Vous cherchez des idées de livres à offrir à Noël ? Vous êtes au bon endroit !
À demi-arbre ou femme, que lui est-il arrivé ? Est-ce le défigurement ou les insectes envahissants qui ont provoqué son sentiment de perte de soi ? Elle est sur le point de craquer, risque de se fendre en son centre. Médecin, hypnothérapeute, chiropraticien sont à son chevet. On la traite, on la bourre de vitamines, on coupe les branches qui frôlent les fils électriques. Pour survivre dans un monde de béton et d'asphalte, elle se tourne vers les autres espèces et réfléchit au soin à accorder au vivant.
Tramant intimité et science des arbres en une suite de fragments poétiques, Mireille Gagné signe un texte écologiste et mordant qui conserve jusqu'au bout l'espoir de générer du bois neuf, d'être sauvée de l'extinction.
Quand j'étais petite, je savais jouer à la lenteur. C'était facile, il suffisait de retenir le paysage. Des suites d'un hiver hâtif, j'ai étrangement perdu cette capacité, comme si le fait d'avoir manqué le signal avait introduit un léger retard entre moi et le temps.
Vous cherchez des idées de livres à offrir à Noël ? Vous êtes au bon endroit !
Au début, il y a une femme malade. Sa peau se couvre de taches « plein de taches, jaunes, oranges, mauves, rouges, écarlates. » Puis, peu à peu, l’humain se mue en végétal.
« Vous parlez de moi tel un tilleul. »
Elle consulte des thérapeutes, avale des mixtures, mais rien n’y fait, elle continue à se déliter de l’intérieur. Pourritures, insectes, champignons … mais la douleur persiste. L’anxiété semble gagner la femme arbre tout entière, et aucun thérapeute n’a de remède.
Le tilleul, bien enraciné et à la taille imposante, semble si robuste, pourtant il est fragile à l’intérieur.
« Mes ramures poussent si haut, si loin, qu’un jour je risque de me fendre en deux au passage de l’une de ces furieuses bourrasques du nordet »
Mireille Gagné joue de la métaphore avec humour et délicatesse.
« Mon écorce tire entre l’omoplate et la clavicule. »
L’arbre s’étiole sur son trottoir, il prend conscience qu’il gêne.
« Survivre à l’extinction » tourne en boucle dans la conscience de l’arbre. Car rien n’est fait pour le protéger des nuisances. Mireille Gagné glisse adroitement un message écologique. Que restera-t-il de nous si nous ne prenons pas soin de nos arbres ? L’arbre est pourtant porteur de réconfort, il peut calmer l’anxiété, soigner nos maux de citadins stressés. Mais que faisons-nous pour le sauver ?
« Il faut garder espoir qu’une partie de soi puisse être sauvée. »
La suite, hélas, est triste. L’arbre n’a plus sa place dans une zone urbaine dédiée à l’homme.
« J’ai malheureusement grandi du mauvais côté de la rue, écartelée, avec les fils électriques qui me passent au travers. »
Seule une fillette a de l’empathie pour l’arbre condamné et sa survie viendra de l’enfant qui agit avec son cœur. L’arbre, qui se sait condamné, n’a plus envie de résister. Jusqu’à ce jour où les employés de la ville sont venus l’abattre.
« Sans attendre mon consentement, ils ont abattu ce qu’il restait de moi. »
Malgré cet abattage, l’histoire a une fin optimiste qui célèbre le vivant.
En découvrant l’histoire de ce tilleul humanisé. L’identification nous incite à nous questionner sur notre mal être, nos angoisses, nos maladies, dans un monde où il est de plus en plus difficile de se faire une place. Qu’il soit homme ou arbre, tout être vivant possède sa fragilité qui peut le conduire à la mort s’il n’y a aucune prise de conscience.
Ce récit poétique, écrit par fragments, nous fait prendre conscience de notre propre fragilité et la métaphore de la femme arbre souligne notre connexion au vivant.
Une belle lecture
Alerte beauté !
Un arbre à l’œil bois de fer bois clair bois la chair goulue craquelle sauvage et enlace. Peut-on ressusciter végétal ?
J’entoure de ma langue l’écorce et murmure la vision étoilée s’étiole sur ton corps des milliers de rainures explose vain.
Une splendeur mélange de don de soi de recherche écologie mêlés corps aux végétaux l’un dans l’autre l’un sur l’autre.
Une pierre à l’intérieur pèse d’injonctions, bientôt les racines s’étendront sur les mots, un soutien à l’âme de celui qui devient arbre, une allégorie viscères encordées.
Et puis la fin, puisque tout prend fin, en espérant le devenir "outil qui résiste à l’usure" "impossible à fendre" en combat face oubli.
L’âge en cerne débité le cœur dur l autrice plonge avec force et délice dans les sous bassement terre.
Pour pousser plus autour du devenir écorce :
Un hybride :
Comment je suis devenue un arbre de Sumana Roy
De la poésie pour enfants mais pas que :
L'arbre m'a dit de Jean-Pierre Siméon
Ces gens qui sont des arbres de David Dumortier
« Bois de fer » résistance-écorce, Mireille Gagné vacille, se fissure. Ses jours déracinés après les tempêtes intérieures à cris et à pensées.
Mireille Gagné écrit l’ombre du végétal, le furtif d’un bourgeon qui éclot prêt à accorder la guérison plausible.
Elle marche dans la clairière des mots-mousse. Le monde médical comme oreiller, le versant-vie mis à rude épreuve.
Bois de fer, « je voudrais tant devenir l’arbre miniature qui vient d’être planté chez les voisins pour remplacer celui qui faisait relever les bardeaux du toit...Parfois la jeune fille vient lui parler au retour de l’école. Que lui confie-t-elle ? »
L’écriture végétale est liante, spéculative, attendue jusqu’à la dernière feuille qui refuse la chute. Les paraboles sont signifiantes. « Les séismes s’enchaînent les uns après les autres. C’est peut-être dû au fait que je pousse sur du roc. »
Femme-arbre, confondue dans l’orée des bois, qui cherche de toutes ses forces et convictions l’orientation de ses regards-mêmes. Intuitive et dévouée, confiante, elle pressent ici, la fin de la chute d’Icare. Le berceau qui couronnera sa renaissance.
« Il faut garder espoir qu’une partie de soi puisse être sauvée. »
la transaction est noble, écologique et poétique. Les fragments comme des morceaux d’étoiles accrochés aux branches invisibles. Elle quête et écoute. Dans les bois endormis qui craquent dans leur sommeil et répondent à Mireille Gagné, l’écho de ce qui persistera toujours.
« Leurs souches continuent de s’abreuver en nutriments et en eau grâce à leurs voisins. »
« Bois de fer » dont la dernière page ouvre la voie, l’essence de fer salvatrice : L’Ostryer de Virginie. Cet écrin poétique est la Canopée. Intime et vaste, lumineux et essentiel. Le miracle du bois avec un B majuscule qui révèle le monde. Publié par les majeures éditions La Peuplade.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...