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"Il ne m'est Paris que d'Elsa": l'anthologie des plus beaux poèmes d'Aragon sur Paris...
Par cette anthologie, Aragon intègre la famille des poètes qui ont chanté Paris et décide de sa filiation en donnant à relire, comme en surimpression, les tableaux parisiens de Baudelaire, les poèmes d'Apollinaire, le Paris de Francis Carco et de Robert Desnos, compagnon de route du surréalisme.Mais Paris est également le théâtre où se joue l'histoire d'un amour écrit aux portes de la légende: celui que le poète voue à Elsa, rencontrée en 1928. Il ne se contente pas de célébrer les endroits que le couple fréquentait: à travers Elsa, il retrouve l'empreinte affective que le temps a laissée sur les murs de la capitale. "En intitulant son recueil Il ne m'est Paris que d'Elsa, Aragon faisait plus que mettre en miroir deux mythes qui lui sont propres, il donnait une définition de lui-même et de son écriture. Tout comme Paris et le monde en général ne peuvent devenir sensibles au poète que par la médiation de l'Autre, le poème sur la ville découvre, dans la brèche qu'ouvre la voix d'autrui, la première césure qui donne naissance au chant. Poésie de la rencontre et du dialogue, la romance d'Aragon trouve dans Paris, ville d'histoire et de mots, plus qu'un écho, un interlocuteur." Sylvie Servoise, auteure de la postface.
Il est toujours plaisant de se plonger dans la poésie d’Aragon, surtout lorsqu’elle nous offre une flânerie dans ce Paris qu’il aimait tant. Et puis, il y a la présence d’Elsa Triolet, son grand amour. Les deux sont liés - je veux parler d’Elsa et de Paris- puisque Aragon l’a rencontrée pour la première fois au café de la Coupole où se croisait la faune des surréalistes.
On comprend mieux ce titre évocateur : « Il ne m’est de Paris que d’Elsa »
La nostalgie est à chaque coin de page, une nostalgie d’un Paris ancien, d’un Paris peuplé de fantômes. Le Paris d’Aragon, c’est aussi celui des petits matins lorsque la ville besogneuse se réveille. Mais toujours Paris évoque une certaine idée de la liberté.
« Paris s’éveille et moi pour trouver ces mythes
Qui nous brûlaient le sang dans notre obscurité
Je mettrai dans mes mains mon visage irrité
Que renaisse le chant que les oiseaux imitent
Et qui répond Paris quand on dit liberté. »
Alors, qui de Paris ou bien d’Elsa est le plus présent dans ce recueil ? Elsa « reine de cette ville » apparait ici en filigrane. Elsa, muse et amante d’Aragon, lui était indispensable, mais la ville de Paris reste immuable et c’est aussi la ville de sa jeunesse.
« Lieux sans visage que le vent
Ô ma jeunesse rue de Vanves
Passants passés printemps d’avant
Vous me revenez bien souvent. »
C’est aussi le poète lui-même que l’on retrouve dans chaque vers quand il évoque tous ces lieux qu’il a fréquentés,
Le poète évoque aussi les fantômes de ceux qui ont célébré Paris et Aragon rend hommage à Madame Colette, Baudelaire, Chagall ou encore Fernand Léger. Mais on trouve aussi ses contemporains comme Francis Carco dans « Quai de Béthune »
Au-delà de ses souvenirs de jeunesse, de ses rencontres amoureuses ou amicales, Aragon nous livre une part intime de lui à travers son évocation d’une ville si chère à son cœur. Et il le dit ainsi : « Arrachez-moi le cœur, vous y verrez Paris. »
La postface érudite de Sylvie Servoise permet de mieux décrypter cette poésie complexe d’un grand poète et écrivain engagé qui nous a quittés en 1982 mais dont l’œuvre reste immortelle.
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