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Dans l'Écosse superstitieuse du XVIIIe siècle, Sarah, une jeune fille de quatorze ans traquée pour sorcellerie, est secourue par le pasteur du village. Ils prennent la fuite à travers la forêt mais sont rapidement pris en chasse.
Après avoir épousé un vétéran de la Seconde Guerre mondiale père de deux enfants, Ruth part s'installer sur la côte écossaise, au bord de la mer du Nord. Dans sa grande demeure, face à l'îlot de Bass Rock et à ses colonies de fous de Bassan, le bonheur semble à portée de main, et pourtant... Les voyages d'affaires de son mari se font de plus en plus fréquents, et l'étrange présence qu'elle perçoit dans la maison ne fait qu'accentuer son malaise.
Six décennies plus tard, Viviane, une quadra londonienne un peu paumée, retourne dans la maison de vacances de son enfance. Tandis qu'elle y dresse l'inventaire des biens de son aïeule Ruth, des fragments du passé refont surface, éclairant d'un jour nouveau la légende familiale.
Sarah, Ruth, Viviane, un même destin, à travers les années : une vie circonscrite par les désirs des hommes.
Evie Wyld signe ici une saga ensorcelante, peuplée d'esprits et de fantômes, sur la masculinité toxique et la solidarité des femmes..
Bass rock est un roman historique contemplative en Écosse, sur une période du XVIIIème siècle à nos jours, entre observation de la folie des hommes et vie des femmes. Plusieurs destins de femmes, Sarah accusé de sorcellerie, Ruth vivant dans une étrange communauté avec un nouveau mari et une nouvelle maison mais aussi Viviane, toutes ont des choix limités mais la solidarité et l'espoir.
Une lecture compulsive, avec des femmes refusant de se soumettre à la violence des hommes.
Une lecture féministe et féroce. Une lecture captivante et fascinante.
"Ce que toi, tu as fait de plus sensé, dans le cadre de l'idiotie suprême qu'est le mariage, c'était de choisir un époux qui n'avait pas de famille élargie. Bien joué, ma puce."
"Pourquoi toutes ces femmes essaient de ressembler à des cerfs éblouis par des phares ? Pourquoi tous ces hommes veulent se donner l'air de rire trop fort en public ?"
Quand une traduction parvient à rendre diaphane la finesse d'une écriture anglaise, donc à la fois audible et intégrée, le parfum qu'on en retire est à la fois si discret et si envoûtant qu'une fois de plus on regretterait de ne pas aimer lire.
Un vent noir souffle sur les côtes déchiquetées du North Berwick en Ecosse.
Le paysage fascinant et troublant des falaises de Bass Rock a le goût des embruns et de la mort. Et quelle étrange coïncidence, je commence ma lecture en apprenant qu’un projet de loi sera déposé cet été au Parlement écossais pour innocenter les milliers de femmes accusées de sorcellerie et condamnées au bûcher entre le XVI et le XVIII ième (en Ecosse mais partout aussi dans l’Europe actuelle). Un féminicide généralisé qui ne dit pas encore son nom.
North Berwick justement. C’est le paysage sauvage, particulièrement déroutant où nous emmène Evie Wyld , c’est aussi le siège malheureux de la première chasse aux sorcières en 1590.
Comme un château hanté sur ces siècles d’histoire, la demeure victorienne des Hamilton est le fantôme d’une lignée de femmes appelées à se soulever des violences domestiques et sexuelles qu’elles subissent.
C’est un roman très fort, il bouscule les repères et les liens du sang pour suivre Ruth après la deuxième guerre mondiale et Viviane aujourd’hui liées toutes deux à la demeure comme Sarah au 18ième siècle.
J’ai beaucoup aimé ces allers-retours abrupts entre passé et présent, qui s’entrechoquent et bravent les années et les siècles à n’en plus savoir où l’on est et qui parle.
Un roman choral mais qui parle d’une seul voix de la farouche ardeur des femmes à dire non, à faire valoir leurs choix malgré les risques d’enfermement et de de mort, à se défaire d’une culture qui pèse sur leurs épaules de génération en génération comme le lot des « chatouilles ». Un héritage que les femmes ne veulent plus transmettre.
Un roman hanté par le sort des femmes. Il parle des femmes sorcières d’aujourd’hui dans le sens noble du terme mais il n’est pas contre les hommes pour preuve les beaux portraits de Michaël et de Christopher. Christopher est le seul à pouvoir donner quelques clefs de compréhension et de sagesse en parlant de Ruth à Viviane. Michaël est l’homme qui répare et réconcilie, il est le lien du sang et du cœur, le grand-père de Vanessa.
J’ai vraiment aimé ce roman à la fois gothique et moderne. C’est un mélange diablement attirant par son côte historique ancré dans une maison et par son regard sur la femme d’aujourd’hui dans une mise en scène haletante comme un thriller.
Un roman qui distrait sans oublier la guerre en Ukraine.
Bass Rock, c'est le nom de cet îlot que Ruth aperçoit de la maison en Écosse où elle vient de s'installer avec son mari et les deux garçons de ce dernier.
Dans cette grande et belle demeure, l'avenir parait radieux, bientôt un enfant à eux et peut-être que Ruth pourra oublier le mal-être qui la ronge.
Quelques décennies plus tard, c'est Viviane, quarantenaire tourmentée, qui pose ses bagages le temps de faire le vide dans la maison avant qu'elle soit mise en vente.
Et en parallèle, il y a la fuite de Sarah, adolescente pourchassée pour sorcellerie quelques siècles plus tôt, et protégée par un pasteur et son fils.
Première lecture de l'année et première belle découverte !
J'ai beaucoup aimé l'alternance des voix et des époques, dans cette Écosse impitoyable et pourtant tellement fascinante.
Alors que Ruth et Viviane touchent et émeuvent par leurs fêlures, Sarah, dont l'histoire nous parvient via la voix d'un tiers, reste un mystère.
L'univers d'Evie Wyld m'a conquise et j'espère retrouver cette atmosphère dans ses autres romans que je vais m'empresser de lire.
J’ai été fascinée par cette plume que je découvre.
En Ecosse, entre Sarah soupçonnée de sorcellerie et marquée au XVIIèmle siècle, Ruth veuve de la première guerre mondiale mariée à Peter complètement pris par son travail et Viviane dans les années 2000, l’autrice crée un lien qui nous fait voyager dans le temps, maintient une atmosphère mystique entre réalité et rêve.
Ruth est une jeune femme déstaibilisée par l’environnement dans lequel elle a emménagé avec son nouveau mari. Elle perçoit parfois une présence dans la maison et ne se sent pas à l’aise avec le voisinage. C’est un personnage solitaire magnifiquement construit.
Viviane retourne dans cette même maison, qui a été celle de son enfance. C’est un personnage complètement paumé, une anti-héroïne comme j’aime.
Ruth et Viviane, deux femmes d’époques éloignées m’ont profondément touchées. L’autrice accorde une place particulière à la nature et la sublime grâce à sa plume, nous plongeant dans une atmosphère finement construite parfois inquiétante et sombre parfois apaisante.
En suivant Viviane, on en apprend aussi plus sur Ruth. J’aime beaucoup ces constructions entre passé et présent, voir une autre partie de l’histoire d’un personnage avec un autre.
Trois femmes qui se démènent à leur époque entre lesquelles l'autrice construit des liens, une continuité. J’ai été totalement emportée par cette plume que je ne fais que découvrir. Evie Wyld maintient parfaitement le lecteur en immersion dans les lieux et dans la tête de ses personnages.
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