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La lutte pour le territoire peut être belle. Riopelle y met tout son coeur, tout son art, contribue au Bivouac en plein bois comme à une dernière chance de sauver à la fois Gros Pin et une humanité en déroute. Pendant ce temps, à la Ferme Orléane, Anouk et Raph s'y attellent les deux mains dans la terre, portées par la possibilité d'une agriculture et d'un vivre-ensemble révolutionnaires... ainsi que la promesse de suffisamment de conserves pour retourner passer l'hiver au chaud dans leur tanière.
Mais là où certains voient une Nature alliée à protéger, d'autres voient une ressource à exploiter. Jusqu'à ce que le bois grince, que la terre craque.
Je divague. Un arbre me parle. Je pique vers lui, un hêtre de mon âge, pour flatter son écorce lisse. Toucher du bois. Mes bras sont raides comme des bâtons de ski. Je fais une prière tacite. Forêt, aide-moi.
Ce texte est le troisième d'une série et je n'avais pas lu les deux premiers. Mais cela ne gâche pas du tout la lecture et m'a donné envie de lire les précédents.
Bivouac, sa définition est un campement provisoire en plein air d'une troupe, d'une expédition.
L'opération "bivouac" de ce roman est une opération d'occupation d'une forêt face à de grosses entreprises d'extraction de gaz dans les forêts canadiennes.
La première partie décrit la fuite de Riopelle ou Robin. Il va traverser la frontière et va être hébergé dans le Maine américain. dans une sorte de lieu de formation de écoterroristes pour mener la fameuse opération bivouac. Mais il a toujours l'espoir de retrouver l'amour de sa vie, Anouk, qu'il a dû quitter. Nous la découvrons dans la seconde partie, avec sa nouvelle compagne, Raphaëlle. Ces deux jeunes filles ont vécu l'hiver dans la forêt, dans une yourte avec leurs chiens de traîneau. Elles vont aller travailler dans une ferme alternative, mais la vie n'est pas si simple.
Un texte très romanesque, avec des portraits très justes, touchants et de belles pages de paysages, de forêts, de combats écologiques.
Ce texte fait écho à une autre lecture, qui décrivait une ZAD, un bivouac, "le grand contournement" de Alexis Anne Brun.
Ce texte avec de savoureuses expressions québécoises (avec un lexique en fin de volume) est un bel hommage aux défenseurs de notre planète et des derniers endroits sauvages de notre planète en danger.
#Bivouac #NetGalleyFrance
Le fait que ce livre soit un 3ème tome ne m’a pas vraiment gênée, quelques rappels fait par Riopelle ont suffi pour que je comprenne.
Il est activiste écologique, il défend les forêts ancestrales au Canada contre les grands groupes qui veulent faire passer un pipeline et exploiter les arbres en faisant coupe nette. En fuite après leur dernière action musclée, il rejoint un camp afin de se préparer pour la suivante.
Une organisation quasi militaire, une préparation longue où ils doivent connaître tous les aspects des sociétés qu’ils vont combattre, leurs moyens et leurs fonctionnements.
Plus d’un an se passe et nous rencontrons Raphaëlle et Anouk qui vivent dans une yourte et partent dans une ferme communautaire pour faire le plein de conserves pour l’hiver. Bien que très intéressante, la partie gestion humaine et technique de la ferme communautaire m’a semblé très éloignée de la notion du bivouac contestataire, même si le couple va s’y rendre.
L’installation et le fonctionnement du bivouac n’a pas été très explicité à mon goût et je regrette que, comme plus de la moitié précédente du livre, l’accent soit mis sur les histoires d’amour et plus si affinités d’Anouk et Raph puis Riopelle ! Autant de pages pour les tourments d’Anouk m’ont semblées interminables et ce jusqu’à la fin !
Même si elles sont les victimes de leur lutte pour la sauvegarde de la forêt, je ne vois pas l’intérêt de mettre autant de romance, même avec l’accent fleuri du Québec, dans un livre qui m'a semblé se présenter comme un porte-parole de l’activisme et de la résistance écologiques !
#Bivouac #NetGalleyFrance
Le combat des activistes canadiens continue
Après Encabanée et Sauvagines, Gabrielle Filteau-Chiba poursuit son engagement en faveur de la préservation de la forêt canadienne. Un combat contre la construction d'un oléoduc qui va virer au drame.
Nous avions découvert Gabrielle Filteau-Chiba avec son saisissant premier roman, Encabanée, qui retraçait le choix fait par la narratrice de passer un hiver en autarcie dans la forêt canadienne. C’est là qu’elle avait croisé pour la première fois le militant écologiste Riopelle. Puis dans Sauvagines, elle a suivi le combat de Raphaëlle, agente de protection de la faune dans le haut-pays de Kamouraska. C’est dans ce second épisode qu’elle tombait amoureuse d’Anouk.
Avec Bivouac, le troisième volet de cette trilogie sur les combats écologiques – mais qui peut fort bien se lire indépendamment des deux premiers romans – elle choisit le roman choral qui va donner la parole à tous ces personnages, servis par une plume acérée.
Les premières pages retracent la fuite de Riopelle, le surnom de Robin. Il part chercher refuge dans le Maine à travers la forêt et le froid. Opposé à la construction d'un oléoduc qui dénature la forêt, il a bien essayé les recours juridiques, mais ils n’ont pas abouti ou ont été enterrés dans des procédures administratives, si bien qu’avec ses amis, il ne lui restait plus qu’à s’attaquer aux engins de chantier. Traqué par la police, il va réussir à rejoindre le refuge américain qui sert de base arrière aux militants. C’est là qu’il entreprend, avec ses pairs, de parfaire sa formation et ses connaissances en écologie et en droit de l'environnement avant de poursuivre le combat et de lancer l'opération Bivouac.
Après cette première partie, entre roman d'aventure et d'espionnage, on retrouve Anouk et Raphaëlle. Les deux amoureuses ont passé l'hiver dans leur yourte avec leurs chiens de traîneau, mais doivent désormais songer à refaire le plein de vivres. Anouk, qui doit céder à un ami une partie des chiens, ne voit pas d’un très bon œil le voyage jusqu’à une ferme communautaire, mais elle suit Raphaëlle. En se promettant de revenir au plus vite.
À la ferme Orléane, le travail ne manque pas et elles vont très vite trouver leurs marques. Mais des dissensions vont commencer à se faire jour, notamment après la perte accidentelle d'un veau et la constatation que tout le troupeau souffre.
Le retour va alors s'accélérer, avec le projet de démolir la cabane existante pour en ériger une plus solide et plus confortable.
Tous les acteurs vont donc finir par se retrouver au Haut-Kamouraska pour mener le combat contre ceux qui abattent les arbres et mettent en péril la biodiversité et accroissent le dérèglement climatique. Une confrontation qui va virer au drame et voiler de noir ce nouveau chapitre d'une lutte à armes inégales.
En fière représentante de la littérature québécoise, Gabrielle Filteau-Chiba continue à nous régaler avec sa langue imagée et ses expressions que le contexte permet de deviner. Remercions donc l’éditeur d’avoir fait le choix de ne pas «franciser» le texte, ce qui nous permet de savourer, par exemple, cette belle volée de bois vert: «Les hosties d’enfants de chienne de mangeurs de tofu du câlisse... M’as les gargariser à l’eau de Javel pis les faire regarder pendant que je rase toute le bois deboutte.»
(Ajoutons qu’un glossaire en fin de volume permet de déchiffrer ces insultes ainsi que tous les mots québécois).
Reste ce combat désormais mené en groupe, servi par le lyrisme de la romancière. Elle nous tout à la fois prendre conscience des dangers qui menacent sans occulter pour autant les contradictions des écologistes. Mais c’est justement cette absence de manichéisme qui fait la force de ce livre, dont on se réjouit déjà de l’adaptation cinématographique, car les droits des trois volumes ont été achetés par un producteur.
https://urlz.fr/l8kT
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