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" Les gisandras attendent l'arrivée du vent (forêts avant la tempête).
Au crépuscule survient le premier souffle. Il fait frissonner les plantes gonflées de lait ; comprime les tiges duveteuses ; presse la sève vers les cloches (chair de champignon). Le tissu spongieux enfle et les pores, dilatés sous la pression, exsudent un liquide peu épais (gouttes de sueur qui éclosent sur la peau) [. ] Une fois leur suc expulsé, les carcasses creuses se remplissent de bulles, bourgeonnent lentement.
L'hiver les façonne, leur donne de l'élasticité : c'est alors que la gomme mousseuse se répand sur la muraille, les murs de la maison, digère les insectes, le sable, les feuilles, s'insinue dans la gestation de toute chose et assimile, à son tour, les germes étrangers. D'année en année, les espèces se raréfient ou disparaissent : le jardin présente une végétation uniforme et dégénérée (accouplant les trois règnes dans la gisandra future).
" Finisterra est le dernier récit de Carlos de Oliveira (1921-1981) et se situe à la frontière entre le réalisme magique et un ésotérisme poétique " à fleur de paysage ". La transparence sibylline de son écriture nous laisse entrevoir les confins d'une terre où l'imagination et la création sont les racines vivantes d'un sol ameubli, porteur de tous les devenirs possibles. Cette oeuvre n'avait jamais été traduite en français bien qu'elle occupe une place d'exception au sein des lettres portugaises.
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