Cette BD nous introduit dans l'intimité des peintres de la renaissance à Venise au 16ème siècle. A travers plusieurs personnages, dont nous découvrons à la fin ce qui les relie, Jean Dytar construit une belle histoire sur l'amour de la peinture, mais aussi sur l'amour filial ou encore l'amour...
Voir plus
Cette BD nous introduit dans l'intimité des peintres de la renaissance à Venise au 16ème siècle. A travers plusieurs personnages, dont nous découvrons à la fin ce qui les relie, Jean Dytar construit une belle histoire sur l'amour de la peinture, mais aussi sur l'amour filial ou encore l'amour tout court.
Le personnage principal, celui autour duquel tout converge, est un peintre talentueux, Antonello de Messine, personnage qui a réellement existé et qui laissé des toiles célèbres, reproduites en partie dans cette BD. Jean Dytar s'inspire de la vie de ce peintre pour construire son récit. Il imagine qu'à son arrivée à Venise, après avoir vécu en Sicile, Antonello suscite la curiosité de ses pairs par son talent et les secrets de fabrication qui entourent ses tableaux. En effet, ses portraits, étonnants de maîtrise et de dextérité, forcent l'admiration et ne passent pas inaperçus. Le fait que ses modèles ne posent que très peu de temps intrigue, à une époque où l'on devait rester de longues heures immobile face au portraitiste. Ce secret de fabrication sera levé au cours du récit.
Parallèlement, une autre intrigue surgit au cœur de la BD, qui éclaire le titre de l'album : un riche banquier, Filippo Barbarelli, demande à Antonello un portrait de sa femme actuelle, qui ressemble fort à sa première femme idolâtrée et morte plus tôt. Antonello doit s’exécuter tous les soirs sous les yeux du banquier jaloux qui surveille les séances. Mais le peintre ne parvient pas à saisir la beauté d'Anna et à la reproduire sur la toile. Quelque chose lui échappe... Une référence à la mythologie, Bacchus qui découvre Ariane au petit matin, sera d'une aide précieuse pour Antonello : il va finir par terminer son tableau et le livrer mais il devra alors quitter Venise...
Cette BD passionnante est intéressante à plusieurs titres. Tout d'abord c'est une réflexion habilement menée sur la quête de perfection des artistes, sur leur désir de créer des œuvres uniques, semblables à la vie. Jean Dytar greffe sur ce terreau une très belle histoire d'amour qui se double d'un témoignage très réaliste sur la vie à Venise au 16ème siècle. Ainsi, le lecteur pénètre dans plusieurs ateliers de peintres de l'époque, remplis d'apprentis ou au contraire désert comme celui d'Antonello où seul son fils évolue. Les reproductions de certaines œuvres, adaptées par l'auteur pour pouvoir être insérées dans la bande dessinée, sont très fidèles aux peinture originales, que l'auteur d'ailleurs cite en fin d'ouvrage, pour le lecteur curieux d'approfondir certains éléments présentés dans l'album. Quelques cases sont travaillées comme des miniatures de tableaux de l'époque. L'auteur réalise un très beau travail, qui mêle la peinture classique à la bande dessinée. A souligner également : l'aspect pédagogique de l'ensemble, qui nous permet de mieux saisir l'époque. Un très bel album, à ne pas réserver aux seuls amateurs de peinture classique.
Excellent commentaire.