre deux cultures, des prises de position et des non-dits. En maîtrisant avec brio cet entre-deux ambivalent, Leïla Slimani tente de répondre à cette question fondamentale et universelle: quel est donc ce pays des autres ?

    « Elle n'était plus d'ici mais elle ne serait jamais de là-bas. »

    Un grand merci à @editions_gallimard qui m’a permis de lire ce livre avant sa sortie.

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  • Inaugurée en 2020 avec Le pays des autres, la fresque romanesque de Leïla Slimani mêle l’histoire d'une famille à celle du Maroc sur trois générations. Tout a commencé dans l'ambiance souvent inquiétante du Maroc colonial d'après-guerre, puis la révolte de la jeunesse et des intellectuels face à...
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    Inaugurée en 2020 avec Le pays des autres, la fresque romanesque de Leïla Slimani mêle l’histoire d'une famille à celle du Maroc sur trois générations. Tout a commencé dans l'ambiance souvent inquiétante du Maroc colonial d'après-guerre, puis la révolte de la jeunesse et des intellectuels face à Hassan II dans le deuxième volet. J'emporterai le feu vient clore la trilogie et nous parle d'une époque plus récente où il était prudent de se taire, voire de se cacher pour éviter une violence étatique. Comment les petits enfants de Mathilde et Amine ont-ils vécu l'héritage de cette terre magnifique qui parfois exige le sang comme monnaie d'échange ? Affronter le jugement arbitraire, les préjugés, le refus de la différence, la solitude comme seul remède, chacun apprendra à son tour à reconnaître le chemin de la liberté. Un roman juste, la plume captivante de Leila Slimani.

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