Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Boulette est grosse. Plus que grosse. « Ça déborde de partout ». Elle mange, mange, mange. Boulette est adolescente, elle est placée dans une famille d'accueil. Elle n'a pas toutes les chances dans la vie. Le monde, pour elle, est partagé entre le pavillon où elle vit avec Grosse-Dame, ses visites à Mère à la Tour des enfants perdus, où l'on s'occupe des malades psychiatriques, et le Royal Plouc Chicken à étages avec supplément frites.
Plutôt gênée et intriguée que honteuse, Boulette regarde le monde en silence, et elle-même comme si elle était un objet. Elle découvre les saignements menstruels, le port de la muselière poitrinaire, se bat avec sa surcharge pondérale, les lettres abracadabrantes de Mère, les gloses continuelles de Grosse-Dame, la tyrannie des professeurs et des camarades de classe. Parmi eux, les garçons, espèce totalement étrangère à son monde, envers qui elle ressent une vive attirance. Mais comment faire, quand on est si grosse ? Qu'il y a la sauvagerie maternelle, la banlieue lugubre, ce corps dont elle s'empèse ? Boulette finira-t-elle par prendre la parole ?
Boulette est inspiré de la biographie de l'auteur. Ni apitoyé, ni clinique, mais jouant avec l'humour et les inventivités lexicales, c'est un livre sur le corps, la difficulté à prendre corps, à se libérer de celui de la mère. Sur une expérience naturaliste, une esthétique de l'ironie. « Le rire, remède au pire ».
Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Un premier roman qui parle de la difficulté à apprivoiser son corps et à se libérer de celui de la mère.
Un roman librement inspiré de la vie de l’autrice.
Un texte à la fois drôle et amer qui parle d’une certaine classe sociale, de l’acceptation du corps par une petite fille, et de la folie d’une mère qui conduira à laisser l’éducation de Boulette à une « grosse dame ».
Une écriture franche et brute qui fait de ce roman d’apprentissage un texte peu ordinaire.
Le lecteur suivra le chemin de cette fille élevée en famille d’accueil, qui parle d’elle avec une certaine auto-dérision pour dédramatiser les situations.
C’est un très court roman qui reflète une certaine littérature française, moderne émergente.
Un roman complétement inattendu qui va bien au-delà des problèmes de boulimie d’une jeune fille, qui cache 1000 trésors derrière ses pages et qui mérite une seconde lecture pour ne pas passer à côté de subtils détails.
Une mauvaise fée s’est penchée sur son berceau : Boulette cumule les fardeaux. Celui de son corps, amas de graisse qu’elle alimente à grand renfort de junk food. Celui d’une mère envahie par les démons de la folie. C’est donc chez la Grosse Dame à qui elle est confiée que boulette tente de saisir les subtilités de la vie.
Dans une langue fleurie et imagée, Joëlle Varenne nous offre un roman d’apprentissage plein de verve et de trouvailles, qui confère au glauque des allures d’humour. Qui font avaler la pilule, sans manquer d’en tirer des leçons de vie. Harcèlement, tyrannie des regards, coups de sort, la vie de Boulette pourrait être un enfer mais une intelligence des sentiments la guide au milieu de ce marasme social.
Une jolie découverte que ce premier roman, qui prend le parti des laissés pour compte.
144 pages Grasset 7 février 2024
Ecrire un livre sur la grosso phobie est une très bonne idée. Les trois personnages principaux, Boulette, sa mère biologique et sa mère en famille d’accueil sont atteintes de cette maladie et enflent régulièrement.
Mais quel bestiaire avec des personnages comme un mari alcoolique, une famille schizophrène, un oncle pédophile, une camarade prédatrice et une paillasserie ambiante pour nous faire plonger dans un univers impitoyable.
« Boulette » de Joëlle Varenne est un puits de tristesse sans lumière ni espérance et ne laisse que des existences sans trop de sens.
Dommage
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