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Il est des hommes est un roman noir, au sens où il ambitionne de dire quelque chose du monde social, de sa dureté, de sa folie, de sa barbarie. Un roman qui se confronte aux forces du mal, qui raconte l'enfance dévastée, l'injustice, le sida, la drogue, la violence dans une cité de Marseille entre les années 80 et 2000.
Le narrateur, Karel, est un garçon des quartiers Nord. Il grandit dans la cité Antonin Artaud, cité fictive adossée au massif de l'Etoile et flanquée d'un bidonville, « le passage 50 », habité par des gitans sédentarisés. Karel vit avec sa soeur Hendricka et son petit frère Mohand, infirme. Ils essaient de survivre à leur enfance, entre maltraitance, toxicomanie, pauvreté des parents, et indifférence des institutions.
Le roman s'ouvre sur l'assassinat de leur père. Les trois enfants vont s'inventer chacun un destin. Karel s'interroge : « Qui a tué mon père ? » Et fantasme sur la vie qu'il aurait pu mener s'il était né sous une bonne étoile, s'il avait eu des parents moins déviants et moins maltraitants. Il se demande s'il n'a pas été contaminé par la violence, s'il n'est pas dépositaire d'un héritage à la fois tragique et minable, qui l'amènerait à abîmer les gens comme son père l'a fait. Il veille sur son petit frère et voit sa soeur réussir une carrière au cinéma.
C'est aussi le roman de Marseille, d'avant le MUCEM et d'avant la disparition du marché de la Plaine, qui constitue la géographie sentimentale du livre. Et c'est une plongée romanesque dans toute une culture populaire dont l'auteure saisit l'énergie et les émotions à travers les chansons de l'époque, de Céline Dion à Michael Jackson, en passant par IAM , Cheb Hasni, Richard Cocciante ou Elton John.
Un roman dur : des émotions fortes, de la maltraitance, un quotidien dans la pauvreté et les dépendances diverses, des personnages très attachants "décapités par l'enfance" comme l'écrit l'auteure dans ce riche récit... Tous ces éléments sonnent juste. C'est une lecture prenante.
C’est avec « Il est des hommes qui se perdront toujours », dernier roman de Rebecca Lighieri que je découvre cette autrice, dont je n’ai pas non plus lu les livres écrits sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam.
Karel, le narrateur, Hendricka et Mohand sont les trois enfants d’un Belge et d’une Kabyle, qui grandissent dans une cité HLM de Marseille. Les deux aînés sont d’une beauté spectaculaire avec leur teint mat et leurs yeux clairs et le père, un homme méchant, violent, qui vit de petits trafics, les traîne dans des castings. Quant au petit dernier, il est victime de plusieurs malformations et problèmes médicaux qui lui valent le mépris du père et la sollicitude de la mère, une femme plutôt gentille, mais qui vit sous la coupe de son mari, et qui, comme lui, est héroïnomane. La fratrie passe le plus de temps possible hors de l appartement, et trouvent refuge à quelques centaines de mètres de la cité, dans le campement des gitans, dans une famille qui a des enfants de leur âge, qui deviennent leurs plus proches amis.
Ce roman noir a été une vraie bonne surprise. J’ai trouvé l’écriture très addictive et cinématographique, et je me suis vraiment attachée aux personnages et à leur quotidien, à tel point qu’ils me manquaient quand je reposais le livre. Le récit est évidemment très sombre, il y a de la violence, des parents maltraitants, négligents et toxiques, mais il y a aussi beaucoup de lumière : soleil de Marseille, histoire d’amour entre Karel et Shayenne, fratrie soudée, résiliente et décidée à s’en sortir à tout prix… les personnages secondaires qui gravitent autour du narrateur sont également vraiment réussis, que ce soit les habitants du quartier ou la famille gitane. Et même s’il y a parfois des baisses de régime dans ce roman très riche, le tout forme une histoire passionnante, dans une atmosphère estivale rythmée par les chansons des années 80 et 90, de Richard Cocciante à Michael Jackson, en passant par IAM.
Une belle surprise, qui me donne envie de découvrir le reste de l’œuvre de Rebecca Lighieri / Emmanuelle Baymack-Tam.
Ce roman pourrait être la chronique d’une famille sous emprise et comment s’en échapper ?
L’emprise d’un père aussi sombre que cruel. Il traîne ses deux aînés, Karel le narrateur et Hendricka sa sœur, tous les deux d’une beauté sans nom, de casting en casting espérant vainement qu’ils deviennent suffisamment célèbres pour vivre sur les revenus de ses rejetons. Quant au plus jeune, Mohand, porteur de plusieurs malformations, au mieux il l’ignore, au pire il le violente à un point absolument inimaginable. Le plus souvent, cet homme, que ses enfants n’arriveront jamais à appeler papa, passe son temps à leur hurler dessus, à les dévaloriser, à leur tenir des propos orduriers qui les terrorisent. Les scènes de violence parentale sont juste terribles et insupportables.
Leur mère subit aussi les affres de cet homme ignoble mais laisse faire. Elle aura parfois été « joyeuse, un peu folle, attentive et tendre » mais la plupart du temps elle fut « muette, lointaine, retirée en elle-même ».
Dans cette cité très défavorisée de Marseille, ces trois enfants se débrouillent seuls. Ils vont traîner chez les gitans d’à côté chez qui ils trouvent un semblant de famille, de solidarité et d’amour.
Par les mots de Karel, on les voit grandir, évoluer, partir, s’extirper de ce domicile familial abhorré. Ils apprennent à vivre malgré tout. Karel exprime le sentiment d’avoir, telle une épée de Damoclès au-dessus de la tête, inscrit dans ses gènes la violence de son géniteur.
C’est parfois insoutenable mais on poursuit notre lecture malgré tout, happé par une écriture déchaînée mais parfaitement maîtrisée pour illustrer à la fois la violence et les états d’âme de ces enfants martyrs. Le tiraillement de Karel entre cet héritage paternel et l’aspiration à une vie normale est magistralement décrit.
Beaucoup de justesse et de délicatesse (oui vous avez bien lu, un peu comme la douceur dans un monde de brutes !) pour décrire cet univers sombre (sans être glauque).
Remarquable !
https://animallecteur.wordpress.com/2022/04/20/il-est-des-hommes-qui-se-perdront-toujours-rebecca-lighieri/
Il est des hommes qui se perdront toujours est une histoire qu’on n’est pas prêt(e) d’oublier. C’est une histoire sombre, sordide dans laquelle une urgence de vivre se dégage, on en ressort sonné mais sans larmes. C’est un récit de vies brisées, abîmées, une histoire de drames, de mensonges, de terreur, de violence, de blessures infligées et subies, de remords et de regrets, de marginaux, de laissés pour compte, d’enfants abandonnés qui se construisent en marge de la société.
Il est des hommes qui se perdront toujours, c’est l’histoire de Karel, Hendricka et Mohand, une fratrie dont les deux plus grands sont d’une beauté époustouflante, d’ailleurs le père les traîne de casting en casting, alors que le dernier, Mohand est atteint de multiples syndromes maladifs et fait la honte du père. Parlons en d’ailleurs du père, Karl, il est alcoolique, drogué, violent et maltraitant avec sa famille. Loubna, la mère, est effacée, soumise et indifférente du sort de ses enfants. Cette famille vit dans les quartiers nord de Marseille dans la cité Artaud qui se trouve juste à côté d’un camp de gitans appelé le Passage où vivent Sheyenne, le premier et grand amour de Karel, et Rudy, le frère de Sheyenne qui est aussi le meilleur pour ne pas dire seul ami de Karel.
L’histoire débute par la mort de Karl, le père, c’est l’occasion pour Karel de revenir sur son enfance dans les années 80, bercé par NTM, IAM, Céline Dion, Mickael Jackson, Cheb Hasni, Elton John ou Khaled, jusqu’à l’âge adulte, début des années 2000 et toutes les raisons pour lesquelles Karl a bien fait de se faire tuer.
Ce roman est une histoire de la violence, l’idée que la nature du mal se transmet comme une malédiction, comme un mauvais héritage. Les personnages sont complexes et attachants. Rebecca Lighieri a un don pour décrire les aspects sordides de la vie, c’est explosif, diabolique et cru tout comme Les garçons de l’été de la même auteure. L’écriture et tellement envoutante qu’on ne peux pas lâcher ce livre incroyable.
Coup de cœur pour ce roman noir, puissant, palpitant, malgré quelques longueurs. On peut le lire comme un roman d’apprentissage.
Le livre déroule par la voix de Karel la survie d’une fratrie dans une famille maltraitante. Karl , pervers, violent, toxicomane n’a de cesse d’humilier ses aînés Karel et Hendricka .Mohand le cadet né infirme vit un enfer. La mère Loubna ne s’oppose jamais à la violence du père. Dans cette cité abandonnée des quartiers nord de Marseille, les enfants sont confrontés à de graves questions : comment faire et être avec de tels parents ?Comment ne pas reproduire la violence subie ? Changer de nom ? Comment vivre avec la haine et la culpabilité ?
Et le début de l’histoire ?
On apprend que Karl le père indigne du narrateur Karel a été tué par « personne ». Les souvenirs d’enfance ressurgissent. Karel et Hendricka sont très beaux , lumineux et leur père les fait participer à des castings. Ils trouvent le bonheur dans le camp de gitans du passage 50 proche de leur cité. Des amitiés s’y nouent, Karel y vit ses premiers émois avec Shayenne. Karel a 12 ans quand il découvre que ses parents se piquent à l’héroïne. Choucha, sœur du père de Shayenne, révèle à Karel des secrets de famille qui comprend mieux l’attitude de Yolanda, mère de Shayenne à son égard .Hendricka et Karel échappent temporairement à leur sombre destinée…
magistral, captivant, féroce, comme la vie ! CM
Karel grandit avec son frère Mohand et sa sœur Hendricka dans la cité Artaud, à Marseille.
Si tous les trois connaissent une enfance malheureuse par le mauvais comportement du père, ils ont la maturité de vouloir s’en sortir.
Il va être retracé de 1980 à 2001 leurs parcours à travers les déboires et les sourires d’une cité pas toujours facile.
Entre les amis gitans, la drogue, les amours, des parents absents dans l’éducation, Rebecca Lighieri pose le problème du patriarcat dans ce roman bien abouti.
L’autrice place l’homme au centre du roman. Qu’il soit enfant, adolescent, jeune adulte ou père de famille, la pensée, les gestes, les comportements sont mis en lumière dans une écriture tranchante.
Le pouvoir, la domination de l’homme sur la femme et l’influence qu’il peut avoir sur elle ou sur sa famille sont bien décrits à travers ce roman.
Rebecca lighieri est Marseillaise et titulaire d’une Agrégation de lettres modernes.
Ce n’est pas roman coup de cœur, mais il peut apporter réflexion après lecture.
Je ne résumerai pas ce roman, vous l'avez tous très bien fait
Cette auteure est une découverte pour moi, elle nous propose un suspens oui, mais quelle écriture !
Elle se glisse dans la peau d'un personnage masculin, enfant, adolescent, jeune adulte et ça sonne juste
Et puis Marseille me parle, les années 80 me parlent, tous ces chanteurs me parlent
Merci Madame, j'ai hâte de lire d'autres ouvrages écrits par vous ou par Emmanuelle Bayamack-Tam
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