Si l'on vous dit Marguerite Toucas-Massillon... Louis Andrieux ? Cela vous éclaire-t-il ? Alors pour savoir, venez par ici !
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Il est toujours plaisant de se plonger dans la poésie d’Aragon, surtout lorsqu’elle nous offre une flânerie dans ce Paris qu’il aimait tant. Et puis, il y a la présence d’Elsa Triolet, son grand amour. Les deux sont liés - je veux parler d’Elsa et de Paris- puisque Aragon l’a rencontrée pour la première fois au café de la Coupole où se croisait la faune des surréalistes.
On comprend mieux ce titre évocateur : « Il ne m’est de Paris que d’Elsa »
La nostalgie est à chaque coin de page, une nostalgie d’un Paris ancien, d’un Paris peuplé de fantômes. Le Paris d’Aragon, c’est aussi celui des petits matins lorsque la ville besogneuse se réveille. Mais toujours Paris évoque une certaine idée de la liberté.
« Paris s’éveille et moi pour trouver ces mythes
Qui nous brûlaient le sang dans notre obscurité
Je mettrai dans mes mains mon visage irrité
Que renaisse le chant que les oiseaux imitent
Et qui répond Paris quand on dit liberté. »
Alors, qui de Paris ou bien d’Elsa est le plus présent dans ce recueil ? Elsa « reine de cette ville » apparait ici en filigrane. Elsa, muse et amante d’Aragon, lui était indispensable, mais la ville de Paris reste immuable et c’est aussi la ville de sa jeunesse.
« Lieux sans visage que le vent
Ô ma jeunesse rue de Vanves
Passants passés printemps d’avant
Vous me revenez bien souvent. »
C’est aussi le poète lui-même que l’on retrouve dans chaque vers quand il évoque tous ces lieux qu’il a fréquentés,
Le poète évoque aussi les fantômes de ceux qui ont célébré Paris et Aragon rend hommage à Madame Colette, Baudelaire, Chagall ou encore Fernand Léger. Mais on trouve aussi ses contemporains comme Francis Carco dans « Quai de Béthune »
Au-delà de ses souvenirs de jeunesse, de ses rencontres amoureuses ou amicales, Aragon nous livre une part intime de lui à travers son évocation d’une ville si chère à son cœur. Et il le dit ainsi : « Arrachez-moi le cœur, vous y verrez Paris. »
La postface érudite de Sylvie Servoise permet de mieux décrypter cette poésie complexe d’un grand poète et écrivain engagé qui nous a quittés en 1982 mais dont l’œuvre reste immortelle.
Nous sommes à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Deux frères que tout oppose s'apprêtent à commencer leur vie.
Edmond et son agilité, sa beauté, comme tout semble facile et évident. Médecin, comme papa. Radical comme papa, peut-être maire, peut-être ministre qui sait ! Mais contre toute attente, Edmond rejete cette vie-là. Malgré des ambitions débordantes. Il est à certains moments prêt à tout pour cet argent qui lui brûle les doigts. Il tombe amoureux, fou amoureux, d'une prostituée repentie, maintenant la protégée d'un homme très riche.
Armand. Armand vouée par sa mère à la prêtrise. Mais subitement, lui non plus ne veut plus de cette vie. Il envisage le théâtre, il ne sait pas, ne sait plus. Ses convictions religieuses, vite brisées par les femmes, la famille, glisseront doucement mais sûrement vers des convictions politiques. Socialistes.
Un portrait d'une France qui a encore du mal à sortir de ses carcans, religieux et traditionnels. le portrait d'une France tiraillée, désunie, face à une guerre dont on sent poindre les prémices.
Je me souviens avoir lu nombre de poètes ponctuellement versés dans la prose. Notamment Baudelaire. Et décidément, je retournais à ses vers. Mais là, toute la poésie d'Aragon est mise au service du récit, c'est rythmiquement parfait. Intelligent, mélodieux, des mots comme il en faut, là où il faut.
Aurélien aime regarder les filles qui marchent dans la rue. Il effleure leurs corps, mais ne les garde jamais dans son cœur. Bérénice viendra troubler le cours de sa vie. Ce roman éponyme écrit par Aragon dépeint bel et bien le monde réel (référence à son cycle romanesque aux teintes balzaciennes dépeignant la France du XIXe et XXe siècle), un monde intemporel, celui des coureurs de jupons. Anesthésié par la guerre, Aurélien vit la dolce vita, de femme en femme, de fête en fête. Sa vie est vide. La jeune Bérénice, drôle d’oiseau des campagnes, viendra remplir son cœur un peu par hasard. Ils se croiseront comme des vents contraires, se chercheront et s’attendront.
Ce roman publié en 1944 est terriblement intemporel et résonne chez le lecteur d’un écho familier, car au fil des pages Aragon narre à ses lecteurs la Vie, tout simplement. Il raconte l’insoutenable légèreté de l’être, le vide existentiel qui ne fait jamais faux bon. C’est pourquoi il est si facile de se retrouver dans l’une des pages du roman. Comme un miroir tendu, Aragon nous rappelle la quête incessante de l’autre. Seules les quelques références à ses contemporains tels que Cocteau ou Picasso nous rappellent à la réalité. Toute l’essence de sa poésie, étalée sur près de 700 pages, nous balade dans les méandres de l’existence. Des grises matinées rythmées par l’écoulement de la Seine au vertige de l’amour et de la mort, Aragon rend palpable toute une tranche de vie grâce à la force de sa prose.
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