Retrouvez tous les conseils donnés lors de la rencontre spéciale BD sur "Un endroit où aller"
Dreyfus, cette fameuse Affaire qu'on évoque sans vraiment la connaître, je suis allé l'explorer, voir ce qui s'est écrit dans la presse en cette fin de XIXe siècle, lire les témoignages des protagonistes, comprendre quels rapports de forces étaient alors à l'oeuvre, par quels rouages les choses se sont configurées. Et j'ai été tout simplement sidéré par les résonances avec notre époque...
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Chronique parue sur le blog www.sambabd.net
Bon, je vous préviens, je préfère vous prévenir ! Grosse chronique pour très gros coup de cœur pour une très grosse BD ! En effet, si j’ai demandé à chroniquer cette BD, c’était avant tout par principe. L’Affaire Dreyfus, de par toute l’injustice dont est l’objet son personnage central, de par le climat d’antisémitisme dont elle est à la fois le reflet et le prétexte pour l’époque et de par l’importance et le retentissement qu’elle a eu, est une affaire non seulement politique mais, surtout, une affaire où la justice (en tout cas partiellement…) a fini par être rendue, à défaut de triompher… Et à lire cette sublime BD, ce n’était vraiment, mais alors VRAIMENT pas gagné…
Dans ce pavé de 312 pages, comme toujours, il y a le fond et le forme. Mais rarement les 2 auront été aussi importants et aussi complémentaires. Complémentaires justement parce que le sujet est tellement vaste et la mise en contexte tellement riche qu’il est malheureusement bien trop rébarbatif de s’avaler les innombrables coupures de presse et autres passages de livres autobiographiques des acteurs principaux de ce drame d’une fin de siècle. Alors que là, sous forme de bande dessinée, ça passe vraiment très bien. Et pourtant, de la matière, il y en a ! Au passage, le travail de l’auteur est tout simplement CO-LO-SSAL !
Mais cette BD n’est vraiment pas une BD comme les autres. En effet, Jean Dytar a choisi de nous faire vivre cette affaire à travers le prisme de l’informatique, de l’Internet et, bien entendu, des inévitables réseaux sociaux. La forme est donc la suivante : les pages reproduisent un écran d’ordinateur tournant manifestement sous l’anguleux Windows 95, voire 98 (ce qui donne déjà un côté un peu vieillot), dans lequel on aurait ouvert l’onglet d’un navigateur Internet. Dans la barre de recherche, il y a le nom de la source (journal, autobiographie, etc.) et juste à côté le nom du ou des intervenants de cette page. Et si l’auteur s’amuse à nous placer de petits anachronismes comme les pouces levés ou baissés des réseaux sociaux, c’est pour mieux nous faire toucher du doigt (du pouce ?) l’ambiance de l’époque. Je dois dire que c’est assez drôle de lire un article de l’Aurore ou de l’Intransigeant et d’y voir accolés en dessous des commentaires sous pseudonymes comme ceux que l’on peut lire dans les contributions des lecteurs de nos journaux actuels sur le Net. J’ai même bien ri lorsqu’on annonce le nombre de signataires d’une pétition avec, juste en dessous, le prochain objectif, comme cela se fait aujourd’hui, en temps réel, mais comme cela était évidemment impossible il y a plus d’un siècle… Sans vous parler du Crowd Funding pour aider la veuve de l’un des faux témoins de l’affaire… Bref, cette actualisation de la forme est vraiment la bienvenue car elle aide décidément très bien à faire passer un contenu à la fois dense, grave et particulièrement violent.
Car c’est à mon sens là l’autre vertu principale de ce remarquable ouvrage : nous aider à réaliser à quel point l’époque était d’une violence inouïe. On a du mal à se l’imaginer, mais les journaux, ceux de ce qu’on appellerait aujourd’hui l’extrême droite, étaient en permanence dans l’outrance, le mensonge, la mauvaise foi et l’appel régulier plus ou moins voilé à la sédition. Il faut dire que les quelques acquis sociaux obtenus à la fin du XIXème siècle ne plaisaient pas à tout le monde et que le Capital allié au Goupillon, ce qu’on appelait alors la Réaction, n’étaient pas disposés à laisser les gueux et autres socialistes internationalistes en obtenir encore plus.
L’Antisémitisme était l’une des composantes de cette Réaction. C’en était même un élément fédérateur puisqu’il dépassait parfois les clivages politiques très forts comme le souligne très justement la BD. En effet, au début de l’affaire, Jaurès ne se sent pas spécialement impliqué et la judaïté de Dreyfus ne semble pas totalement étrangère à ce sentiment… Il faut dire que pour les anarchistes comme pour les socialistes, les juifs font supposément partie du Grand Capital qu’il faut abattre. Alors, certes, on est mal-à-l’aise face à l’injustice qui touche un homme en particulier, mais on sait que, au bout du compte, cet homme, par son appartenance à une communauté donnée, reste l’ennemi… Et comme de l’autre côté de l’échiquier politique, les nationalistes, royalistes et autres catholiques intégristes diffusaient quotidiennement leur haine sans filtre des juifs, on peut dire que l’ambiance était un peu tendue pour ces derniers. D’ailleurs, certains propos tenus dans les journaux ouvertement et même fièrement antisémites de l’époque préfiguraient largement les horreurs de la Shoah.
En tout cas, au fil de ces 312 pages durant lesquelles défilent méthodiquement les pièces de l’immense puzzle que représente l’Affaire Dreyfus, on ne peut qu’être fortement troublé par ce qu’elle nous dit de l’époque, de notre société, hier, mais également aujourd’hui.
EXCEPTIONNEL !!
Bel exercice de reconstitution historique autour du capitaine Dreyfus, de ses partisans et de ses détracteurs.
L'album est conçu dans l'esprit des médias actuels, Breaking News et supports numériques version Google Actu. Les articles sont likés, référencés, classés, top-és. Le traitement est original donc et mérite d'être salué.
Pour autant, ces dessins figés d'un autre temps et cette succession de témoignages et d'articles d'époque m'ont malheureusement lassé. Je n'ai pas réussi à m'accrocher et je n'ai pas poussé au delà du procès à l'encontre d'Emile Zola.
200 des 300 pages de l'album et je jette l'éponge...
Désolant, mais je vais basculer sur le "J'accuse" de Roman Polanski. Autre traitement de l'Histoire. Variation du média.
Une véritable somme, à tous les sens du terme, que cet OLNI de Haute-Qualité
OBJET par sa forme, LITTERAIRE car c'est un vrai livre avec du contenu narratif, structuré, ... NON IDENTIFIE en étant certes une BD avec mise en page et des dessins, mais pas que en étant nourrie de documents d'époque, pouvant d'ailleurs être vus directement grâce à l'application Delcourt. Cet accès aux fac-similés permet de voir / vérifier que, ce qui pourrait paraitre imaginé tellement c'est nauséeux, est bien l'expression des opinions à l'époque.
A l'heure où certains réécrivent l'histoire (y compris celle entrain de se faire), c'est un ouvrage salutaire qui, en se bornant à dérouler et présenter "l'affaire Dreyfus" avec les pièces de l'époque et les expressions des protagonistes, fait œuvre puissante contre tous les révisionnismes et manipulations. Un livre rare et nécessaire.
L'affaire Dreyfus est entrée dans l'Histoire en grande partie grâce à l'article «J'accuse… ! » qu'Émile Zola a publié dans le journal L'Aurore n° 87 du 13 janvier 1898. Sans ce retentissement est-ce qu'on en parlerait encore aujourd'hui ? Alors à l'époque des chaînes d'info 24/24H et des nouvelles technologies comment aurions-nous suivi cette affaire qui a défrayé la chronique de 1894 à 1906.
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Tout d'abord avant d'être une bd, c'est un objet, un magnifique objet. Une belle boîte rouge où figure un doigt accusateur et le titre. Simple et efficace. Puis on ouvre et on découvre la bd en format paysage, logée telle un écran au dessus du clavier d'ordinateur. Et c'est bien l'approche de l'auteur. Il décortique les faits à la manière d'un dossier où on aurait enregistré tous articles comme si ils étaient publiés sur le WEB. Quelle intelligence, quelle justesse ! On apprend, comprend et découvre. Et ça ne s'arrête pas là... Le travail immersif continue avec l'application connectée Delcourt qui permet d'avoir les visuels des articles de journaux de l'époque.
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J'avais adoré "Les Tableaux de l’ombre" qui donnait vie aux petits tableaux du Louvre pour les mettre en lumière. Alors quand j'ai appris que Jean Dytar s'attaquait au monument «J'accuse… ! » je me suis demandé comment il allait faire ? L'auteur a réussi à plonger cette histoire de la fin du XIXe siècle (et début du XXe) dans le XXIe et c'est une IMMENSE réussite.
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