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États-Unis, côte Est, non loin de Nantucket. Marlon et sa soeur Joan viennent d'enterrer leurs parents, morts dans un accident de voiture. Ils doivent maintenant se débrouiller seuls de la maison, des souvenirs qui la peuplent, et apprendre à vivre ensemble, eux qui n'ont jamais cohabité.
Quand surgit Howard, vieil ami de la famille, qui cherche à les convaincre d'entreprendre de mystérieuses fouilles dans la cave. Il veut être, en réalité, le premier à mettre la main sur le magot de près d'un million de dollars caché par les parents.
L'intrusion ne plait pas du tout à John, le Sheriff de la ville, qui vient proposer son aide. Mais Howard est tenace et s'en débarrasser va s'avérer bien plus difficile que prévu.
Pas évident, dans ces conditions, de faire son deuil...
Cet ouvrage va un peu plus loin dans le désenchantement, en apparence seulement.
Djian se joue de notre époque dingue et nous embarque dans sa folie.
Tout ce qui est posé est savamment dosé, dans le genre “ je ne prends pas de gants”.
Les êtres sont offerts crus, à l’envers de ce que la société les donne à voir.
C’est vrai que des fois, dans la vie aussi, ça part en vrille, de façon voyante, bruyante mais on fait semblant de ne pas voir, d'entendre, et on passe à autre chose " à la vitesse grand V".
Djian met la part sombre en lumière.
Dans ce livre, les codes posés de la classe sociale, de l’argent qu’on a ou pas ( qu’importe comment on le gagne ) structurent les êtres jusque dans leur intimité. Chacun des personnages, de ce qu’il est et fait, ne peut que batailler à juste vivre dans le monde d’aujourd’hui, sans espérance, sans repère familial, religieux ou moral de la désillusion assumée quant au genre humain.
Vivre, c’est faire avec le fait d’être en vie, pas plus.
Des phrases sur le temps, les paysages, les espaces, les êtres comme si vous y étiez, comme si vous les voyiez.
Des situations improbables qui se succèdent et tiennent incroyablement la route pourtant.
Le style précis, incisif et sans concession à l’histoire rend le tout cohérent et haletant.
On vit les événements comme part sombre des êtres explorée, au coeur même de l’histoire qui se déploie inexorablement.
Toujours, le pire est à venir et c’est balancé tel quel à la tête du lecteur comme une grosse baffe inattendue.
On se doute bien que ça ne va pas rigoler du malaise qui croît de ce que vivent les personnages.
Mais le lecteur, lui se régale de ce que c’est bon la liberté d’écrire qu'a cet auteur.
Avant, Djian, c’était comme un regard à la fois lucide, fouillé et poétique sur ce que c’est que de vivre à notre époque.
Maintenant, Djian, c’est montrer que tout fout le camp, qu’il n'est pas lieu d’espérer, ni même de désespérer de quoique ce soit, qu'il faudrait arrêter avec l'idée que tout ne pourrait qu'aller mieux, puisque rien ne va dans ce sens là.
Lire Djian, au présent de la publication, c'est toujours le bon moment.
Le relire plus tard, c’est s’engouffrer à nouveau dans un univers, avec délectation.
Fan de longue date de Philippe Djian, je crois que je commence à me lasser de recettes éprouvées et répétitives : des personnages englués dans une vie sans bonheur, sans avenir, ambivalents, des situations glauques et malsaines , aucun optimisme, une fin dramatique; je me lasse également des dialogues dans lesquels on ne sait pas qui parle, de situations dont on ne sait pas si elles sont dans le présent ou le passé, du temps nécessaire, de plus en plus long, pour comprendre l'interaction entre les personnages.
J'ai malgré tout apprécié ce roman qui réunit pourtant toutes ces caractéristiques comme une habituée qui a du mal à se séparer de ses habitudes mais une distance s'est installée qui m'a empêchée de m'immerger dans le monde saumâtre de Philippe Djian.
Encore un excellent roman de Philippe Djian. Cela devient une habitude même si dans la prolixe production de cet auteur certains opus ont été parfois inégaux. Mais depuis quelques années, la veine est remarquable et ne se tarit pas. La famille, les rapports frère-soeur, l'incommunicabilité, la violence et le sexe, ambiance polar US mais pas trop, tous les ingrédients habituels sont là dans ce roman à la fois beau et fort. Pratiquement pas chapitré, le flot de l'histoire nous emporte et il ne nous reste qu'à suivre des personnages cadrés serrés, les aimer ou les craindre. Le rebondissement ou la surprise ne sont jamais loin. Une chronique bostonienne menée de main de maître. Inutile de dire que le cinéma ne restera pas longtemps sans s'intéresser à elle.
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