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Ce livre monumental propose un autre récit de la chute de Rome, faisant des puissances de la nature un acteur essentiel de son destin. Changements climatiques, éruptions et bactéries ont largement pesé dans la décimation de l'Empire, marquant la période qui s'étend du VIe au VIIe siècle, comme la plus grande régression de toute l'histoire de l'humanité en matière de population.
Comment Rome est-elle passée d'un million d'habitants à 20 000 (à peine de quoi remplir un angle du Colisée) ? Que s'est-il passé quand 350 000 habitants sur 500 000 sont morts de la peste bubonique à Constantinople ?
On ne peut plus désormais raconter l'histoire de la chute de Rome en faisant comme si l'environnement (climat, bacilles mortels) était resté stable. L'Empire tardif a été le moment d'un changement décisif : la fin de l'Optimum climatique romain qui, plus humide, avait été une bénédiction pour toute la région méditerranéenne. Les changements climatiques ont favorisé l'évolution des germes, comme Yersinia pestis, le bacille de la peste bubonique. Mais les Romains ont été aussi les complices de la mise en place d'une écologie des maladies qui ont assuré leur perte . Les bains publics étaient des bouillons de culture ; les égouts stagnaient sous les villes ; les greniers à blé étaient une bénédiction pour les rats ; les routes commerciales qui reliaient tout l'Empire ont permis la propagation des épidémies de la mer Caspienne au mur d'Hadrien avec une efficacité jusque-là inconnue. Le temps des pandémies était arrivé.
Face à ces catastrophes, les habitants de l'Empire ont cru la fin du monde arrivée. Les religions eschatologiques, le christianisme, puis l'islam, ont alors triomphé des religions païennes.
M. Kyle Harper nous livre dans « Comment l’Empire romain s’est effondré » un point de vue encore trop peu connu et pourtant très actuel : à savoir celui de la prise en compte du rôle du climat et des maladies dans la chute de l’Empire.
En effet, les changements climatiques et les maladies ont joué un rôle crucial dans l'effondrement de l'Empire romain (bien que ce ne soient pas les seules causes). M. Harper nous apprend que les historiens estiment que l'Empire romain a subi d’importantes modifications climatiques, notamment avec ce qu’il nomme l’optimum climatique romain, qui correspond à l’apogée de l’Empire, et qui se caractérise par des conditions très favorables à des hauts niveaux de production agricole. Lorsqu’il prend fin, les changements climatiques entraînent des récoltes moins abondantes, augmentant ainsi (entre autres) la famine et la malnutrition. Ce qui engendre ainsi d’importantes problématiques sociales et économiques, qui impactent à leur tour la gestion de l’Empire. Et, accessoirement, cela rend possiblement les populations plus vulnérables aux maladies. L'Empire romain a connu plusieurs épidémies majeures qui ont eu des impacts dévastateurs. Par exemple, la peste antonine (165-180 après J.-C.) et la peste de Cyprien (249-262 après J.-C.) ont tué des millions de personnes, ce qui a gravement affaibli l'empire. M. Harper nous explique bien comment l'expansion de l'Empire a facilité la propagation de ces nouvelles maladies, les Romains et leurs routes commerciales favorisant évidemment les contacts entre de nouvelles populations et de nouveaux environnements.
Cela dit, il est nécessaire de ne pas être réducteur (et M. Harper ne l’est pas) et de comprendre à quel point ces facteurs sont complexes et interconnectés. Les changements climatiques peuvent avoir exacerbé les épidémies de maladies, tout comme les épidémies de maladies peuvent avoir rendu l'empire plus vulnérable à d'autres menaces, du fait notamment de chutes démographiques spectaculaires. Climat et maladies ne sont qu'une partie de l'explication de l'effondrement de l'Empire romain. Il ne faut certainement pas négliger les explications politiques, ou encore les problèmes économiques et les tensions sociales. Mais comme le dit M. Harper dans sa conclusion, « que l’environnement ait joué un tel rôle dans ce qui a fait et défait l’histoire de l’une des civilisations les plus remarquables doit être une source d’inspiration ». Et, ce qui le fascine, et qui avait déjà suscité l’étonnement de Gibbon, n’est pas tant la chute de l’Empire, mais plutôt le fait qu’il ait duré si longtemps, tant il était en « équilibre instable entre fragilité et résilience ». A méditer.
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